Test blu-ray
Image de la jaquette

Sans retour

BLU-RAY - Région B
L'Atelier d'images
Parution : 4 février 2025

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2025 sera une très belle année pour L'Atelier d'Images, avec quelques sorties alléchantes qui démarrent dès janvier et le solide Sans retour, proposé pour la première fois en vidéo en France depuis 2008. Cette édition nous permet de découvrir la toute dernière restauration du film, sortie il y a pile un an chez les américains de Vinegar Syndrome, effectuée en 4K à partir d'un interpositif 35mm. On remarque immédiatement une patine argentique assez "brut", très cohérente avec l'ambiance du film. Tourné en se reposant beaucoup sur la lumière naturelle, sans éclairage additionnel affirmé (qui est souvent utilisé ici pour compenser les ombres zénithales), l'image de Sans retour possède ainsi un grain abondant, soutenu, d'ailleurs bien plus excessif en UHD, sans que cela pose de soucis d'encodage. En Blu-ray, par contre, le grain est logiquement un peu plus réduit, mais en même temps affaibli dans sa texture par un encodage problématique qui a tendance à lisser légèrement. On a pu voir pire par le passé, c'est vrai, mais si cela peut ressembler à la fameuse compression cyclique dont nous parlons (malheureusement) régulièrement, l'instabilité du grain semble surtout causée par un débit vidéo plutôt modeste, qui aurait pu être augmenté en conséquence si la place du film avait été mieux optimisée (il restait encore une bonne dizaine de Gigas disponible sur le disque, dommage).

Côté définition, c'est globalement très correct, même si le grain a peut-être un peu trop tendance à rogner sur le niveau de détail. Notons également que les gros plans sont sans doute privilégiés et un peu plus affinés. À l'exception de quelques plans plus bouchés, les contrastes sont plutôt bien gérés, dénués de pulsations et conservant souvent du détail. Curieusement, la colorimétrie est légèrement différente entre le Blu-ray et le disque UHD : le Blu-ray est plus terne tandis que l'UHD paraît un petit peu plus saturé de manière générale... et surtout dans les rouges qui sont, eux, excessivement marqués. Cela correspond essentiellement au rendu des visages, bien trop colorés... et tirant malheureusement beaucoup trop fréquemment sur le magenta. La neutralisation des tonalités jaunes-vertes originelles de la pellicule a fait souvent remonter le rose sur les visages mais aussi sur toute l'image, pouvant alors donner aux végétations "grisâtres" du bayou quelques tonalités elles aussi légèrement colorées/rosées. Un signe des temps, pour des restaurations agréables à l'oeil mais prenant toutefois quelques libertés : la comparaison avec l'ancien transfert en DVD (qui malgré son ancienneté est sans doute plus proche de la photo originale) est très éclairante. 

Une jolie présentation, cependant, qui est proposée en HDR10 sur le disque UHD.

comparatif DVD D'Vision (2006) vs. Blu-ray L'Atelier d'Images (2025) :
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Son

Contrairement à ce qu'annonce la jaquette, c'est bien la version originale qui est proposée en stéréo. Si on note une spatialisation plutôt mesurée, surtout palpable avec certains son d'ambiance, et sans gros effets, la piste est de très bonne facture, avec une belle dynamique et une ouverture claire et précise. L'ensemble est équilibré, entre musique et ambiances qui restent bien présentes, sans aucun souci dû au temps. Les voix sont cristallines et bénéficient d'une bonne présence. La version française est donc en simple mono (d'origine) et d'une qualité très modeste, plusieurs crans en deçà. L'élément de départ n'est d'ailleurs pas toujours de bonne qualité puisque certaines usures de bandes peuvent se sentir sur des voix frémissantes. D'une manière globale, cette VF possède une dynamique très réduite et un aspect bien plus plat en comparaison : on ne retrouve pas les subtilités de sons de la VO, et certains passages normalement "chargés" paraissant alors très brouillons. On ne relève pas de souffle, au pire quelques petites sifflantes.

Suppléments

L'Atelier d'Images propose quelques suppléments avec le film, presque entièrement disponibles sur le Blu-ray HD :

Présentation de Philippe Guedj (6 min - HD) - également sur le Blu-ray UHD
Le rédacteur en chef au Point Pop fait une rapide introduction à ce "très grand film" pourtant sorti dans l'indifférence, notant l'ironie du titre, les "conditions épouvantables" du tournage, ou la partition de Ry Cooder qui imprègne l'histoire de cette ambiance sudiste, comme un "concentré d'Amérique". Il évoque la maîtrise de la mise en scène, cohérente et humble, dans un récit efficace aux différents degrés de lecture, et au climax marquant.

Bataille dans le Bayou (18 min - HD - VOSTF)
Un entretien avec Walter Hill, seul supplément repris de l'édition américaine Vinegar Syndrome qui comportait par ailleurs différents interviews, dans lequel le cinéaste, filmé chez lui par webcam, revient sur Sans retour, dont il reste encore très satisfait aujourd’hui. On sent un grand cinéphile qui pourrait parler des heures de cinéma, lorsqu’il raconte ses premières projections en salle, aux côtés de son frère, à la fois quelque chose de précieux et "comme de la magie", quand il dit regretter de ne pas avoir travaillé sous contrat avec un studio, quelques décennies plus tôt, ou quand il évoque sa carrière "en dents de scie", qu’il dût mener tout seul parce que personne ne l’attendait. Mais l’interview n’explore pas vraiment cet angle "historique", ni ne creuse suffisamment les réponses du cinéaste… ce qui est bien dommage. Walter Hill raconte comment est venue l’idée de Sans retour, inspiré par la Garde nationale qu’on moquait beaucoup, à l’époque, et insiste sur le fait que ce n’est pas une métaphore du Vietnam, même si l'influence de ce traumatisme est évident dans son film. Il se souvient de son rôle de leader sur le tournage, pour conduire les troupes dans des conditions compliquées, avouant pourquoi Sans retour est le film "probablement le plus dur [qu’il ait] jamais fait". Il évoque quelques-uns de ses collaborateurs : l’implication de Ry Cooder, l’apport crucial du directeur photo Andrew Laszlo, ou sa collaboration avec Freeman Davies pour le montage, adorant cette étape et donnant pour exemple l’"ambiguité" de la fin du film, décidée sur la table de montage. Il parle enfin de l’échec au box-office en Amérique, qui ne l’a pas surpris parce que le film n’était simplement pas destiné au grand public.

Entretien avec Keith Carradine (41mn - HD - VOSTF)
Spécialement produit pour cette édition, un entretien avec Keith Carradine, lui aussi tranquillement installé chez lui devant sa webcam. L’acteur se montre peu avare en anecdotes, revenant avec générosité sur sa collaboration avec Walter Hill, "un vrai artiste", un intellectuel et "un chic type", initiée quelques années auparavant avec l’"expérience extraordinaire" du Gang des frères James. Keith Carradine évoque Sans retour qui, contrairement aux dires du réalisateur, est pour lui une "allégorie du Vietnam", avec ces soldats perdus dans un lieu qu’ils ne connaissent pas. Si l’histoire était donc "dans l’air du temps", elle était sans doute trop "en avance sur son temps" : ce n’était "pas le meilleur timing" pour ce film au sujet sensible et peu commercial, oublié et "mis de côté" par la Fox, que le public redécouvre aujourd’hui, après "un coma de 40 ans". Keith Carradine parle des similarités avec Délivrance, de son personnage "assez complet", et du duo (qui rappelle celui de La Chaîne) qu’il formait avec Power Booth, "un acteur puissant" face à qui il devait être au top pour ne pas disparaître. Il raconte la préparation et les conditions de tournage difficiles : dans le froid (en novembre, il fallait parfois briser de la glace), "dans l’eau toute la journée", avec des pieds de caméra qui s’enfonçaient dans la boue. Heureusement que ce groupe d’hommes assez macho n’osait se plaindre devant les autres, car il a ainsi pu tenir… L’acteur raconte le tournage de la fête Cajun, parmi une population qu’il a beaucoup apprécié mais qu’il ne fallait pas les embêter, ou sa récente rencontre avec Bob Dylan, qui lui a avoué adorer le film, qu’il visionne plusieurs fois par an...

Stéroïds (27 min - HD)
Podcast audio sans grande surprise, repris du site Capturemag, avec au micro Stéphane Moïssakis et le journaliste Rafik Djoumi qui discutent de Sans retour, film "très sec" et allégorie sur la Guerre du Vietnam, où des soldats sont dépassés sur une terre inconnue. Ils évoquent un film qui montre que la violence qui s’exprimait à travers le conflit était en fait présente au sein-même de l’Amérique. Pour Rafik Djoumi, c’est "le dernier film de Walter Hill qui sait qui il est", évoquant un personnage paradoxal, à la fois esprit indépendant qui n’a pas eu peur de se frotter au gigantesque Délivrance, et cinéaste qui n’a pas tout à fait sa place à Hollywood, pris entre une tradition du cinéma américain et des films plus psychologiques venus d’Europe, qui cherchera un peu sa voie dans les années 80. Au-delà du réalisateur, ils louent le "scénariste d’exception" qui "va droit à l’essentiel".

Bande-annonce originale (2min 02s - HD avec upscale - VOSTF)

En savoir plus

Blu-ray HD

Taille du Disque : 33 212 041 031 bytes
Taille du Film : 22 032 488 448 bytes
Durée : 1:45:47.341
Total Bitrate: 27,77 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 23,04 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 23044 kbps / 1080p / 23,976 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1402 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1772 kbps / 24-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 24-bit)
Subtitle: French / 0,021 kbps
Subtitle: French / 33,691 kbps

Par Stéphane Beauchet - le 25 février 2025