Test blu-ray
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Maria's Lovers

BLU-RAY - Région B
Intersections
Parution : 29 février 2024

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Après deux premières sorties début 2023 (#1 : Dingo, #2 Mad Dog Morgan), voici la très attendue deuxième salve des sorties d'Intersections Films, Matewan de John Sayles héritant du numéro 3 et Maria's lovers, donc, du numéro 4.

Le film, inédit sous forme numérique en France, avait été restauré en 2K à partir de l'interpositif (faute de négatifs originaux) scanné en 2017 par EFilm, l'étalonnage étant supervisé par Dennis Cardamone à Burbank, en Californie. La première sortie HD avait consécutivement eu lieu aux Etats-Unis, début 2022, chez Code Red. 

Pour ceux qui avaient gardé un souvenir fort du film à sa sortie et qui désespéraient de pouvoir le revoir dans de bonnes conditions (comme pour les autres, qui ne demandaient qu'à le découvrir), cette édition Intersections s'impose comme une évidence, tant au niveau éditorial (voir la partie suppléments, plus bas) que technique : la copie est propre, d'une grande stabilité, et les qualités de définition sont indéniables. La nature-même de la source utilisée induit parfois une perte de finesse dans certaines séquences, et le piqué ou le grain ont des rendus inégaux, mais l'ensemble est texturé, et particulièrement plaisant à l'oeil dans la gestion de la luminosité, des contrastes ou des couleurs. 

Son

Le livret nous précise que les pistes son d'origine avaient été conservées et ont été restaurées par Metro Goldwyn Mayer Studios Inc. La version originale offre donc un rendu propre, très clair et équilibré, à défaut d'être très dynamique. 

La version doublée française ne présente guère de défauts, mais est incontestablement plus plate. 

Suppléments

Comme pour les précédentes sorties de l'éditeur, l'offre complémentaire au film est copieuse, et d'une certaine variété.

Dans le coffret, on trouve un livret d'une petite trentaine de pages, en deux parties : la première (des pages 3 à 6) est un bref portrait de Natassja Kinski, rédigé par une plume bien connue en ces lieux (Justin Kwedi, dont on apprécie toujours la clarté et la concision). La seconde est un bel entretien inédit, réalisé en juin 2023, avec Andreï Konchalovsky, dans lequel celui-ci revient, avec précision et une honnêteté parfois désarmante, sur la genèse du projet de Maria's lovers, sa production ou ses relations avec Natassja Kinski, mais il y évoque aussi plus globalement sa manière d'envisager le cinéma - et la façon dont celle-ci a évolué au cours du temps...   

Sur le disque, deux suppléments sont des reprises de l'édition américaine - ce ne sont pas forcément les plus indispensables : si dans son interview (16' - vostfr) Vincent Spano fait le job, se confiant avec humilité et émotion sur ses souvenirs d'un film qui lui aura permis de faire la rencontre avec Natassja Kinski (avec qui il aura un enfant), John Savage n'est pas forcément le client idéal pour ce type d'entretien (6' - vostfr) : entre une forme d'opacité ou de confusion, et l'aura de mystère qui accompagne son statut désormais mythique, il peine à se livrer, et on ne retient guère d'informations de cet entretien étrange sans être déplaisant.

Maria's lovers par Olivier Père (30' - HD - inédit) est un module classique, mené avec pédagogie et clarté, de commentaire sur le film, depuis sa genèse jusqu'à sa réception critique. Olivier Père parle de cette idée de départ, ancienne à l'esprit de Konchalovsky, d'un film évoquant le "complexe de Vénus", qui n'aurait pas pu se faire en Union Soviétique, et retrace son parcours, entre Paris (et la rencontre avec Gérard Brach), l'URSS et Cannes, où s'opère la rencontre avec Menahem Golan, qui cherche alors, avec son compère Yoram Globus, à diversifier leurs productions, opérant un grand écart entre "Love Streams et Portés disparus". Liant les premières séquences à The Deer Hunter, Olivier Père décrit Andreï Konchalovsky comme un "artiste plus qu'un auteur", en ce qu'il "maîtrise tous les éléments du cinéma". Une longue partie est ensuite consacrée à la distribution : John Savage et son "excès refoulé", Natassja Kinski alors "au sommet de sa carrière", et ce mélange de "comédiens estampillés années 80" avec des acteurs importants en devenir, comme John Goodman.

Michel Ciment à propos d’Andrei Konchalovsky (30' - HD) donne l'occasion au regretté critique (manifestement fatigué physiquement au moment de l'enregistrement du module, réalisé 5 mois avant sa disparition, mais à l'esprit toujours aussi alerte) de s'attarder, de façon fleuve, sur un cinéaste qu'il aura toujours défendu. Michel Ciment distingue trois grandes périodes dans la carrière du cinéaste (les films soviétiques, jusqu'en 1979 ; la période américaine à laquelle appartient Maria's lovers, jusqu'à Tango et Cash ; et le retour en Russie) et décrit Konchalovsky comme un cinéaste "difficile à cerner" de prime abord. Il opère alors une distinction, au sein des grands cinéastes, entre "les hérissons et les renards", et explique pourquoi Konchalovsky était un représentant exemplaire de la deuxième catégorie, ce qui aura longtemps "dérouté la critique". Il insiste, en particulier dans Maria's lovers, sur son attachement à la "communauté slave", rattachant le film à Georgia ou, là encore, à The Deer Hunter. Andreï Konchalovsky est ensuite décrit comme "un cinéaste de l'intimité", et l'importance de la famille dans son oeuvre est bien mise en évidence. Ses activités d' "homme de théâtre" (il aura mis en scène Tchekhov, Strindberg ou Shakespeare) ou ses "déboires avec les autorités russes" sont également évoquées, et si on est un peu submergé par la quantité d'informations proposées sur des films que, pour la plupart, on méconnaît totalement (et qui pour certains sont très difficilement accessibles), la passion érudite de Michel Ciment convainquent qu'il est nécessaire de se plonger plus en profondeur dans cette filmographie d'une grande richesse.

Parmi les suppléments surprenants (qu'Intersections se plaît à adjoindre à ses copieuses éditions), il faut consentir une oreille à ce message téléphonique promotionnel d'époque (3') : au cours des années 80, UGC distribution avait mis en place un numéro de téléphone qu'on pouvait composer pour écouter un synopsis du film (lu par la voix incroyable de Macha Béranger) et quelques extraits de la bande-originale. Malgré une qualité sonore moyenne, ce document étonnant témoigne de pratiques promotionnelles d'antan, qui rappelleront peut-être des souvenirs aux spectateurs de l'époque.

Notons enfin la présence d'une bande-annonce d'époque (1'34'' - en VOST), de bonne qualité.
 

En savoir plus

Taille du Disque : 45 852 653 568 bytes
Taille du Film : 31 970 021 376 bytes
Durée : 1:49:23
Total Bitrate: 38,96 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video 1080p / 23.976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 24-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French
 

Par Antoine Royer - le 20 mai 2024