Test blu-ray
Image de la jaquette

La Classe ouvrière va au paradis

BLU-RAY - Région B
Tamasa
Parution : 28 février 2025

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Depuis sa sortie en DVD, en 2012 (déjà chez Tamasa), La Classe ouvrière va au paradis a fait l'objet d'une restauration menée par Studio Cine, en 2020, à partir du scan 2K d'un interpositif. Cette restauration avait notamment mené, en 2023, à la sortie d'un Bluray britannique chez Radiance Films. Un comparatif sur captures permet d'assurer que cette édition Tamasa reprend ce master restauré. On peut donc le comparer avec l'ancien DVD.

comparatif DVD Tamasa (2012) vs. Blu-ray Tamasa (2024) :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 

Les différences sont assez flagrantes, au niveau de la définition évidemment, mais aussi et surtout au niveau colorimétrique. Cette nouvelle édition offre un rendu plus réaliste, avec des couleurs moins exacerbées, particulièrement perceptible au niveau des carnations, qui paraissent soudainement très rouges sur le DVD. Les quelques scènes d'intérieur offrent ici un rendu plus sombre, mais le niveau de détails n'est pas altéré.

Le grain est plutôt dense, avec une texture organique qui ne semble pas artificielle.

Il faut tout de même noter que le film propose très peu de plans fixes, use et abuse des effets optiques (notamment le zoom), ce qui induit une qualité de définition ou de stabilité assez variable. 

Son

Une seule piste, en version originale. Comme nous le mentionnions à l'époque dans le test du DVD, il s'agit - en particulier à l'usine - d'un film très sonore, avec une bande-son assez éprouvante, et le rendu est ici suffisamment dynamique pour restituer le sentiment d'oppression qui peut s'emparer du spectateur. Les dialogues, post-synchronisés, sont plutôt bien mixés, de même la partition d'Ennio Morricone.

A noter, dans le cadre d'une collaboration avec la Région Bretagne, que le film est également proposé avec des sous-titres bretons. 

Suppléments

Dans le boîtier, un livret d'une quinzaine de pages, compilation de brefs textes : le premier signé Jean Besson et Geneviève Bibès évoque le contexte politique italien du début des années 70 ; le deuxième parle du cas Fiat ; le troisième, de Danièle Linhart, s'intéresse aux menaces contre les salariés et les droits sociaux en France en 1972 ; la dernière partie est consacrée à Elio Petri, avec notamment un extrait d'entretien mené par Etienne Ballerini

Le principal supplément, sur le disque, est un bon module d'analyse intitulé Petri : de la névrose à la schizophrénie (36' - HD), mené tambour battant par Aurore Renaut, maîtresse de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à l'Institut Européen de Cinéma et d'Audiovisuel. Elle précise dans un premier temps à quel point Elio Petri était un cinéaste "très politisé" (à gauche,) qui se réclamait d'un "néoréalisme à la De Santis", son "maître de cinéma". Elle entame ensuite un parcours plus ou moins chronologique au sein de la filmographie du cinéaste, évoquant L'Assassin, Les Jours comptés ou A chacun son dû, ou surtout Enquête sur un citoyen au dessus de tout soupçon, film qui "initie sa trilogie de la névrose" (poursuivie avec La Classe ouvrière va au paradis et achevée avec La Propriété, c'est plus le vol). Elle insiste sur le fait que Petri voulait mettre en avant la figure de l'ouvrier, assez peu abordée par le cinéma jusqu'alors (si ce n'est dans Les Camarades de Mario Monicelli). Elle lie ensuite, citant les mots d'Elio Petri, la crise ouvrière à "l'impuissance sexuelle", omniprésente dans le film mais, revenant sur la question politique, explique ensuite assez longuement (à partir de 17') pour quelles raisons le film n'a finalement satisfait personne. Elle focalise ensuite son attention sur le style de Petri, cette "pagaille sensorielle" confinant à l' "hyper-néo-réalisme", qui visait à bousculer et faire réagir ses spectateurs par des "oeuvres de combat". Le propos, pédagogue et enthousiaste (un micro en fait les frais, à un moment), est alimenté par d'assez nombreuses anecdotes éclairantes (sur l'usine ayant servi de lieu de tournage ; sur l'intransigeance de Gian Maria Volonte ; sur la réception critique et la Palme d'Or partagée avec L'Affaire Mattéi de Francesco Rosi ; sur la collaboration avec Ennio Morricone...).

Figure également sur le disque une bande-annonce originale (3'30'')

En savoir plus

Taille du Disque : 23 704 893 440 bytes
Taille du Film : 18 416 357 376 bytes
Durée : 1:55:12
Total Bitrate: 21,32 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Italien Dolby Digital Audio / 2.0 / 192 kbps 
Sous-titres : Français, Breton

Par Antoine Royer - le 13 mars 2025