
L'Homme de Rio
BLU-RAY - Région B
Coin de mire cinéma
Parution : 23 mars 2024
Image
L'éditeur Coin de mire revient en proposant une double salve Jean-Paul Belmondo et surtout en franchissant le pas de l'Ultra HD, ce qui nous permet de pouvoir enfin profiter de la nouvelle restauration 4K de L'Homme de Rio, effectuée en 2022 à partir du négatif original par le laboratoire Hiventy (qui a depuis intégré le groupe TransPerfect). Le Blu-ray UHD permet de visionner le film en utilisant les procédés HDR10+ et Dolby Vision. Le nouveau scan offre un peu plus d'informations dans l'image et, sans surprise, le gain en définition est probant par rapport à la restauration précédente, avec une finesse très agréable et un très bon niveau de détail, évidemment encore plus accentués sur le disque UHD. La copie est toujours stable, totalement nettoyée ; les contrastes nous ont semblé équilibrés, même si un peu bouchés (comme sur la copie précédente, une caractéristique de la pellicule). Le grain argentique est parfaitement restitué sur le Blu-ray UHD, fin et sans filtrage, de manière naturelle et très organique. On n'en dira pas autant du rendu sur le Blu-ray HD où l'encodage mal paramétré montre pas mal de signes de faiblesse, laissant apparaître une compression cyclique qui gomme sporadiquement une partie des plus petits détails de l'image, attaquant notamment des textures (vêtements, aplats, etc.) ou le grain, qui est ici très peu restitué de manière optimale, laissant souvent une infime impression de lissage.
Évoquons enfin le nouvel étalonnage de cette restauration 4K, assez différent de celui que l'on connaissait depuis une dizaine d'années. La précédente édition du film, en 2013 chez TF1 vidéo, proposait une restauration visiblement en 2K, au rendu vintage avec des tonalités photochimiques plus naturelles et assumées, sans doute aussi un peu ternes en comparaison, mais en même temps plus cohérentes avec une photographie des années 60. Il y avait notamment cette légère tonalité jaune-vert typiquement photochimique, une sorte de voile qu'Hiventy a aujourd'hui choisi de supprimer sans doute trop drastiquement. Cela a pour effet de renforcer l'impression d'une modernisation de la photographie, en la rapprochant des goûts actuels tout en provoquant quelques dommages collatéraux supplémentaires : si les blancs sont désormais plus purs (et mieux détaillés), le rendu général semble plus froid, avec des remontées plus ou moins violentes du magenta dans l'image, comme certaines tonalités (dans les gris ou les marrons) qui ont désormais des infimes nuances de rouge, ou les visages qui sont parfois bien rosés. Comme le montre certaines images du comparatif ci-dessous, on pourra aussi évoquer quelques libertés prises avec les scènes de crépuscule ou de nuit, aujourd'hui, très accentuées, à l'apparence certes agréable et réalistes mais un brin fantaisiste si l'on pense au simple respect de l'oeuvre (ou aux choix précédents, qui n'ont pas été faits par hasard). Car c'est surtout là que réside le dilemme : le nouvel étalonnage, loin d'être déshonorant, car il est même bien au contraire assez séduisant, bien saturé, très efficace et plutôt impressionnant... ne correspond cependant pas à un film sorti dans les années 60. Hiventy aurait dû davantage appuyer sur le frein du révisionnisme et faire un entre-deux par rapport à l'image de 2013. Cela s'est déjà vu ailleurs et aurait tout de même été plus cohérent avec l'époque de production. Souvenons-nous qu'il y a 20 ans, on boostait les images pour permettre au DVD d'avoir des rendus clinquants et modernes. A suivi une grosse décennie d'accalmie, dans les années 2010, où un plus grand respect de l'oeuvre semblait alors évident. Or, nous voilà visiblement reparti dans un nouvel élan, plus incontrôlé et mondial (cf. le récent test du coffret Ozu ou certaines sorties américaines), où chacun fait un peu comme bon lui semble, du moment que la belle image séduit le public et ne le choque pas, voire le conforte dans les performances de son équipement domestique. Malheureusement, peut-être au détriment de l'oeuvre première...
comparatif Blu-ray TF1 vidéo (2013) vs. Blu-ray Coin de Mire (2024) :
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Son
Reprise ici de la très bonne restauration sonore, éditée sur le disque TF1 vidéo en 2013, et effectuée à partir du négatif son français. Tourné sans prise de son direct, entièrement post-synchronisé, L'Homme de Rio aurait pu être sagement restauré dans son mono d'origine... si Stéphane le Rouge, éminent spécialiste de la musique de films, n'avait réussi à mettre la main sur les enregistrements stéréo originaux qui avaient été utilisés pour le 33t d'époque. Cette piste son a donc été minutieusement reconstruite en mêlant les éléments mono d'origine et les bandes musicales stéréo, pour un résultat tout à fait convaincant et d'une belle pureté. On notera une dynamique générale très appréciable, bénéficiant d'une ouverture palpable et bien équilibrée avec les ambiances, et d'une présence efficace des voix, aux mediums peu agressifs. La piste est dénuée de traces d'usure marquées : il reste parfois des débuts de sifflantes, bien maîtrisées, mais aucune saturations disgracieuses, ni de souffle.
Suppléments
Contraint d'abandonner le traditionnel digibook, l'affiche et les cartes postales afin de maintenir un prix de vente abordable (merci l'inflation des matières premières), et tout en conservant la charte graphique de la collection, Coin de mire propose désormais le combo Blu-ray-UHD dans un écrin toujours soigné mais plus classique, à savoir un digipack 2 volets inclus dans un fourreau cartonné, le tout tiré à 3000 exemplaires. Les disques sont accompagnés d'un livret intérieur de 10 pages reprenant le dossier de presse d'époque.
L'idée de la collection Coin de Mire est de proposer une séance "à l'ancienne", en permettant de visionner L'Homme de Rio tel qu'il pouvait être présenté dans les salles à l'époque, avec un avant-programme d'une durée totale de 25min - un peu dans le style de La Dernière séance sur FR3, mais sans le dessin animé. On peut ainsi choisir de visionner le film directement ou en l'incluant dans une "séance complète" comprenant :
Actualités Pathé d'époque (13min - HD)
Avec notamment un almanach humoristique du mois de février, l'anniversaire des 10 ans de la bataille de Dien Bien Phû, la reconnaissance diplomatique de la Chine par la France, les pompiers hongkongais face à une sécheresse intense, la fabrication du "colosse de l'air" VC10 en Angleterre, le lancement de la mission Saturn 1, "la plus grosse fusée du monde", ou les Jeux Olympiques d'Insbruck, en Suisse, entre les enneigeurs de piste, les fêtes, la jet set et le succès des soeurs Guetschel, "un phénomène unique dans l'histoire du sport"...
Réclames publicitaires d'époque (9 min - HD)
Un florilège des publicités (parfois locales) que l'on pouvait voir à l'époque dans les salles pour les bonbons Kréma, les glaces Miko, le "soda fantastique" Fanta, les bouillons de pot au feu Maggi, le magasin La ville de Roubaix... à Dijon, "consacré à l'élégance masculine", une démonstration de l'efficacité du stylo Bic avec une célèbre patineuse, la Peugeot 404 à injection, l'apéritif Ambassadeur, les montres Kelton, ou la nouvelle gamme d'appareils audio Philips.
Bande-annonce originale (2min 53s - HD)
Ces suppléments sont aussi visibles séparément, via le menu "Bonus". Coin de Mire accompagne également le film de plusieurs autres compléments :
Banco à Rio pour Belmondo (37 min - HD)
Spécialement produit pour cette édition, un module comme toujours très agréable à suivre grâce sympathique Julien Comelli, qui revient sur le parcours de Philippe de Broca et son Homme de Rio, dont l’idée a germé pendant la promotion de Cartouche au Brésil. Il évoque l'écriture à 8 mains "extrêmement laborieuse" à partir d’influences plus ou moins évidentes, de Mr Arkadin d’Orson Welles à Hergé et son Tintin, dont De Broca s’approprie les codes tout en s’en distanciant. Le réalisateur y joue avec la personnalité de Jean-Paul Belmondo, qu’il retrouvait, l’associant à une "emmerdeuse sublime" interprétée par Françoise Dorléac, qu'il dût insister pour avoir dans son film. Julien Comelli partage de nombreuses anecdotes sur L'Homme de Rio, raconte le tournage à Brasilia, nouvelle capitale du Brésil alors en pleine construction, ou évoque les décès accidentels du cascadeur Gilles Delamare et Françoise Dorléac, quelques années plus tard. Il revient sur la carrière américaine du film, qui fût nommé aux Oscars, adoré par la famille de l'homme politique Robert Kennedy, et vu par un certain Steven Spielberg qui s’en inspira sans doute pour le premier Indiana Jones. Il commente la suite (inégale) de la collaboration entre Belmondo et De Broca, ponctuée par la fameuse réussite du Magnifique, une association qui rappelle celle entre Belmondo et Georges Lautner au mitan des années 80, qui marqua la fin de 20 ans de réussite du cinéma populaire français. Un module agréable mais, il faut bien l'avouer, très redondant avec le contenu du supplément suivant dont il reprend la majorité des informations...
Les aventures d'Adrien : l'affaire catalan (63 min - HD)
Premier des trois suppléments (de choix) signés Jérôme Wybon, repris de l'édition TF1 vidéo de 2013, cet excellent documentaire retrace sur plus d’une heure l’aventure de L’Homme de Rio qui a confirmé le passage de Philippe de Broca d’un esprit Nouvelle Vague à un "cinéma spectacle". Les co-scénaristes Jean-Paul Rappeneau et Ariane Mnouchkine, plusieurs membres de l’équipe de tournage et deux spécialistes du cinéma français reviennent sur les coulisses de ce quasi "film de copains", avouant notamment l’écriture difficile d’"une comédie plutôt sombre" qui a abouti à un scénario "vissé, même dans sa fantaisie", notamment grâce à la participation de l’indispensable Daniel Boulanger et son "génie" des dialogues. On évoque, entre autres anecdotes, les nombreux emprunts à l’esprit de Tintin, "l’entente instinctive" entre De Broca et Jean-Paul Belmondo, ses débuts de cascadeur grâce à Gilles Delamare, le tournage au Brésil où le producteur Georges Danciger n’hésitait pas à mettre la main à la pâte... Un module indispensable et très complet, agrémenté de quelques archives rares.
Frères de cinéma (10 min - HD)
Quelques anecdotes supplémentaires de Jean-Paul Rappeneau sur sa proximité avec Philippe de Broca, leur grande amitié formant "un vieux couple" de comédie qui travaillait "dans les éclats de rire". Rappeneau revient sur quelques anecdotes des films de De Broca auxquels il a participé sans être crédité, et avoue une influence réciproque (et aujourd'hui évidente) entre leurs projets, les deux amis continuant à se voler des idées jusqu'à parfois frôler la concurrence déloyale (De Broca préparait un Cyrano en même temps que Rappeneau).
Léger et grave (13 min - HD)
L'éminent spécialiste de la musique de films Stéphane Lerouge évoque la fructueuse collaboration entre Philippe De Broca et Georges Delerue entre 1959 et 1987, expliquant comment les bulles de savons imaginées par le cinéaste gagnaient en profondeur grâce au travail raffiné et "très français" du compositeur. Selon lui, grâce son travail avec les jeunes loups de la Nouvelle Vague, Georges Delerue a apporté aux films de De Broca "un autre type de cinéma". Stéphane Lerouge analyse la musique de L’Homme de Rio, "écrite à l’image" et au premier degré, et explique comment il a retrouvé les bandes stéréo de la musique, qu’il a pu intégrer dans un nouveau mixage en "jouant au puzzle", pour redonner au son la même ampleur que l’image. Le tout est agrémenté d’une très belle archive où Philippe De Broca demande à Georges Delerue d’improviser la musique de son prochain projet, L’Africain.
On trouve également plusieurs bandes-annonces (en HD) des sorties de la collection Coin de Mire : La Chasse à l'homme (3min 06s) Les Amants de Bras Mort (3min 01s), Sois belle et tais-toi (3min 15s), Classe tous risques (2min 49s), Cerf volant du bout du monde (3min 42s), Une Robe noire pour un tueur (2min 29s) et La Loi c'est la loi (3min 12).
En savoir plus
Blu-ray HD
Taille du Disque : 47 580 816 394 bytes
Taille du Film : 21 810 382 848 bytes
Durée : 1:56:11.166
Total Bitrate: 25,03 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 21,82 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 21828 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1602 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 192 kbps
Subtitle: French / 19,015 kbps