Yaplusdsaumon a écrit :De mon côté j'ai été porté par une frénésie très "didactique" de la cinéphilie en ayant méthodiquement acheté tous les grands classiques en dvd que proposait Cdiscount il y a quinze ans, dans des copies approximatives qui imitaient parfaitement les conditions de projection d'un ciné-club étudiant. C'était d'abord un désir de découverte indifférente, parfaitement circonscrit par un impératif de culture générale que je m'étais fixé, sans m'attacher à un réalisateur en particulier et en mettant mes propres goûts en sourdine. Quel a été le plaisir exact que j'en ai tiré ? Celui d'aborder un continent, celui de rentrer dans le rang d'une culture académique, et parfois aussi celui d'être sensible à des classiques des générations antérieures. Et plus profondément encore, celui de flatter une obscure vanité d'esthète dont Louise de Vilmorin parle mieux que moi : "nous aimons les livres qui nous renvoient une image flatteuse de nous-mêmes".
Bien dit. Franchement, à 20 ans j'ai eu un peu la même démarche même si j'ai très rapidement dévié sur des choses que j'aimais plus spontanément (les Capra, Lubitsch, Wilder..). Jusque là, je n'avais pas de démarche "cinéphile". Ma culture classique s'était fondée sur le plaisir des soirées télés de la dernière séance entre autres, sans avoir conscience de me cultiver et de découvrir des auteurs ou des genres.
Parfois se faire un peu violence porte ses fruits ultérieurement. Même si le visionnage du film ne procure pas un plaisir immédiat, il peut s'avérer un pari et une promesse de plaisirs futures.
zemat a écrit :Farnaby a écrit :Par ailleurs, je n'ai pas vu beaucoup de film, enfant. Télé interdite. Peu de cinéma... et pratiquement pas de Louis de Funès non plus... Ma vie d'amateur de cinéma a pratiquement commencé avec Le rayon vert, justement... et je me retrouve aujourd'hui, comme beaucoup, ou davantage que beaucoup, avec, oui, des trous.
Ok, je m’étais un peu douté de cette hypothèse, car ceci explique bien cela.
Personnellement j’ai découvert énormément de films avec mon père alors que j'étais en primaire, des Delon, Belmondo, des James Bond, des Terrence Hill & Bud Spencer,... bref, du ciné populaire.
Ce n’est qu’à partir du lycée que j’ai commencé à écumer la section VHS de ma bibliothèque où j’empruntais pas mal de films « pour ma culture ».
C'est intéressant comme vécu. Et pas si atypique que ça puisque de "nombreux" parents font ce choix (contestable, avec ses avantages et inconvénients) de totalement contrôler l'éducation culturelle de leurs enfants en les privant de télé. C'est un peu différent aujourd’hui cela dit où priver un gosse de smartphone est devenu un choix extrêmement radical et particulièrement difficile.