Test blu-ray
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Papillon

BLU-RAY - Région B
LCJ Editions
Parution : 2 octobre 2024

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Après un premier Blu-ray paru chez TF1 vidéo en 2011 et depuis longtemps épuisé, Papillon est tombé dans l'escarcelle de LCJ qui rend aujourd'hui le film de nouveau disponible. L'éditeur propose surtout Papillon pour la première fois au monde à partir d'un master 4K... sachant que le film n'a pas été restauré depuis les sorties TF1 vidéo, Sony (en Angleterre en 2018) et Warner (pour son digibook en 2011 et la réédition dans la collection Warner Archive en 2018) qui utilisaient toutes le même master. LCJ a en fait pris l'initiative de financer son propre master 4K à partir d'un upscale du master 2K, produit en 2011 mais d'une solidité encore surprenante pour son âge, sur de nombreux points. D'une grande stabilité et totalement nettoyé, cet ancien master souffrait surtout d'une petite douceur qui pénalisait le piqué et le niveau de détail, un défaut qui aurait eu tendance à beaucoup plus se voir aujourd'hui et qui, dans des proportions relativement mesurées mais bien réelles, est désormais souvent amélioré. L'image retrouve régulièrement une finesse un peu plus affirmée, un aspect ciselé parfois convaincant, sans que l'on sente une accentuation électronique mais sans faire non plus beaucoup de miracles, à cause d'une source quand même limitée au départ. Déjà bien léger sur le précédent master, le grain est toujours présent mais de manière encore timide, parfois palpable mais régulièrement estompé, avec possibilité de quelques aberrations d'encodage très peu visibles (cf. capture #2). La palette colorimétrique ne change pas par rapport à l'ancien Blu-ray - ce qui est logique : il aurait fallu pour cela effectuer un nouveau scan ! - et reste assez solide, bien saturé et souvent convaincante, malgré des blancs peut-être un peu trop neutralisés et quelques carnations bien magenta. Les contrastes sont équilibrés, bien tenus et dénués de pulsations. S'il se montre donc plutôt correctement exécuté, avec cependant une marge de progression à prendre encore en compte, cet upscale ne s'est pas fait de manière totalement invisible puisque le cadrage est désormais légèrement zoomé par rapport à la précédente édition : on perd un peu d'informations sur les bords latéraux ainsi qu'un peu d'épaisseur dans les bandes noires.

Un mot sur la qualité du Blu-ray UHD, au rendu quasi équivalent. Côté définition, on note un très léger et subtil avantage à l'UHD par rapport au Blu-ray HD. L'étalonnage se distingue par une dynamique légèrement améliorée dans les hautes lumières, faisant un peu mieux ressortir les spéculaires.

comparatif Blu-ray TF1 vidéo (2011) vs. Blu-ray LCJ (2024) :
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Son

LCJ propose Papillon en reprenant les mixages 5.1 que l'on trouvait déjà sur le disque TF1, mais ajoutant cette fois deux pistes stéréo. La version originale est de très bonne facture, très bien nettoyée, sans souffle ou craquements. Elle bénéficie surtout d'une très belle ouverture et d'un rendu précis et détaillé. Les voix sont d'une grande clarté, avec des ambiances bien présentes et réalistes. La musique (cristalline) gagne largement en ampleur, soutenue par une spatialisation efficace, la piste 5.1 jouant habilement des passages musicaux et des ambiances dans les arrière-plans.

La version française apparaît plus plate en comparaison, notamment parce qu'elle se base en premier lieu sur le mixage mono d'origine, sur lequel on a ajouté les bandes musicales en stéréo. Forcément limité par le matériel mono, le rendu se montre plus marqué par le temps, moins ample et souvent moins précis, avec des voix aux mediums plus accentués et accusant une perte dans les graves. Ces VF restent heureusement bien nettoyées, on perçoit à peine un peu de souffle dans les scènes silencieuses. La spatialisation se réveille pour quelques ambiances (le son de la mer, par exemple, en 5.1) et surtout avec la musique qui est judicieusement utilisée, que ce soit en stéréo ou en 5.1.

Notez que ce Blu-ray propose Papillon dans sa version intégrale, reprenant des passages coupés lors de la sortie en France, et donc jamais doublés. En VF, ils sont proposés en version originale sous-titrée.

Suppléments

Si LCJ ne reprend pas les suppléments de l'édition TF1 vidéo, il en propose de nouveaux, tout aussi intéressants, spécialement produits pour l'occasion :

Franklin J. Schaffner, un cinéma de l'individualité (43 min - HD)
Fièrement installé devant une (sa?) très belle collection de Blu-rays, Olivier Père, directeur de l'unité cinéma d'Arte France, évoque la carrière de Franklin J. Schaffner, dont le style trop discret, parfois ponctué d’idées marquantes de mise en scène, le maintiendra dans une réputation d’"exécutant", souvent "appelé à la rescousse", mais jamais défendu par la critique ou considéré comme un auteur. Regrettant qu’il n’ait pas fait davantage de projets plus personnels, Olivier Père remonte le cours d'une filmographie très masculine, des débuts à la télévision en passant par ses films les plus célèbres comme La Planète des singes, "un titre important de la science-fiction" qui va l’amener aux grosses productions, ou Patton, "accomplissement critique et commercial", et "apogée de sa carrière". Olivier Père s’intéresse à la production de Papillon, inspiré par le livre d’Henri Charrière, un "condensé" de plusieurs destins réels, et à celui qui va mener le projet à son terme : le producteur Robert Dorfman, "l’un des grands nababs du cinéma français". Il évoque les premières idées du projet (avec Belmondo et Polanski) avant que ce film au départ français ne prenne une dimension plus américaine. Il raconte les difficultés d’adaptation et la succession de scénaristes, jusqu’à trouver Dalton Trumbo, à la vie "très politisée", victime de la chasse aux sorcières, qui a amené une sensibilité à l’aspect carcéral, associé à Lorenzo Semple Jr, qui apporte un souffle d’aventures. Olivier Père se souvient de sa découverte du film, enfant, de cet "hymne à la liberté" qu’il associait à la "quintessence du cinéma d’aventures hollywoodien" et dont il souligne l’effort de reconstitution. Il revient sur la musique de Jerry Goldsmith, fidèle de Schaffner, ou de l’alchimie de ses deux acteurs venus d’écoles très différentes, et l’un des grands rôles de Steve McQueen.

Steve McQueen ou l'école de la vie (49 min - HD)
Un long entretien avec le critique Samuel Blumenfeld, qui revient sur son "intimité" personnelle avec Steve McQueen, qu’il évoquait déjà dans un roman très autobiographique en 2013. Touché par sa "dimension d’écorché vif" qui exprimait "une enfance perdue", et avec qui il partageait un "rapport tellement tendu au monde", Samuel Blumenfeld rappelle l’"incroyable pouvoir" de l’acteur dans l’industrie, évoquant par exemple Bullitt dans lequel le "phénomène" McQueen "impose sa névrose dans le premier polar moderne" ainsi qu’un nouveau standard au film policier, incarnant la coolitude alors qu’il était "l’acteur le moins cool dans la vie". Il parle de son "intelligence hors du commun", d’"un authentique génie" qui savait tout faire passer par le regard, et de son jeu de plus en plus tourmenté, empreint d’une "tristesse indélébile" et de la "très forte conscience que tout cela va se terminer" : le critique revient sur la "longue fin de carrière d’un acteur malade", l’échec du Mans, Junior Bonner et son personnage qui porte la fin d’une époque et sous-entend la "star finissante".

Samuel Blumenfeld en arrive à Papillon, le "dernier grand film" de l'acteur, un projet "plus tortueux et violent", "infiniment plus sombre" que le roman. Il raconte les premiers projets avec Belmondo et Delon, puis avec Warren Beatty sous la direction de Polanski, et le résultat final qui porte la marque de Franklin J. Schaffner, réalisateur "très sous-estimé", alors "au sommet de son art", dont il évoque le goût pour l’apocalypse et l’anti-héros. Blumenfeld analyse Steve McQueen en "forçat de justice par excellence", acteur idéal pour le personnage de Papillon, "crédible dès le premier coup d’oeil", notamment par son sérieux passif d’homme incarcéré à l’écran (La Grande évasion). Papillon aborde en filigrane l’affrontement entre deux époques à travers le duo "incroyablement intéressant" d’acteurs pourtant très dissemblables, entre le "naturel dérisoire" de McQueen et le travail "avec beaucoup de sueur" d’Hoffman. Samuel Blumenfeld analyse la façon dont Steve McQueen est "challengé" par Dustin Hoffman et ce nouveau type d’acteur au physique "anti-glamour". Hoffman, qui a brisé presque à lui tout seul les codes du star-système classique en atteignant le statut de vedette, chose qu’il lui aurait été impossible de faire dix ans plus tôt. Un supplément absolument passionnant, comme toujours avec Samuel Blumenfeld, même s’il nous aura fait saigner les oreilles quand il précise que La Tour infernale n’est "pas un bon film"... On l’excuse, évidemment, d’autant qu’on l’aurait encore écouté parler pendant 50 minutes supplémentaire, c’est dire...

Henri Charrière dit Papillon, un auteur libre (50 min - HD)
Récit détaillé et passionnant de la vie complexe et controversée d’Henri Charrière, par son biographe Vincent Didier, qui raconte son enfance en Ardèche et l'attachement à sa mère, puis la délinquance après son décès, et une vie de petit voyou et "tête dure" qui le mènera dans le quartier de Pigalle, à Paris. Vincent Didier explique les circonstances de sa condamnation au bagne à perpétuité, pour un meurtre qu’il n’a jamais avoué avoir commis, résume ses multiples "cavales", la réclusion à haute sécurité sur l’île St Joseph en Guyane ("la mangeuse d’hommes") puis ses années de détention où il mène différentes activités comme infirmier ou jardinier. Il évoque la fameuse évasion du bagne, puis sa seconde vie à Caracas, au Venezuela, où il trouvera l’amour et deviendra "un commerçant aisé et reconnu". Vincent Didier explique comment Henri Charrière a eu l’idée d’écrire un livre sur son évasion, qu’il titre au départ Le Chemin de la pourriture avant que l’éditeur Robert Laffont avec qui il a un "coup de foudre amical" ne le renomme. Le livre se vendra à 13 millions d’exemplaires à travers le monde, et sera pour lui "un succès et une revanche sur tous les plans". Il attire tout à coup les personnalités du show-biz, devant lui-même un "people" et suscitant parfois la jalousie et les polémiques, suite à "deux livres anti-Papillon" qui dévoilent notamment que sa biographie est en partie romancée. Arrive le projet du film, tourné à la Jamaïque, et encore plus romancé et éloigné de sa vie. Un film qu’il ne verra jamais puisqu’il meurt juste avant la sortie, après une opération chirurgicale ironiquement surnommé "opération papillon". Un destin extraordinaire raconté de manière claire et captivante.

Bande-annonce originale (3min 52s - HD - VOSTF)


En savoir plus

Taille du Disque : 49 855 824 414 bytes
Taille du Film : 38 547 824 640 bytes
Durée : 2:30:18.958
Total Bitrate: 34,19 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 23,39 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 23392 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2095 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 1959 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 2112 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 1509 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 2165 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 1509 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 0,465 kbps
Subtitle: French / 12,234 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 7 novembre 2024