Test blu-ray
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Joe, c'est aussi l'Amérique

BLU-RAY - Région B
ESC Editions
Parution : 24 juillet 2024

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Une sortie plutôt originale que ce Joe, c'est aussi l'Amérique, que Quentin Tarantino qualifiait de "véritable baril de poudre" et "sauvagement féroce" dans ses Cinéma Spéculations, en 2022, et qu'ESC sort aujourd'hui en Blu-ray en France, pour la première fois depuis l'époque de la VHS. L'éditeur reprend le même master (MGM) sorti en 2018 aux États-Unis, chez Olive Films. Il s'agit d'une restauration 2K de qualité tout à fait honorable, malgré quelques faiblesses accentuées par la source utilisée. En effet, il paraît évident que le négatif original n'a pas été utilisé dans son entièreté, mais qu'il fût complété par une source secondaire de génération légèrement inférieure. Cela occasionne une alternance de plans plutôt bien définis, au niveau de détail appréciable mais jamais vraiment marquant, avec d'autres plus doux. Sans oublier de fréquentes erreurs de mise au point. Le grain argentique est respecté, encore un peu discret mais bien présent - sans souci d'encodage majeur. L'étalonnage est légèrement moderniste, délaissant des tonalités purement argentiques pour se caler davantage dans un univers plus "vidéo" : les peaux sont rosées, la patine est un peu neutre. Les contrastes ne sont pas très poussés et l'ensemble peine quand même à se démarquer de sa facture originelle, avec sa photographie un peu plate. La copie est plutôt stable et globalement propre : le nettoyage numérique a sans doute été très sommaire, au profit d'un lifting préalable et plus efficace de la pellicule. Des conditions de visionnage en tout cas satisfaisantes pour un film culte aux États-Unis, et très rare dans nos contrées.

Son

Tributaire d'une production très modeste, la partie sonore de Joe, c'est aussi l'Amérique conserve une facture très simple, naturaliste sans effets marquants. Malgré une dynamique retenue et des graves parfois en retrait, la prise de son reste correcte, offrant une présence honorable des voix et un environnement palpable. On notera quelques sifflantes, dans un ensemble très bien nettoyé, sans souffle résiduel gênant.
Saluons la présence de la version française d'époque, très marquée dans les mediums (agressifs), avec un rendu des voix parfois artificiel. La piste est propre, avec un souffle aussi discret qu'en VO. Le film étant sorti en France dans un montage plus court, cette version française inclue en VO sous-titrée les passages jamais doublés.

Suppléments

Joe, c'est aussi l'Amérique par Jean-Baptiste Thoret (47 min - HD)
Qui mieux que le critique et historien, grand spécialiste du cinéma américain des années 70, pour évoquer le méconnu Joe, c’est aussi l’Amérique, "phénomène de la pop culture" et énorme succès à sa sortie. Le film sera surtout le précurseur culte du vigilante movie (et film matrice de Taxi Driver ou Hardcore), produit d’une époque en réponse à la contre-culture dominante, matricé sur le western comme une "version pathologique et déformée de l’idéologie de la Frontière". Jean-Baptiste Thoret raconte comment le scénario a su capter l’air du temps, lorsque deux drames survenus en 1970 ont influencé l’écriture, et évoque la fin originellement prévue ainsi que la suite, pressentie un temps mais jamais concrétisée, dans un New York décadent. Il analyse le film et le personnage de Joe, sorte de porte-voix de la "majorité silencieuse" dont les paroles sont en fait des refoulés bruts des discours de Nixon. Loin d’opposer les deux camps, Joe c’est aussi l’Amérique montre que "tout le monde est victime", le réalisateur ne jugeant ni riant des rednecks habituellement moqués (Easy Rider). À travers l’alliance entre Bill et Joe, le film décrit ce qui rassemble deux types d’américains que tout oppose, dans une "conversation possible".

Bande-annonce (3min 08s - SD avec upscale - VOSTF)

Joe, c'est aussi l'Amérique est enfin accompagné de La Haine en bandoulière, un livret de 24 pages signé du journaliste Marc Toullec, fidèle collaborateur d’ESC. L’ancien rédacteur en chef de Mad Movies revient sur cette "satire féroce de l’american way of life" qui a marqué son temps, à travers de nombreuses anecdotes très complémentaires aux propos de Jean-Baptiste Thoret, issues d’interviews du réalisateur. Marc Toullec résume les parcours du scénariste Norman Wexler et de John G. Avildsen, rencontrés dans une agence publicitaire, parle des origines du scénario, produit "par accident, par dépit" et au lance-pierre par la Cannon (époque pré-Golan/Globus), et présente une partie de l’équipe (dont l’assistant-réalisateur Lloyd Kaufman, futur créateur de la société Troma), s'arrêtant notamment sur la distribution avec le premier rôle de Susan Sarandon, choisie alors qu’elle accompagnait son mari Chris au casting, ou le premier choix de Lawrence Tierney, d’abord pressenti mais trop instable au point qu’il fera de la prison quelques jours avant le tournage. Marc Toullec raconte le "recadrage" du montage par Williams Sachs, qui a resserré le récit sans véritable aval du réalisateur, le succès surprise au box-office, car sorti au bon moment, ou la tentation d’une suite.

En savoir plus

Taille du Disque: 37 573 075 651 bytes
Taille du Film : 28 742 559 744 bytes
Durée : 1:47:05.877
Total Bitrate: 35,78 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,97 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29977 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1817 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1916 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 26,329 kbps
Subtitle: French / 1,023 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 9 septembre 2024