
Paris, Texas
BLU-RAY - Région B
Carlotta Films
Parution : 5 octobre 2024
Image
Avant l'Europe et les États-Unis, courant décembre, c'est Carlotta qui a dégainé le premier sa nouvelle édition de Paris, Texas, et la nouvelle restauration 4K effectuée en 2024, sous la supervision de Wim Wenders et son épouse Donata. Le film a été scanné à Bologne par L'Immagine Ritrovata, puis la restauration (nettoyage, etc.) et l'étalonnage ont été menés au laboratoire Basis Berlin Postproduktion. Sans réelle surprise, le résultat nous a semblé optimal, loin de la précédente édition française, sortie chez Arte et Criterion en 2010, ou de la restauration 4K sortie en Allemagne en 2019. Le film retrouvait d'ailleurs, à l'occasion de cette dernière réédition, son format original 1.66, alors qu'il était proposé en 1.78 depuis près de 15 ans.
Comme on a pu le constater avec les précédents films de Wenders ressortis chez Carlotta l'an passé, les restaurations supervisées par le réalisateur sont extrêmement solides et Paris, Texas ne déroge pas à la règle. À l'exception des plans truqués (fondus), qui perdent en qualité à cause de leur mode de fabrication, l'image est souvent d'une très belle finesse, bien définie et avec un grain régulièrement très convaincant, bien que parfois un peu tempéré. L'encodage (qui n'a pas été effectué par David McKenzie) reste en majorité invisible mais peut parfois (rarement, heureusement) inspirer le soupçon en UHD, lors de plans d'intérieur ou de pénombre où le grain peut sembler faiblir en texture.
C'est aussi (et surtout ?) l'étalonnage qui impressionne : on note une très bonne gestion des contrastes, très équilibrés sans jamais paraître exagérés. Les noirs sont denses sans perdre en détail. La colorimétrie est particulièrement convaincante, rendant justice aux jeux de couleurs de la photographie de Robby Müller, non seulement par une saturation idéale et maîtrisée, mais aussi en restituant des tonalités conformes à une source argentique, sans abus ni dérives vers le magenta (ce qui était moins le cas, par exemple, sur l'édition Arte et son voile rosé). La copie n'a pas été stabilisée numériquement, conformément au souhait de Wenders de respecter à 100% les caractéristiques d'un négatif, mais les bobines étaient suffisamment consolidées pour que cela ne se voit pas. Les images ont été profondément nettoyées, il persiste cependant quelques microscopiques points blancs sur certains passages, heureusement rares et très ponctuels.
Le film est présenté en Dolby Vision / compatible HDR10 sur le disque UHD. Notez que la version UHD est aussi proposée à l'unité.
Blu-ray Arte (2010) vs. Blu-ray Carlotta (2024) :
1 2 3 4 5 6 7
Son
Paris, Texas est proposé en version originale dans un remix 5.1 et une version stéréo 2.0. La restauration sonore est simplement excellente, reprenant les spécificités des captations en prise de son direct et, comme pour l'image, s'appliquant à conserver au mieux une trace (sonore) de l'Amérique à travers les ambiances captées par le film, sans les effacer au mixage, restituant le son de lieux pas toujours adéquats pour le confort d'écoute : on peut remarquer quelques réverbérations marquées mais toujours naturelles, ou des arrière-plans parfois très présents (fond sonore, circulation de voitures, etc.). L'ensemble, très équilibré, s'appuie cependant sur le mixage mono d'origine et n'utilise la spatialisation qu'avec parcimonie, enveloppant en 5.1 le spectateur sans être outrageusement spectaculaire. La musique est, évidemment, particulièrement bien lottie ici, avec une belle dynamique et un son cristallin.
La version française est uniquement proposée en mono. Les rendus sont plus ou moins équivalents, certaines ambiances envahissantes ayant été tempérées par rapport à la VO. Les voix sont parfois un peu plus mises en avant, mais conservent une patine à peu près naturelle.
Dans tous les cas, les pistes sont profondément nettoyées des traces du temps. On ne relève aucune saturation, pas de souffle parasite.
Suppléments
Paris, Texas est le second film de Wim Wenders à avoir droit à un Coffret Ultra Collector, chez Carlotta. Cette édition, limitée et numérotée à 3000 exemplaires, bénéficie d'un visuel exclusif créé par Sister Hyde, et propose le film en Blu-ray et Blu-ray UHD. Les disques sont accompagnés de Quitter l'autoroute : Paris, Texas de Wim Wenders, un livre de 200 pages illustré de 60 photos d'archives. On retrouve 2 brefs mots (récents) de Wim Wenders sur l'alignement des astres qui eût lieu sur Paris, Texas, et la restauration effectuée en 2024. En plus de courtes notules biographiques sur l'équipe du film, le livre comprend également la série d'entretiens assez intéressants, menés par Bernard Eisenschitz en 1984, qui étaient déjà proposés dans le livret de l'édition Arte, en 2010. Wim Wenders évoque les inspirations du projet, certains choix de scénario et de comédiens, et le tournage "hors des règles du cinéma". Sam Shepard se souvient du "drôle de trajet" que représenta l'écriture d'un script "long et difficile", mais sa "meilleure expérience sur un scénario". Nastassja Kinski raconte avoir imaginé le passé de son personnage, "comme une toile d'araignée". Harry Dean Stanton parle du film comme de "l'histoire de [sa] vie", séduit par la capacité de son personnage à communiquer sans parler. Dean Stcockwell, dont le personnage a finalement été considérablement réduit au tournage, avoue avoir dû le travailler scène par scène, pour qu'il soit avant tout "une bonne présence". Il raconte également avoir donné des conseils à Hunter Carson, lui qui avait aussi débuté très jeune au cinéma. Comme pour le coffret des Ailes du désir, le livre reprend surtout le scénario de Paris, Texas, description traduite du film monté, et non le script original avec d'éventuelles scènes supprimées ou des dialogues avant modifications. Dommage, de nouveau, même si ce genre de document reste précieux.
Les films sont accompagnés de plusieurs suppléments (les contenus sont identiques sur le Blu-ray et le Blu-ray UHD) :
Introduction de Wim Wenders (3min - HD - VOSTF)
Un court discours dans lequel le réalisateur rend hommage à ses collaborateurs et un projet "libre comme l'air".
Entretien avec Wim Wenders (50 min - HD - VOSTF)
Comme pour ses autres rééditions sorties chez Carlotta, on retrouve Wim Wenders racontant posément et en détails l’aventure de Paris, Texas, "film d’un romantique allemand tourné en Amérique", et fruit de sa rencontre avec l’acteur et dramaturge Sam Shepard. Leur entente artistique aboutira à un long travail d’écriture à 4 mains, compliqué par un calendrier capricieux qui obligera Shepard, pris sur un autre tournage, à dicter ses dialogues par téléphone. Wim Wenders raconte les difficultés d’inspiration de cette seconde moitié de film qui n’était pas écrite au début du tournage, expliquant comment est arrivée l’idée du "cabinet psychiatrique atypique" avec ce peep-show, visité pendant les repérages. Paris, Texas est l’occasion de retrouver des collaborateurs privilégiés qu’il n’avait pu faire engager sur Hammett, souvenir encore douloureux, produit par Coppola. Il pût ainsi travailler de nouveau avec Roby Müller, alors au sommet de son art, se souvenant de leur méthode de travail, lorsqu'ils se laissaient imprégner par les paysages et la lumière naturelle, en se préparant le moins possible. Wenders raconte comment Ry Cooder a enregistré sa première bande originale, jouée face au film projeté, comme l’avait fait Mile Davis sur Ascenseur pour l’échafaud, et évoque son travail avec les acteurs : il explique le choix de Hunter Carson, fils de Karen Black, sa rencontre avec Dean Stockwell qui arrêtait sa carrière pour ouvrir une agence immobilière à Santa Fé, ou se souvient d’un Harry Dean Stanton "terrorisé" par la longueur de certains textes, heureusement épaulé par la bienveillance de Nastassja Kinski. Wenders avoue enfin avoir refusé de modifier la dernière scène, que la Fox espérait rendre plus heureuse pour le marché américain...
Entretien avec Wim Wenders (4min - HD)
Court module tourné pendant le Festival de Cannes 2024, où le film était projeté. Wim Wenders évoque en français le tournage de Paris, Texas, "un petit diamant" qui a propulsé sa carrière, dont il savait qu'il allait "toucher les gens" et dans lequel il souhaitait préserver "le paysage et les choses qui change". Il évoque la dernière restauration 4K, bien plus proche de "ce qui est passé à travers la caméra", et dont il a essayé de rendre l'éclat...
Scènes coupées avec commentaires audio de Wim Wenders (24min - HD avec upscale - VOSTF)
Repris de l'édition Arte 2010, quelques moments coupés au montage, commentés par le réalisateur (en 2004). Il n'y a pas de scène vraiment cruciale, mais beaucoup de petits détails sur Travis, une improvisation de Hunter Carson, parfois des dialogues qu'ils ne savaient pas où insérer dans l'histoire mais qu'ils ont tourné quand même pour contenter Harry Dean Stanton. Comme des scènes que Wenders avoue parfois avoir tourné à cause du décor (un lieu, une statue d'oiseau géant, la couleur d'un mur...).
Cinéma, cinémas : Wim Wenders (12min - HD avec upscale)
Diffusé en mai 1984, dans l'émission culte d'Antenne 2, quelques semaines avant la présentation de Paris, Texas à Cannes (dont on peut voir un extrait issu de la copie de travail), Wim Wenders répond aux questions de Philippe Garnier sur son rapport à la musique, le cinéaste avouant que c'est la première fois que celle d'un de ses films correspond à son goût personnel. Il pense que la musique ou une chanson peuvent inspirer un film, être un personnage central comme ce fût le cas de son premier long métrage qui traitait du rock n' roll. Il évoque son "rêve de collaboration" avec Sam Shepard, avec qui il partage "l'envie de la route" et une admiration pour l'Amérique. Satisfait du devoir accompli, avec Paris, Texas, il pense désormais s'en éloigner pour poursuivre sa carrière. On sait aujourd'hui qu'il y reviendra encore plusieurs fois...
Film Super 8 (7min - HD avec upscale - VOSTF)
Intégralité des souvenirs de la famille Henderson, dont seule une partie est projetée pendant le film, ici accompagnés des répliques d'Harry Dean Stanton.
Bande-annonce 2024 (1min 39s - HD - VOSTF)
En savoir plus
Blu-ray HD
Taille du Disque : 48 841 288 880 bytes
Taille du Film : 38 697 613 632 bytes
Durée : 2:26:26.110
Total Bitrate: 35,24 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 29,96 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 29969 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 5.1 / 48 kHz / 1152 kbps / 16-bit (DTS Core: 5.1 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1014 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 1.0 / 48 kHz / 877 kbps / 16-bit (DTS Core: 1.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Audio: French / Dolby Digital Audio / 2.0 / 48 kHz / 256 kbps
Subtitle: French / 17,200 kbps
Subtitle: French / 0,245 kbps
Subtitle: French / 22,364 kbps