Test blu-ray
Image de la jaquette

Le Député

BLU-RAY - Région B
Artus Films
Parution : 7 mai 2024

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Moins d'un an après son beau coffret Quinqui, Artus Films retrouve Eloy de la Iglesia pour deux de ses meilleurs opus. Nous nous intéressons aujourd'hui à El Diputado, sorti en Blu-ray en juillet dernier aux USA, et bientôt en Espagne (juin 2024). Le film est présenté officiellement comme une "restauration 2K" mais avec une allure qui apparaît bien plus ancienne et surtout dans la même lignée que les films d'Eloy de la Iglesia précédemment proposés par Artus. Ne vous attendez donc pas à une image ciselée et parfaitement restituée mais à un master HD honorable en même temps qu'assez perfectible. La définition se montre souvent correcte, avec quelques faiblesses régulières, dont un niveau de détail peu poussé. Les gros plans font quand même illusion grâce à une patine argentique palpable, un grain présent... mais là aussi régulièrement tempéré : c'est sans doute moins une question d'encodage problématique du Blu-ray que des limitations techniques du matériel utilisé pour la restauration. Au rayon des originalités, on peut par exemple constater une texture qui peut s'épaissir dans les plans de pénombre (scènes de parking par exemple), voire carrément changer au cours d'un même plan (à 53'40s). On remarquera également, toujours dans les plans sombres, un sorte de double niveau de contraste en deux zones presque distinctes, phénomène invisible la plupart du temps (en scènes de jour) et là aussi conséquence d'un scanner ancien et mal paramétré. La colorimétrie est plutôt naturelle, en tout cas cohérente et peu modernisée. La copie est globalement propre, et manque un peu de stabilité. Des conditions de visionnage relativement acceptables pour une oeuvre rare en France.

Son

La piste son est elle aussi honorable mais sans briller particulièrement, sans doute parce qu'elle est assez fidèle au mixage (sage) d'origine. Le film a été entièrement post-synchronisé mais le rendu des voix est plutôt équilibré, avec une présence correcte, malgré des sifflantes plus ou moins tempérées mais toujours palpables. Les ambiances sont souvent en retrait, on pourra d'ailleurs sentir en fond de silence d'infimes craquements ou "frottements" ponctuels, et de manière très subtile un peu de compression électronique façon mp3, probablement native du fichier transmis à l'éditeur (cela ne peut être à cause de l'encodage plein débit de la piste en mono...).

Suppléments

Le Député présenté par Marcos Uzal (29 min - HD)
Artus Films approfondit l’analyse du cinéma d’Eloy de la Iglesia, cette fois avec le critique et rédacteur en chef aux Cahiers du cinéma Marcos Uzal, qui resitue la filmographie du cinéaste et son ton "d’emblée très insolent par rapport à la société" de son temps. Le réalisateur accompagne une pensée de l’époque (vue chez Pasolini ou Fassbinder) qui lie étroitement politique et sexualité, dans un cinéma transversal qui entremêle un portrait de l’Espagne et des thèmes "refoulés" dans un discours politique de plus en plus assumé depuis la mort de Franco, notamment en abordant plus frontalement l'homosexualité. Marcos Uzal livre une très bonne analyse du Député et son histoire de transition que Eloy de la Iglesia prend "au pied de la lettre" : le film évoque un héros qui sort de la clandestinité et du refoulement dans un combat à la fois intime et social, se libérant parallèlement dans sa sexualité et son engagement politique (le Parti Communiste était interdit sous Franco). Le critique souligne la subtilité du générique qui entremêle l’intime et le militantisme politique, le désir et la lutte, l’individuel et le collectif à travers une mise en correspondance iconographique. Il évoque la vérité sociale dans les corps filmés, la vitalité sensuelle d’un film "constamment incarné", dans une mise en scène classique et intuitive liée à l’émotion, qui ne ménage pas des héros aux nombreuses contradictions et loin d’être angéliques. Uzal montre comment Le Député est aussi la description de la période de transition que vit une Espagne en route vers la démocratie, avec les restes du fascisme au sein de la Guardia Civil ou les questions de transmission à une jeunesse encore perdue dans la misère sociale, le critique relevant la dimension documentaire qui ancre l’histoire dans la réalité, avec la scènes du marché ou les manifestations. Il présente brièvement José Sacristán, "acteur familier" presque devenu "l’incarnation d’une génération". Un supplément très complet.

Galerie d'affiches et de photographies d'exploitation (1 min - HD)

En savoir plus

Taille du Disque: 35 115 507 872 bytes
Taille du Film : 27 572 341 248 bytes
Durée : 1:50:34.041
Total Bitrate: 33,25 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 30,00 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 30000 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: Spanish / LPCM Audio / 2.0 / 48 kHz / 1536 kbps / 16-bit
Subtitle: French / 27,031 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 6 mai 2024