
Un homme est mort
BLU-RAY - Région B
Gaumont Vidéo
Parution : 18 octobre 2023
Image
Jacques Deray est de retour dans la collection Gaumont Classiques avec une salve de deux polars tournés à l'étranger et, parmi eux, Un homme est mort, proposé dans une belle édition, inédite à plus d'un titre. Comme d'autres films de cette période, tel Le Clan des siciliens, Un Homme est mort fait partie de ces projets qui ont été pensés à la fois pour le marché français et une exploitation internationale, avec à la clé un double tournage en français et en anglais. Pourtant, depuis des décennies, Un homme est mort n'a été disponible en France que dans son montage français et avec une image au format carré 1.33. C'est ainsi que l'on se souvient l'avoir vu sur TF1, au début des années 1990, un dimanche soir, très tard dans la nuit, dans les mêmes conditions que le DVD sorti chez Gaumont en 2020, dans sa collection rouge. C'est à l'occasion du projet de restauration en 4K, conduit par le laboratoire VDM, que l'on a retrouvé dans les stocks des éléments du montage américain, découverte qui a décidé la firme à la marguerite d'effectuer les travaux sur les deux versions à la fois, geste précieux qu'il fallait évidemment saluer. Ainsi, quelques semaines après Le passager de la pluie édité pour la première fois en France (par Studiocanal) dans sa version en anglais, Un homme est mort est lui aussi proposé dans ses deux montages.
La version française a été restaurée à partir du négatif original 35mm. Le master "international" utilise cette même source, alternée avec les segments en anglais, scannés à partir d'un interpositif de la version américaine. Sa reconstitution fût un travail de longue haleine, effectué en se basant sur une copie de projection 35mm, sous-titrée en français. L'ensemble a été stabilisé et soigneusement nettoyé, il ne reste aucune trace d'usure à l'image. Côté précision de l'image, le rendu est très satisfaisant puisque l'on a pris soin de conserver un niveau de détail poussé. Le trait est fin, les textures de peau ou de vêtement sont bien palpables. La gestion du grain suit cette tendance avec une granulation fine et souvent abondante, pour un résultat fidèle à une restitution argentique. Notez que les deux montages ont été encodés séparément sur le disque, ce qui limite le débit vidéo mais pas au point de piéger un encodage solide. Côté colorimétrie le rendu pose par contre quelques problèmes, notamment à cause de certaines bobines qui ont viré avec le temps. Quelques passages n'ont pu être sauvés d'une dominante magenta plus ou moins prononcée et surtout d'une palette de couleurs qui a été sensiblement réduite. Certains plans sont particulièrement touchés, comme ici où le décor (tissus comme boiseries) semble entièrement impacté par une même tonalité. Plus globalement, car les soucis de pellicule n'interviennent visiblement pas avec la même ampleur sur le film entier, l'étalonnage reste honnête mais encore perfectible. On regrettera une saturation souvent limitée (qui aurait pu être un peu corrigée) et surtout des visages régulièrement trop rosés pour être honnêtes, résultat d'une neutralisation trop franche des nuances jaune/vert originelles de la pellicule afin d'obtenir des blancs purs (qui, rappelons-le, ne le sont pas en photochimie où il sont plutôt "blanc cassé"), qui fait remonter mécaniquement la couleur complémentaire (magenta) sur le cercle chromatique. Quelques bémols, donc, même si le rendu est meilleur que ce qui nous était proposé jusqu'à présent (cf. comparatif ci-dessous). A l'exception de quelques rares subtilités (comme ici), on ne distingue pas de véritable différence d'étalonnage entre les deux montages.
comparatif DVD Gaumont (2020) vs. Blu-ray Gaumont (2023) :
1 2 3 4 5 6 7
Il a fallu décider quel format adopter pour le cadre, savoir quel était le ratio de projection en salle de telle ou telle version, sachant que le négatif original en 1.33, dit "open matte", pouvait être projeté en salle dans différents formats à l'aide de caches, et permettait accessoirement une diffusion TV sans perte d'informations, à l'époque des écrans 4/3. Il a été choisi d'utiliser les formats standards de l'époque : le 1.85 aux Etats-Unis, ratio qui n'était pas encore arrivé en France où on utilisait alors fréquemment le 1.66, un format légèrement plus carré qui a été logiquement choisi pour la restauration de la version française.
format 1.85 (US) vs. 1.66 (FR)
Quelques infos supplémentaire sont à trouve sur ce fil Tweeter, raconté par la chef de projet de cette restauration.
Son
Assez bons rendus sonores pour les deux versions. La version française bénéficie d'une dynamique appréciable, même si l'aspect est plus couvert (ce qui a pour avantage de camoufler un peu le souffle potentiel). Les voix sont claires, avec une bonne présence. Le mixage reste équilibré, sans sifflantes, les arrière-plans sont détaillés. La piste a été bien nettoyée, il ne reste pas de craquements ou souffle disgracieux, à peine un peu de saturation sur certains moments musicaux. On sentira quelques rares sifflantes. La piste anglaise est également bien traitée, mais avec quelques petites différences : l'ensemble est moins couvert et donc un peu plus clair, ce qui améliore le rendu des prises de son direct. Le réalisme est accentué, ce qui n'était pas forcément le cas de la VF à la patine un peu post-synchronisée. Notez que les sifflantes sont aussi plus marquées et que le souffle reste malgré tout très discret.
Suppléments
Un homme et son double (37 min - HD)
Olivier Père, directeur général d'Arte France Cinéma, revient sur Un Homme est mort, l'"un des meilleurs films de Jacques Deray" mais une déception dans sa carrière car une "occasion ratée" de poursuivre son travail en Amérique malgré le succès d'estime et la rentabilité du film. Il revient sur les évolutions du projet, mené par le producteur "un peu atypique" Jacques Bar, racontant comment les tractations avec les studios américains ont transformé une adaptation de roman avec Henri Fonda en un scénario original non pas avec Lino Ventura, trop peu connu aux Etats-Unis, mais avec Jean-Louis Trintignant, valeur montante après plusieurs succès comme Un Homme et une femme. Olivier Père évoque le style "très composé" de Jacques Deray, qui avec Un Homme est mort n'imite pas le cinéma américain mais reste dans l'"observation clinique des comportements", plongeant dans le quotidien d'une Amérique de l'hyperconsommation, des images et de la technologie, où la voiture est omniprésente, pour montrer une société très différente de la France de l'époque. Olivier Père retrouve dans Un Homme est mort la distance de regard des cinéastes étrangers qui ont tourné à Los Angeles, le goût de Deray pour filmer les villes et utiliser les paysages urbains, le thème du cheminement d'un homme vers la mort, récurrent dans sa filmographie (Un Papillon sur l'épaule). Olivier Père souligne le rythme particulier du film, entre accélérations et longues plages de silence, accentué par la musique de Michel Legrand, l'"un des éléments déterminants dans la réussite du film". Il revient sur le final "vraiment surprenant" et "presque onirique", notamment pour la scène presque buñuelienne du corps du gangster exposé dans un fauteuil, et commente le casting international qui réunit l'ancien Hollywood et le Nouvel Hollywood, avec notamment le "choix très intéressant" de Roy Scheider qui souligne le "parallélisme" physique et vestimentaire avec Jean-Louis Trintignant, dans un jeu du chat et de la souris ironiquement décalé (il joue un tueur professionnel étonnamment maladroit).
Un homme qui court (18 min - HD)
Le journaliste Jean-Yves Katelan, co-auteur avec Serge Korber d'un livre sur Jean-Louis Trintignant en 2020, fait une sorte de portrait de l'acteur en kaléidoscope en remontant le fil de sa carrière "très éclectique". Il revient sur les particularités d'un "bonhomme inclassable" qui connaissait ses limites d'"être humain normal" et n'avait pas une "conscience de supériorité" ni un tempérament de star, ce qui l'a sans doute un peu desservi dans le métier. Il préférait cultiver son "paradoxe" et éprouvait de la sincérité et de l'intérêt pour les gens et leurs projets. Il resitue Un Homme est mort dans un moment "charnière" pour l'acteur, entre la "période professionnelle faste" où il est consacré internationalement, et une "série de désillusions importantes", notamment la perte d'une de ses filles, remarquant avec justesse que cet acteur, qui "fait étonnamment bien les salauds", a tourné suite à ce drame plusieurs personnages mutiques, et a multiplié les rôles où il devait courir, avec son propre style ("fatigué, en levant les bras").
Bande-annonce originale (3 min 14 s - HD)
En savoir plus
montage français
Taille du Disque : 45 624 418 543 bytes
Taille du Film : 19 793 270 784 bytes
Durée : 1:51:21.625
Total Bitrate: 23,70 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 21,48 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 21489 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: English / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1012 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 12,039 kbps
montage américain
Taille du Disque : 45 624 418 543 bytes
Taille du Film : 20 598 994 944 bytes
Durée : 1:50:47.625
Total Bitrate: 24,79 Mbps
Bitrate Vidéo Moyen : 21,44 Mbps
Video: MPEG-4 AVC Video / 21445 kbps / 1080p / 24 fps / 16:9 / High Profile 4.1
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 1003 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Audio: French / DTS-HD Master Audio / 2.0 / 48 kHz / 942 kbps / 16-bit (DTS Core: 2.0 / 48 kHz / 768 kbps / 16-bit)
Subtitle: French / 14,164 kbps