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Comme pour les autres titres de cette salve Ealing d'une bonne tenue (ont déjà été évoqués ici, ces dernières semaines, The Ship That Died of Shame et The Night My Number Came Up), Tamasa s'est associé avec Studio Canal pour piocher dans un catalogue de films britanniques sortis récemment en haute-définition (en l'occurrence, dans la collection Vintage Classics en avril 2016).
Les résultats sont tout à fait honorables, même si ce titre-ci semble, en comparaison, un peu moins bien loti, la faute probablement à un master un peu plus ancien. La copie est propre et stable, les contrastes sont plutôt bien gérés (notamment les blancs) et il faut mentionner quelques gros plans vraiment superbes (voir captures dans le menu ci-contre à droite, images n°14 ou 17, par exemple) mais sur certains plans larges, la définition présente un niveau de détails dans les arrière-plans assez modeste ou un piqué qui manque parfois de finesse. A noter également certains plans à la mise au point imprécise (pour le coup, c'est probablement imputable au tournage) et un plan, lors de la mort du mari de Pearl, probablement issu d'une source différente, qui dénote un peu (image n°18).
Son
Une seule piste, en version originale Dolby Digital Audio 2.0. Le premier quart d'heure du film est plutôt composé de dialogues, en intérieurs, pour lesquels il n'y a aucun souci d'audibilité. Une fois arrivé dans le pub, davantage de musique ou de sons d'ambiance, et l'équilibre s'opère bien. Quelques séquences musicales (pas les meilleurs moments du film, ceci étant) isolent particulièrement le chant. La montée est volume des derniers instants est efficace.
Suppléments
Dans le boîtier, un livret contenant un texte d'une douzaine de pages, Belles et rebelles, rédigé par Mélanie Boissoneau. Elle y relate la carrière de Robert Hamer, accordant son attention à des oeuvres sombres mais souvent éclipsées par Noblesse oblige, à tel point que le cinéaste déplora régulièrement que "les gens aient l'impression que c'est le seul film que j'aie tourné". Son analyse plus spécifique de Pink string and sealing wax se concentre sur "la guerre des sexes que le film met en scène", à travers la "répartition traditionnelle des genres dans l'espace et dans la société" que le film "s'amuse à critiquer et à déstabiliser". Elle concentre ensuite son attention sur "deux personnages féminins incarnant la rébellion", Victoria et Pearl, la deuxième étant rapprochée des "femmes fatales" du film noir américain (avec des nuances légitimes).
Sur le disque, dans une analyse du film intitulée Un regard entomologique (22' - HD), N. T. Binh commence par expliquer ce titre mystérieux de "ficelle rose et de cire à sceller" (il y reviendra à la toute fin), avant de commencer à décrire le "destin tragique" de Robert Hamer, l'un des "deux enfants terribles de la Ealing" (avec Alexander Mackendrick), dont il décrit les débuts dans son sketch d'Au coeur de la nuit . Revenant à Pink string and sealing wax, il identifie "deux histoires parallèles", l'une "tout à fait typique des comédies satiriques" de la Ealing, l'autre qui, selon lui, semble avoir davantage passionné Hamer, avec cette "attraction magnétique entre la caméra de Hamer et la comédienne Googie Withers", dont "le personnage représente la liberté sans cesse contenue ou réprimée chez les autres protagonistes". Se focalisant sur le lieu de l'action, le pub (l'occasion de mentionner les problèmes d'alcoolisme dont souffrait Robert Hamer), il dresse une galerie de portraits pour le moins pittoresque de sa clientèle. Si N. T. Binh souligne la "perfection technique et artistique" du film, il insiste également sur sa "folie", perceptible jusque dans certaines décisions formelles. D'un point de vue thématique, il décrit comment les productions Ealing parvenaient à "remettre en cause le statu-quo social", avec un sens affirmé de la transgression. En particulier, ce film-ci lui semble mettre en lumière "une contradiction du cinéma britannique de l'époque", à travers le contraste entre l' "apparence des bienséances sociales" et "les instincts, les tourments, les folies des personnages".
L'autre supplément video est une reprise d'un supplément figurant sur le bluray britannique de 2016, un entretien avec Joanna McCallum (16'), fille de la comédienne Googie Withers. Elle raconte la première apparition de celle-ci, en 1938, dans un film des studios Ealing coïncidant avec les débuts du producteur Michael Balcon. Elle évoque le film de Basil Dearden They Came to a City (1944), qui l'orienta vers des rôles plus dramatiques, du type de celui interprété dans Pink string and sealing wax ou dans Il pleut toujours le dimanche (1947). Joanna McCallum raconte à quel point sa mère aimait les films situés à l'époque victorienne, pour le plaisir notamment d'endosser les costumes associés à l'époque, mais aussi pour celui de jouer des personnages complexes. On apprend que c'est après le tournage de The loves of Joanna Godden (1947) que Googie Withers rencontra l'australien John McCallum, qui était tombé amoureux de la comédienne en voyant ses films durant une mission militaire en Extrême-Orient. Joanna McCallum insiste sur la drôlerie de sa mère, qui était finalement assez éloignée des personnages effrontés qu'elle a incarnés à l'écran, et sur sa considération pour les personnes avec qui elle a travaillé (une anecdote sur son retour à Pinewood lors du tournage d'un James Bond est éloquente), et ce jusqu'à la fin de sa longue carrière, puisqu'elle continua à monter sur les planches jusqu'à ses 85 ans.