Les Beaux gosses (Riad Sattouf - 2009)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Jack Griffin
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Les Beaux gosses (Riad Sattouf - 2009)

Message par Jack Griffin »

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Sattouf adapte avec réussite l'esprit de ces bd, dans lesquelles il croquait certains instants de la vie quotidienne avec un regard amusé et cru. Le film, qui se déroule sur une longue période scolaire, a une structure basique de scénettes qui se centre presque exclusivement sur les jeux amoureux et les problèmes lié au physique (séparation beaux/moches etc). Personne n'est réellement épargné mais, même si la caricature reste très féroce et sans concession, Sattouf se retient de juger et parvient à rendre tous ces personnages attachants (excepté celui de la mère, pénible) grace à de très bons choix de casting. La mise en scène, sans être quelconque ni distante, est dénuée d'effets et donne un rendu assez brute (ex gros plan sur les visages ingrats), finalement proche du sentiment des bds. La narration traine un peu bien que le scénar s'efforce de ne pas trop s'appesantir et de surprendre.
La musique au synthés, composée par le réal himself, donne une touche plutôt originale proche de Steak.


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Le prisonnier
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Le prisonnier »

Je voulais aller le voir mais il ne passe pas dans ma salle Art & Essais habituelle... Il me semblait pourtant que c'est le genre de film idéal pour ce circuit là ?
Abronsius
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Abronsius »

J'avais lu sa bd, le film est réussi, plein de fraîcheur et de simplicité, et d'humour...
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Boubakar
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Boubakar »

C'est un film qui pourrait très bien marcher, vu les critiques très positives et le bouche-à-oreille.
J'attendrais la fête du cinéma pour le découvrir. :)
Frank Einstein
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Frank Einstein »

Les beaux gosses : 6,5/10

J'avais été super emballé par les teasers vraiment très drôles.

Mais du coup, le film ne tient pas ses promesses au niveau du rythme sur la longueur du métrage. D'autant que ces fameux teasers sont presque tous repris dès le générique d'ouverture... avec la musique mixée, ce qui gâche complètement les effets ! :shock:
Je trouve que c'est une très mauvaise idée d'avoir fait ça, puisque ça plombe les effets (on ne comprend pas les dialogues clairement comme dans les teasers).

Malgré des personnages vraiment attachants, j'en suis sorti globalement plutôt déçu.

Les reproches principaux :
- le personnage de la mère jouée par Noémie Lvovsky est trop caricatural et le jeu de l'actrice n'arrange pas les choses,
- le personnage d'Hervé est irrégulier dans son comportement (sa relation avec sa mère n'est pas crédible, il en fait trop avec elle),
- une succession de saynètes sans réel scénario,
- un rythme pas du tout géré,
- aurait vraiment été génial sous forme de série TV (quelques minutes par épisodes, centrés autour d'un gag).

Bref, j'y ai trouvé tous les défauts d'un premier film qui veut trop démontrer et toutes les qualités d'une première oeuvre sympathique.
Cinéaste à suivre donc... :wink:
Dernière modification par Frank Einstein le 25 juin 09, 22:39, modifié 1 fois.
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Profondo Rosso
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Profondo Rosso »

C'était excellent. Les années collèges croquées avec juste ce qu'il faut de clichés pour tomber juste, acteurs épatant de naturel (et le teen movie avec le cast le plus authentiquement laid de l'histoire avec des boutons d'acnés quasiment prêt à bourgonner :mrgreen: ) situations tordantes tout y est. Les dialogues et les conversation futiles, les premières expériences, l'ennui tout est bien vu et c'est à pisser de rire du début à la fin, gros flashback garanti, le film étant clairement plus "réaliste" qu'un "Lol" qui joue plus du côté "La Boum" des temps moderne. Hormis les petit jeune excellent, casting parfait avec une Noémie Lvosky (qui réalisa un beau film sur les ados en sn temps "la Vie ne me fait pas peur") est épatante en maman dépressive et envahissante, les profs sont plus vrai que nature (quoique j'ai jamais de prof d'anglais comme ça malheureusement :mrgreen: ) et Emmanuelle Devos croque bien son personnage de principal en peu de scènes. Ca me donne bien envie aussi de tâter des bd de Sattouf sur ce thème ça doit être bien fun. 5/6
boulgakov
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par boulgakov »

Je reprends ici une amorce de discussion dans le topic notation:
Frank Einstein a écrit :
boulgakov a écrit : Les beaux gosses 5/10
Pas grand chose à dire sur le film, c'est sympa, plutôt habile et attachant, mais j'aurai aimé plus de moments comme celui où le jeune engueule sa mère dans la salle de bain, des petits instants à la limite de la réalité et de l'explosion de non dit.
Petit plus: beau travail sur la musique, avec quelques bonnes chansons pop et des compos "synthé" qui constituent une sorte de déformation ingrate et bien à l'image du film de la BO de Air pour Virgin Suicides.
C''est marrant car c'est justement ces moments où Hervé gueule sur sa mère que je n'ai pas aimé.
Le jeu du jeune acteur est trop forcé, et je n'y ai pas trouvé du tout de naturel dans ces scènes.

Sans doute parce que je n'ai jamais parlé à ma propre mère comme ça... :mrgreen:
Mon adolescence n'a pas eu grand chose à voir avec celle des ados du film, en fait si j'aime cette scène (je parle uniquement de la scène de la salle de bain) c'est justement pour le jeu outré de l'acteur qui réussit à me faire rire (je m'en souviens particulièrement car c'est devant cette scène que j'ai ri pour la première fois à ce film). Je ne surradore pas les bds de Sattouf mais ce que j'y aime le plus réside dans ces moments où il se laisse aller à ce genre d'excés: le rythme de ses planches dans Charlie Hebdo est assez souvent le même; une étincelle fait réagir un personnage qui va, de case en case, s'énerver jusqu'à l'absurdité. Le rire de l'absurde est alors ponctué par la dernière case qui sonne souvent comme un appaisement brutal. C'est ça que j'ai retrouvé dans cette scène et que j'ai aimé. Par ailleurs, j'ai failli ajouter ce matin que j'étais d'accord avec toi sur le personnage de Lvovski, trop caricatural... enfin, Sattouf (dans ses bds) joue souvent sur les excés de caricature et c'est justement par ce rythme spécial liant réalisme à l'absurde qu'il emporte le morceau et contrebalance ce trop plein. C'est l'absence de contrepoids dans le film qui fait que je trouve comme toi pas mal de situation forcées.


EDIT: tiens, puisque ça a vaguement à voir avec le sujet du film de Sattouf (bien que beaucoup moins génitalo-centré) et puisqu'il n'y a pas de topic la concernant, un bon gros coup de pub (même si je suis sûr que nombre d'entre vous sont déjà convaincus, voir conquis) pour la série de Paul Feig: Freaks and Geeks. Ca commence assez doucement mais au fur et à mesure on s'attache comme jamais (du moins pour ce qui me concerne) aux personnages (remarquablement interprétés, il faut le dire). C'est tendre et drôle, ingrat comme il se doit mais sans excés... une des toutes meilleures séries. Dans ma liste des choses à faire: lancer un topic sur ce show quand j'aurai le temps, y'a plein de choses à dire.
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Frank Einstein
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Frank Einstein »

boulgakov a écrit : Mon adolescence n'a pas eu grand chose à voir avec celle des ados du film, en fait si j'aime cette scène (je parle uniquement de la scène de la salle de bain) c'est justement pour le jeu outré de l'acteur qui réussit à me faire rire (je m'en souviens particulièrement car c'est devant cette scène que j'ai ri pour la première fois à ce film). Je ne surradore pas les bds de Sattouf mais ce que j'y aime le plus réside dans ces moments où il se laisse aller à ce genre d'excés: le rythme de ses planches dans Charlie Hebdo est assez souvent le même; une étincelle fait réagir un personnage qui va, de case en case, s'énerver jusqu'à l'absurdité. Le rire de l'absurde est alors ponctué par la dernière case qui sonne souvent comme un appaisement brutal. C'est ça que j'ai retrouvé dans cette scène et que j'ai aimé. Par ailleurs, j'ai failli ajouter ce matin que j'étais d'accord avec toi sur le personnage de Lvovski, trop caricatural... enfin, Sattouf (dans ses bds) joue souvent sur les excés de caricature et c'est justement par ce rythme spécial liant réalisme à l'absurde qu'il emporte le morceau et contrebalance ce trop plein. C'est l'absence de contrepoids dans le film qui fait que je trouve comme toi pas mal de situation forcées.
Je ne connais pas le travail de Sattouf comme dessinateur (je ne lis pas CH et peu de BD) et je pense qu'on ne peut chercher à produire le même effet sur une planche de BD et dans une scène de cinéma. Et je reviens donc à ma déception concernant le fait de retrouver les géniaux teasers inclus dans le générique de début dont la musique trop forte gâche tous les effets (il n'y avait pas de musique dans les teasers originaux ou juste à la fin). C'est vraiment une illustration de ce qu'il ne faut pas faire.
Le cinéma est un mode d'expression totalement différent, puisque la dimension temporelle d'un film est limitée contrairement à une BD. Le lecteur peut s'y attarder à sa guise ou survoler. Le spectateur est obligé de "subir" les longueurs d'un film ou ses baisses de rythme.

Je ne vais pas théoriser car je suis loin d'être un spécialiste mais dans ces fameuses scènes d'intimité entre Hervé et sa mère, les deux acteurs ne semblent pas être cohérents avec ce qu'ils étaient quelques scènes auparavant et donnent surtout le sentiment de jouer dans un film différent. Le gamin devient soudain trop adulte et la mère inerte, presque pathétique. L'actrice a pourtant du métier (je l'aime beaucoup d'ailleurs) mais elle s'efface trop derrière le jeune acteur qui prend toute la place et en fait beaucoup trop. La voix est fausse, les gestes sont faux et c'est très gênant.
Et là, je pense que ça vient plus de l'amateurisme du réalisateur que de son sens de l'humour et de recherche du décalage.
Je ne sais pas si je suis clair. J'ai trouvé ça maladroit et pas assez travaillé ou répété... au nom de la spontanéité.

Dans le même genre, j'ai vraiment trouvé le travail de Terry Zwigoff bien supérieur avec son adaptation de "Ghost World" dans lequel l'humour absurde et les sursauts de délire étaient gérés à la perfection.
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par boulgakov »

Frank Einstein a écrit : Je ne connais pas le travail de Sattouf comme dessinateur (je ne lis pas CH et peu de BD) et je pense qu'on ne peut chercher à produire le même effet sur une planche de BD et dans une scène de cinéma. Et je reviens donc à ma déception concernant le fait de retrouver les géniaux teasers inclus dans le générique de début dont la musique trop forte gâche tous les effets (il n'y avait pas de musique dans les teasers originaux ou juste à la fin). C'est vraiment une illustration de ce qu'il ne faut pas faire.
Le cinéma est un mode d'expression totalement différent, puisque la dimension temporelle d'un film est limitée contrairement à une BD. Le lecteur peut s'y attarder à sa guise ou survoler. Le spectateur est obligé de "subir" les longueurs d'un film ou ses baisses de rythme.
Je suis bien d'accord avec toi
Frank Einstein a écrit : Je ne vais pas théoriser car je suis loin d'être un spécialiste mais dans ces fameuses scènes d'intimité entre Hervé et sa mère, les deux acteurs ne semblent pas être cohérents avec ce qu'ils étaient quelques scènes auparavant et donnent surtout le sentiment de jouer dans un film différent. Le gamin devient soudain trop adulte et la mère inerte, presque pathétique. L'actrice a pourtant du métier (je l'aime beaucoup d'ailleurs) mais elle s'efface trop derrière le jeune acteur qui prend toute la place et en fait beaucoup trop. La voix est fausse, les gestes sont faux et c'est très gênant.
Et là, je pense que ça vient plus de l'amateurisme du réalisateur que de son sens de l'humour et de recherche du décalage.
Je ne sais pas si je suis clair. J'ai trouvé ça maladroit et pas assez travaillé ou répété... au nom de la spontanéité.
Eh ben justement, il me semble qu'il ne s'agit pas d'amateurisme mais plutôt une retranscription du ton de certaines bds du réalisateur.
L'"amateurisme" je le perçoit dans les autres scènes avec la mère, scènes que je n'aime pas (une des plus mauvaises scène: celle de la soirée chez Aurore où la mère s'incruste, ça dépasse pas le niveau du clin d'oeil)
Frank Einstein a écrit : Dans le même genre, j'ai vraiment trouvé le travail de Terry Zwigoff bien supérieur avec son adaptation de "Ghost World" dans lequel l'humour absurde et les sursauts de délire étaient gérés à la perfection.
Je préfère aussi largement Ghost World, qui un est de mes films préférés avec une des plus belles chanson de blues (enfin, c'est pas comme si j'étais un spécialiste): Devil Got my woman de Skip James
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Nestor Almendros
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Nestor Almendros »

On parle d'une similitude entre la structure du scénario et celle des bandes-dessinées de Sattouf. Je ne les connais pas mais l'idée semble pertinente. LES BEAUX GOSSES est surtout l'évidence d'un style original qui, comme l'a décrit Jack, est composé de courtes scénettes de "la vie quotidienne" du héros. On développe ici des personnages à partir d'une multitude de micro-situations, de micro-évènements qui jouent souvent sur la nostalgie ou l'universalité (car on a probablement tous connus une séance de spiritisme, par exemple).
Le réalisateur marie très bien un ton et un point de vue très personnels et sait mélanger la caricature et le développement de ses personnages dans une même sauce. Il joue sur les clichés des physiques adolescents, leurs codes vestimentaires, notamment, ou sur le décor général de l’histoire et ses personnages récurrents dans ce type d'histoire (comme le meilleur ami ou les parents). Et l'ensemble sonne assez juste, peut-être parce qu'au-delà de la structure efficace, c'est une peinture fragmentée comme peut l'être la vision des adolescents. Sattouf arrive à faire ressentir cet univers finalement assez clos, cet environnement immédiat, restreint, limité dans lequel les adolescents sont confinés. Ils n'ont pas de recul sur la "vraie" vie en communauté, car ils n'ont comme principale référence, à ce moment de leur (jeune) vie, que le décor scolaire où les sentiments et les relations sont aussi précaires que passionnées ou cruelles. Le réalisateur joue assez bien de l'humour de certaines situations créées par les contrastes culturels et comportementaux de jeunes encore refermés sur eux-mêmes et pas encore ouverts au monde (le disque de rap antiglamour qu'Hervé lance dans la chambre de sa copine pour créer une atmosphère propice au sexe, effet qui est bien sûr râté).

Sattouf amuse par la crédulité de ses personnages, piégés par leur inexpérience et leur échec annoncé. Car, plutôt qu'une énième histoire de réussite, le film choisit la voie détournée d'un apprentissage involontaire où le héros traverse différentes expériences qui enrichiront sa personnalité et le guideront dans son épanouissement personnel, vers une vie "normale" (cf la toute fin, très elliptique, sans insistance).
Le réalisateur accentue ici une vision d'un monde fait d'apparences. Si les adolescents jouent constamment sur le paraitre (pour séduire, rabaisser, se distinguer des autres, etc.), les adultes aussi jouent de postures artificielles qu'on n'hésite pas à cataloguer ou à éventer (comme la directrice - Emmanuelle Devos - qui impose une autorité limite snob et hautaine alors qu'elle va faire ses courses au supermarché en survêtement). Tout le monde joue un rôle, des professeurs aux élèves.
L'avantage ici, c'est que les sentiments se frayent quand même un chemin au milieu de la fausseté des apparences et des relations.

Pour moi, ce fut un bon moment de rigolade. Je ne suis pas franchement fan des films d’ados US (à l’exception de la bonne surprise SUPERGRAVE) qui ont tendance à devenir des modèles systématiques pour les tentatives françaises de plus en plus nombreuses. Il est donc très agréable de découvrir un film qui surfe sur la vague tout en gardant une identité propre et un regard original.
Et si ce n'est pas le genre de film à marquer les mémoires, il m'a au moins permis d'avoir un énorme fou-rire incontrôlable (les larmes aux yeux en 5s sans pouvoir m'arrêter): c'était pour la réplique furtive de
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la dissertation sur Jean-Luc Reichman, personnage historique.
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Jack Griffin
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Jack Griffin »

Ghost World ou même Supergrave me semblent assez éloignés des intentions de Riad Sattouf. Les premiers parlent plus d'une étape de transition, entre la période difficile de l'adolescence et l'âge adulte. Le ton se fait légèrement plus grave, avec une dose de mélancolie et de nostalgie. L'originalité de Sattouf est de nous confronter strictement au point de vue de ces ados, empêtrés dans leur petits problèmes et passant à côté d'autre plus important. C'est d'ailleurs un des ressorts comique du film
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deux morts dans le film et tout le monde s'en fiche
). Ces collégiens ne pensent d'ailleurs jamais à leur avenir (à part une rêverie à la fin, d'ailleurs assez touchante) et n'ont pas l'air d'avoir de question existentielles. On est dans l'instant, dans des préoccupations à hauteur d'ados. ça me semble coller assez justement avec cette période.
Sattouf ne s'apitoie jamais dans l'envolée lyrique. C'est sec et un peu brouillon.
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Kevin95
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Re: Notez les films de juin 2009

Message par Kevin95 »

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Les Beaux Gosses (Riad Sattouf) Image

Ahhhhh la bonne surprise !!!
Bon, ok, les critiques étaient plutôt bonnes mais le teen movie (genre casse gueule par excellence qui à généré platode de merdes) en France... je demande à voir. J'ai vu est ces Beaux Gosses sont une bouffée d'air qui fait un bien fou.
Il y a bien un lien avec Superbad, mais la mise en scène n'est pas aussi survoltée dans le modèle américain, elle est même très naturaliste, colée à ses protagonistes sans soulignés les moments cocasses ou les bons mots (choses que ne fait pas aussi Superbad). Bien sur, certains gags tombent à plat (les rapports avec la mère sont amusants deux minutes après c'est lourdingue) mais d'autres déborde d'énergie et de sincérité réellement jouissives (voir le premier baiser ou le rêve futur du personnage principal). Une mise en scène de qualité donc, mais la valeur ajoutée du film c'est bien ses comédiens géniaux du premier au second rôle, le duo de potes qui tiens l'affiche est de la pure graine de talent.
Et puis certaines choses rappellerons des souvenirs à certains (le prof de science qui tire la tronche, le prof de français en artiste frustré, la prof de sport à l'ouest...) ! :D
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
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Boubakar
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Boubakar »

Nestor Almendros a écrit :On parle d'une similitude entre la structure du scénario et celle des bandes-dessinées de Sattouf. Je ne les connais pas mais l'idée semble pertinente. LES BEAUX GOSSES est surtout l'évidence d'un style original qui, comme l'a décrit Jack, est composé de courtes scénettes de "la vie quotidienne" du héros. On développe ici des personnages à partir d'une multitude de micro-situations, de micro-évènements qui jouent souvent sur la nostalgie ou l'universalité (car on a probablement tous connus une séance de spiritisme, par exemple).
Le réalisateur marie très bien un ton et un point de vue très personnels et sait mélanger la caricature et le développement de ses personnages dans une même sauce. Il joue sur les clichés des physiques adolescents, leurs codes vestimentaires, notamment, ou sur le décor général de l’histoire et ses personnages récurrents dans ce type d'histoire (comme le meilleur ami ou les parents). Et l'ensemble sonne assez juste, peut-être parce qu'au-delà de la structure efficace, c'est une peinture fragmentée comme peut l'être la vision des adolescents. Sattouf arrive à faire ressentir cet univers finalement assez clos, cet environnement immédiat, restreint, limité dans lequel les adolescents sont confinés. Ils n'ont pas de recul sur la "vraie" vie en communauté, car ils n'ont comme principale référence, à ce moment de leur (jeune) vie, que le décor scolaire où les sentiments et les relations sont aussi précaires que passionnées ou cruelles. Le réalisateur joue assez bien de l'humour de certaines situations créées par les contrastes culturels et comportementaux de jeunes encore refermés sur eux-mêmes et pas encore ouverts au monde (le disque de rap antiglamour qu'Hervé lance dans la chambre de sa copine pour créer une atmosphère propice au sexe, effet qui est bien sûr râté).

Sattouf amuse par la crédulité de ses personnages, piégés par leur inexpérience et leur échec annoncé. Car, plutôt qu'une énième histoire de réussite, le film choisit la voie détournée d'un apprentissage involontaire où le héros traverse différentes expériences qui enrichiront sa personnalité et le guideront dans son épanouissement personnel, vers une vie "normale" (cf la toute fin, très elliptique, sans insistance).
Le réalisateur accentue ici une vision d'un monde fait d'apparences. Si les adolescents jouent constamment sur le paraitre (pour séduire, rabaisser, se distinguer des autres, etc.), les adultes aussi jouent de postures artificielles qu'on n'hésite pas à cataloguer ou à éventer (comme la directrice - Emmanuelle Devos - qui impose une autorité limite snob et hautaine alors qu'elle va faire ses courses au supermarché en survêtement). Tout le monde joue un rôle, des professeurs aux élèves.
L'avantage ici, c'est que les sentiments se frayent quand même un chemin au milieu de la fausseté des apparences et des relations.

Pour moi, ce fut un bon moment de rigolade. Je ne suis pas franchement fan des films d’ados US (à l’exception de la bonne surprise SUPERGRAVE) qui ont tendance à devenir des modèles systématiques pour les tentatives françaises de plus en plus nombreuses. Il est donc très agréable de découvrir un film qui surfe sur la vague tout en gardant une identité propre et un regard original.
Et si ce n'est pas le genre de film à marquer les mémoires, il m'a au moins permis d'avoir un énorme fou-rire incontrôlable (les larmes aux yeux en 5s sans pouvoir m'arrêter): c'était pour la réplique furtive de [spoiler]la dissertation sur Jean-Luc Reichman, personnage historique.[/spoiler]


Ca fait du bien de temps en temps.
Voilà, le même avis.
Seule la scène où Hervé engueule sa mère dans la salle de bains me parait raté, l'acteur semblant vouloir en rajouter après chaque insulte.
Le film est quand même assez drôle, et je me suis un peu reconnu dans quelques scènes (qui ne sont pas celles du spiritisme, ni de se branler dans une chaussette :fiou: ), je trouve que le réalisateur a visé juste dans la description de ces ados.
D'ailleurs, les personnages sont tellement sympathiques que ça ne me déplairait pas de voir une suite à leur "évolution" sentimentale, sexuelle...
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Megalomanu »

Enfin un teen-movie à la française réussi ! Et je parle de vrai teen-movie, pas de teen-movie pervers comme l'excellent "Steak".
Ici, c'est vraiment un idéal de cinéma populaire, c'est bien écrit, bien joué, vraiment drôle et sans cynisme. Sattouf aime ses personnages, même s'il les montre souvent sous un angle peu glorieux, et je dois dire qu'à la fin du film, au moment de les quitter, je les aimais aussi. Il y a plein de vraies bonnes idées, de gags neufs, de nouvelles têtes. C'est vraiment très frais et c'est un bon film pour l'été. J'espère qu'il va cartonner, il le mériterait vraiment en tout cas.
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Shin Cyberlapinou
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Re: Les Beaux gosses (Riad Sattouf, 2009)

Message par Shin Cyberlapinou »

Le film est plutôt réussi (de bonnes idées, et j'aime bien cette esthétique lo-fi), mais même en partant du principe que le trait est grossi, j'ai trouvé ces jeunes limite haïssables dans leur médiocrité. Et le visuel c'est limite du Cronenberg, avec ces peaux grasses, ces duvets douteux, ces regards vides et surtout ces superbes boutons bien purulents. Beaucoup louent le mélange de méchanceté et de tendresse du film, perso j'ai surtout vu une répulsion limite viscérale (un peu rattrapée par le joli final), un peu comme Punch Drunk Love est pour moi la comédie romantique la plus misanthrope de tous les temps. Peut-être que c'est moi qui projette sur l'oeuvre mon antipathie pour la caste adolescente, mais en même temps je n'ai même pas 30 ans...
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