Test blu-ray
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L'Homme qui voulait savoir

BLU-RAY - Région B
Sidonis / Calysta
Parution : 7 juin 2024

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Thriller réputé mais encore trop méconnu, malgré son remake américain de 1993, L'Homme qui voulait savoir est aujourd'hui réédité par Sidonis à partir d'une belle restauration 2K menée en 2019 par le Eye Filmmuseum d'Amsterdam, et déjà sortie en Blu-ray en Angleterre et en Allemagne en 2020. Le film avait été upgradé par Criterion en Blu-ray en 2014, avec une restauration à l'étalonnage très discutable. Le disque Sidonis ravira aujourd'hui les amateurs de rendu photochimique, avec des tonalités souvent agréables (notamment en extérieurs), pas toujours naturelles à l'oeil (certaines carnations fortement orangées ou des relents verdâtres, par exemple), mais en tout cas totalement conformes à ce que pouvaient imposer les caractéristiques de pellicules : on évite ainsi toute modernisation artificielle ou ajustement forcé de magenta pour suivre les goûts du public (cf. les extraits de l'ancien master Criterion dans les bonus). La définition est soutenue, les images sont précises et bien détaillées, offrant un vrai confort de visionnage. L'aspect argentique est conservé, avec un beau grain fin et présent, même s'il semble avoir été légèrement tempéré (pour ce Blu-ray ?) alors que le débit vidéo est relativement confortable. Il n'y a pas de souci apparent d'encodage. Les contrastes sont assez bien gérés, plutôt équilibrés. La copie a été stabilisée et nettoyée, même s'il persiste encore de furtives traces de-ci, de-là.

comparatif DVD Carlotta (2008) vs. Blu-ray Sidonis (2024) :
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Son

Le film est proposé dans son mixage audio d'origine, où l'on parle à la fois Néerlandais et Français, restitué de manière très efficace et fidèle, avec peut-être une légère faiblesse dans les basses fréquences. La piste se montre très précise et détaillée, conformément à la prise de son direct, avec un bon équilibre entre les ambiances très présentes et les voix, à la belle présence. L'ensemble a été profondément nettoyé, il ne subsiste pas de traces d'usure ni de souffle.

Suppléments

Sidonis soigne cette nouvelle édition de L'Homme qui voulait savoir en proposant le film dans un Mediabook comprenant le Blu-ray et le DVD, et en l'accompagnant d'un livret de 48 pages, abondamment illustré et écrit par Olivier Père, sous forme de plusieurs petites notules. Le directeur de l'Unité cinéma d'Arte France, L’ancien responsable de programmation à la Cinémathèque Française commence par une analyse de L’Homme qui voulait savoir, "pas un thriller comme les autres", notant les effets de dédoublement et de symétrie d'une "quête obsessionnelle" dans un monde "parsemé de signes à interpréter". Il revient sur le parcours du réalisateur George Sluizer, un "cinéaste sans frontières", "insaisissable et dérangeant", dont le projet maudit Dark Blood, "véritable œuvre testamentaire", est resté inachevé jusqu’en 2013, mais toujours "hanté par la disparition de River Phoenix avant la fin du tournage". Olivier Père évoque également l’auteur Tim Krabbé, frère de l’acteur Jeroen Krabbé et amateur d’échecs dont il aime les règles et les casse-têtes ; les "rôles monolithiques" de Bernard-Pierre Donnadieu, au sein d’une carrière minée par un "caractère ombrageux, intransigeant et colérique" ; la "belle évaporée" Johanna ter Steege qui rend en 11 minute son personnage "inoubliable" ; et l’acteur Gene Bervoets, "figure incontournable du monde du cinéma et de la télévision flamande depuis plus de 40 ans". Le livret contient enfin deux documents inédits : l’évocation de George Sluizer par son épouse Anne, restée dans l’ombre mais pas inactive, qui revient sur leur rencontre, ses nombreux documentaires, les Oscars ou la production de Spoorloss ; et une lettre d’Ingrid à son père Bernard-Pierre Donnadieu, qui ne cache pas la douleur de son absence (le comédien est décédé en 2010) ni sa part d’ombre et de rage, qui pouvait se transformer en violence, et revient sur ses "rôles puissants" et son investissement personnel.

L'Homme qui voulait savoir par Samuel Blumenfeld (37 min - HD)
Journaliste au Monde et plume passionnante, auteur de livres récemment parus sur le cas Depardieu ou "le couple impossible" Delon-Belmondo, Samuel Blumenfeld livre une belle analyse de L’Homme qui voulait savoir, œuvre "sous l’ombre" de Stanley Kubrick, à la grammaire "extrêmement brillante" qui fait interroger chaque image au spectateur. Il relève de nombreux éléments qui font la richesse du film, comme la perte de repère temporel qui accompagne le malaise du héros, la "photo Blow-up" qui développe son obsession, ou la jeune femme "victime désignée" de deux bourreaux potentiels. Il évoque le "très bon" choix de l’actrice Johanna ter Steege, qui faillit jouer plus tard pour Kubrick (dans un projet abandonné), dont la fraîcheur et l’empathie rendent ici "son destin encore plus traumatisant", contrairement à Gene Bervoets, acteur plus "bancal", "qui a du mal à trouver ses marques". Samuel Blumenfeld évoque les débats de casting pour le personnage du psychopathe, avouant que Jean-Louis Trintignant, au départ pressenti, aurait été un "prédateur idéal", même si Bernard-Pierre Donadieu est bon dans sa "violence rentrée", mais dénué du même pouvoir de séduction. Le journaliste évoque le destin du film passé en dehors des radars (il mentionne à peine le remake), malgré une fin "inoubliable" et sans équivalent, qui se joue de la position "déraisonnable" du "spectateur qui voulait savoir", en nous confrontant à sa "dimension malsaine".

Entretien avec George Sluizer (19 min - HD - VOSTF)
Produit pour le Blu-ray Criterion de 2014, un supplément mené par Robert Fischer qui a visiblement inspiré de nombreuses remarques à Samuel Blumenfeld. Le réalisateur de L’Homme qui voulait savoir raconte la genèse du projet, aux côtés du journaliste et romancier Tim Krabbé, avec notamment l’écriture à quatre mains et de nombreux désaccords qui ont enflé jusqu'à la brouille. Il revient sur le choix du casting, Johanna ter Steege choisie parce qu'elle ressemblait à sa fille, ou Gene Bervoets qui sentait les doutes du cinéaste à son encontre. George Sluizer raconte comment il repéra Bernard-Pierre Donadieu, alors figurant sur l’un de ses précédents films, qui était capable de créer un personnage en un seul geste, se souvenant d’un acteur "pas facile", avec "beaucoup de caractère". Il explique l’analogie avec la chimie pour mieux cerner ce personnage "intelligent mais sans conscience", et se souvient d’un tournage où il construisait le suspense au fur et à mesure, insistant sur l’importance des détails, des objets, jouant avec le spectateur sur "le besoin de savoir" puis le "comment". Il raconte enfin comment Spoorloos fût révélé grâce à un festival à Sydney, ou les appels réguliers de Stanley Kubrick qui voulait se faire expliquer les plans du film...


Entretien avec Johanna ter Steege (15 min - HD - VOSTF)
Autre supplément du Blu-ray Criterion, avec l'interprète de Saskia qui évoque essentiellement son travail pour construire un personnage qui devra exister avec très peu de temps de présence à l’écran. Elle raconte son casting pour les deux personnages féminins, sa prise en main du rôle avec un coach, les répétitions avec ses partenaires, ou les méthodes de travail de George Sluizer notamment par l’écriture d’une biographie de son personnage, que le réalisateur voyait comme "un joli papillon" avec "un aspect sombre". Johanna ter Steege explique comment ils ont construit ensemble un "personnage fort" et spontané, analysant également la relation entre Saskia et Rex, un couple intense mais fragile, avec un jeu de pouvoir. Elle raconte un tournage tendu par ses rapports "difficiles" avec Bernard-Pierre Donadieu, une "personnalité très puissante" voire écrasante qui dût être recadrée par le réalisateur...


Bande-annonce originale (1min 33s - HD avec upscale)

En savoir plus

Taille du Disque : 43 884 837 057 bytes
Taille du Film : 26 638 577 664 bytes
Durée : 1:46:01.875
Total Bitrate: 33,50 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,92 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29921 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1870 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 4,259 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 10 juin 2024