FEVRIER 2018
FILM DU MOIS:
La forme de l'eau, de Guillermo del Toro (2018) 9/10 - Croisement du conte, du récit d'horreur et de cinéma classique hollywoodien, la forme de l'eau est un régal visuel, auditif, porté par un casting inspiré qui joue le jeu à fond et laisse une émotion durable.
FILMS DECOUVERTS:
Les baisers de secours, de Philippe Garrel (1989) 6/10 - Très narcissique et peu travaillé, on pourra y apprécier la sincérité des uns et des autres, la vérité de certaines séquences. Mais le tout manque singulièrement de cinéma.
Adua et ses compagnes, d'Antonio Pietrangeli (1960) 8,5/10 - Une comédie italienne qui vire, de façon inexorable, au drame, aussi superbement filmé qu'inspiré par un casting passionnant.
La juste route /
1945, de Ferenc Török (2017) 8/10 - Un film à la tension soutenue, dans lequel la survenue d'un évènement se rattachant au passé suffit à faire exploser rancoeurs et hontes étouffées. Glaçant et ponctué de plans magnifiques.
The last family /
Ostatnia rodzina, de Jan P. Matuszynski (2016) 8/10 - Un role en or pour Andrzej Seweryn que ce peintre surréaliste qui vit avec sa famille. Entre témoignage de l'histoire de la Pologne et chronique d'une famille plus ou moins dysfonctionnelle, un film qui s'appuie sur les innombrables archives filmées de l'artiste, et se révele passionnant.
Five Star Final, de Mervyn Leroy (1931) 9/10 - Un redoutable récit inscrit dans les méfaits de la presse à sensation, aussi poignant que troublant. Edward G. Robinson est impérial, et Karloff fait un vicelard de premier ordre.
L'insulte, de Ziad Doueiri (2017) 8,5/10 - Un film qui creuse les mécanismes de la haine et interroge le vivre ensemble d'une société qui a connu la guerre civile. Brillant, souvent émouvant, mais aussi très pédagogique, même s'il s'agit avant tout d'une fiction passionnante.
Gaspard va au mariage, d'Anthony Cordier (2018) 8/10 - Une comédie atypique, qui bénéficie beaucoup de l'akchimie de son casting et d'une BO assez vive et adaptée à ce récit d'un zoo familial en fin d'activité. Une excellente surprise.
Macario, de Roberto Gavaldon (1960) 8/10 - Un conte moral aussi drole que joliment tourné, qui puise dans les traditions mexicaines et la situation sociale du pays.
Jauja, de Lisandro Alonso (2014) 6/10 - Visuellement très abouti, ce film oscille entre surréalisme et contemplation, dans une errance en Patagonie qui demande un peu de patience...
Rio 40 Graus, de Nelson Pereira dos Santos (1955) 7/10 - Sorte de film choral entre un Rio de Janeiro en pleine croissance et des favelas qui en dépendent...
Mandarines, de Zaza Urushadze (2013) 8/10 - En Abkhazie, un estonien qui n'a pas fui la guerre soigne deux blessés issus des camps belligérants. Pas très novateur au fond, mais la vérité humaine de ce film a manifestement besoin d'être répétée, encore et toujours. Ici, c'est fait avec talent.
Les misérables, de Richard Boleslawski (1935) 4/10 - Cette version très hollywoodienne sabre dans le récit de Hugo, et sacrifie tout à son récit de réhabilitation impossible. C'est lourdement asséné, les personnages manquent de nuance, et le film manque d'action ou de dialogues (ou des deux).
Jusqu'à la garde, de Xavier Legrand (2018) 8,5/10 - Tout est réussi dans ce film sur un (ex-)mari jaloux et violent. Si certains pourront déplorer que le film approche la situation par un biais assez "courant", la vérité du récit, portée par une mise en scène magistrale, n'en est que plus grande. Denis Menochet, notamment, restera dans les mémoires pour cette incroyable incarnation.
Le 15h17 pour Paris, de Clint Eastwood (2018) 4/10 - Hommage aux héros du TGV, le film d'Eastwood se garde bien d'y apporter une touche personnelle ou d'y apporter un contrepoint. Cinématographiquement, c'est un peu dommage...
Le rituel, de David Bruckner (2017) 7/10 - Variation efficace sur le thème ultrabalisé des touristes dans un coin perdu de campagne, avec un refoulé qui ressurgit et de vieilles croyances...Pas mal fichu, mais rien de très surprenant.
La montagne sacrée, de Alejandro Jodorowsky (1973) 8/10 - Un film surréaliste et mystique à l'imagerie visuelle d'une inventivité de tous les instants. Le récit de quête de soi relève plutôt d'une série de tableaux, et reste assez lache, mais l'inventivité et le sens poétique de chaque image du film force l'admiration et émerveille le spectateur.
Mère Jeanne des anges, de Jerzy Kawalerowicz (1961) 7,5/10 - Un film plastiquement très abouti, qui aborde la possession sous un angle philosophico-métphysique, parfois un peu abscons. Restent quelques séquences très fortes et marquantes, et un final abrupt qu'on n'est pas près d'oublier. Définitivement à voir.
Blue Collar, de Paul Schrader (1978) 7/10 - Un polar à ancrage social marqué, bien fichu, mais qui manque parfois de tension et peine à dépasser sa thèse de départ...
L'apparition, de Xavier Giannoli (2018) 8/10 - Un récit dans les coulisses ecclésiastiques, un Vincent Lindon hanté par un drame, une intrigue qui progresse par touches et sollicite l'intelligence de son public. Décidément, le cinéma de Giannoli reste passionnant, même si ici l'émotion est un chouia en retrait.
The Passenger, de Jaume Collet-Serra (2018) 7/10 - Un polar paranoïaque, efficace et tendu, où quelques scènes spectaculaires viennent relancer l'action et épater le spectateur. Pas très surprenant, mais bien sympa.
Phantom thread, de Paul Thomas Anderson (2018) 8,5/10 - Derrière ce beau récit d'élégance britannique, à la mise en scène d'une précision sublime, se cache le nouveau portrait d'une relation ambivalente et mortifère, tout à fait intrigant et remarquable. Un grand film qui gagnera certainement à la révision.
XXY, de Lucia Puenzo (2007) 7/10 - Sur un sujet casse-gueule (l'hermaphrodisme), la cinéaste parvient à tenir un équilibre et offrir un film qui allie portrait et reflexion. Intéressant.
El bonaerense, de Pablo Trapero (2002) 6/10 - Sorte de film social sur un jeune garçon qui rejoint la police d'un quartier populaire argentin, entre magouilles et népotisme... Dommage que le film hésite trop entre fiction et documentaire, on reste intrigué mais pas vraiment convaincu.
Ni juge, ni soumise, de Yves Hinant et Jean Libon (2018) 8/10 - Un film qui a le mérite de mettre en avant une magistrate atypique, certaines affaires qu'elle traite, et offre un regard cru sur les coulisses du monde occidental...
Procès de singe, de Stanley Kramer (1960) 6/10 - J'ai décidément un problème avec Kramer. Malgré la superbe photo d'Ernest Laszlo, la qualité du casting et du texte, le film surjoue la parole, la prolonge indéfiniment en une sorte de pensum ou de diarhée verbale assommante. Le film n'est pas mauvais, mais il est tellement en dessous de ce qu'il pourrait être...
Chained for life, de Harry L. Fraser (1952) 5/10 - Médiocre film qui alterne séquences de music-hall et scènes de procès mal joués, qui reste dans les mémoires du cinéma pour son sujet, des soeurs siamoises dont l'une est coupable de meurtre...
The Mutations, de Jack Cardiff (1974) 8/10 - Alliant freakshow et grotesque pseudo-scientifique, ce film un peu fou est ponctué de séquences mémorables et délicieuses, même s'il en fait toujours un peu trop, à l'image de son savant fou incarné par un Donald Pleasance aux yeux écarquillés. L'amateur s'amusera vraiment.
Black Panther, de Ryan Coogler (2018) 6/10 - Il manque à ce film de super-héros un peu d'humour ou d'inventivité, mais le grand message anti-oppression interdit tout humour ou fantaisie. Dommage, il reste un film pas vraiment mauvais, mais pas très bon non plus.
I, Tonya, de Craig Gillespie (2018) 8/10 - En déconstruisant ce fait divers et en le replaçant dans une série de témoignages fictifs qu'illustre le film, Gillespie dévie son film vers une réflexion sur le déterminisme social et la vraie nature de l'Amérique et de son rêve, notamment vis-à-vis de sa population blanche défavorisée. Riche et bien fichu.
Salon Mexico, de Emilio Fernandez (1949) 5/10 - Joli mélodrame social porté par une Marga López admirable en mère courage, mais le film en fait trop, et les clichés s'accumulent trop à mon gout pour que le film décolle vraiment.
Forgotten, de Hang-jun Zhang (2017) 7/10 - Malgré une intrigue assez tarabiscotée et des retournements de situation à répétition, on se laisse entrainer par l'intrigue et émouvoir par ce récit, tant le rythme et la mise en scène parviennent à maintenir la tension.
The Cloverfield Paradox, de Julius Onah (2018) 3/10 - Merci à Netflix de renouer avec la tradition du DTV si nul qu'il faut le voir avec des amis pour rire des dialogues ou de la bêtise des personnages... Dommage que ça se fasse sur le dos d'une franchise...
Susana la perverse, de Luis Bunuel (1951) 6,5/10 - Dans ce récit d'une femme intrigante qui s'empare d'un lieu par la séduction, on sent Bunuel un peu contraint, les transitions sont souvent trop abruptes et extrêmes pour qu'on y croit, et le tout manque de l'humour qui caractérisera son oeuvre ultérieure. Ca reste un film intéressant, mais qui laisse une impression de potentiel inexploité...
FILMS REVUS:
La La Land, de Damien Chazelle (2016) 10/10 - Nouvelle révision heureuse de ce film, qui est pour moi désormais un classique.
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- janvier 2011=Incendies (Villeneuve)
février 2011=Portrait of Jennie (Dieterle)
mars 2011=Orgueil et préjugés (Wright)
avril 2011=Murder by Contract (Lerner)
mai 2011=Vincent, François, Paul, et les autres (Sautet)
juin 2011=Les contes cruels du Bushido (Imai)
juillet 2011=Underworld (Von Sternberg)
aout 2011=L'heure suprême (Borzage)
septembre 2011=L'Apollonide, souvenirs de la maison close (Bonello)
octobre 2011=The ox-bow incident (Wellman)
novembre 2011=The Movie Orgy (Dante)
décembre 2011=Mission Impossible : le protocole fantôme (Bird)
janvier 2012=Take Shelter (Nichols)
février 2012=Gentleman Jim (Walsh)
mars 2012=Le miroir (Tarkovski)
avril 2012=Divorce à l'italienne (Germi)
mai 2012=La cabane dans les bois (Goddard)
juin 2012=Les meilleures années de notre vie (Wyler)
juillet 2012=Feux dans la plaine (Ichikawa)
aout 2012=Wichita (Tourneur)
septembre 2012=Baraka (Fricke)
octobre 2012=Les grandes espérances (Lean)
novembre 2012=Man Hunt (Lang)
décembre 2012=Wings (Shepitko)
janvier 2013=Les dimanches de Ville d'Avray (Bourguignon)
février 2013=Wings (Wellman)
mars 2013=Le bossu de Notre-Dame (Wise & Trousdale)
avril 2013=Comme des frères (Gélin)
mai 2013=Walkabout (Roeg)
juin 2013=Kekexili (Chuan)
juillet 2013=Doro no kawa (Oguri)
aout 2013=My Childhood (Douglas)
septembre 2013=Hoop Dreams (James)
octobre 2013=Pique-nique à Hanging Rock (Weir)
novembre 2013=Du rififi chez les hommes (Dassin)
decembre 2013=Heimat, chronique d'un rêve (Reitz)
janvier 2014=Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse (Bahr & Hickenlooper)
fevrier 2014=The Grand Budapest Hotel (Anderson)
mars 2014=Voyage à Tokyo (Ozu)
avril 2014=Untel père et fils (Duvivier)
mai 2014=Seuls sont les indomptés (Miller)
juin 2014=Les harmonies Werckmeister (Tarr)
juillet 2014=La maison des geishas (Fukasaku)
aout 2014=The Act of Killing (Oppenheimer)
septembre 2014=White God (Mundruczó)
octobre 2014=Gone Girl (Fincher)
novembre 2014=Odd Man Out (Reed)
decembre 2014=Le retour (Zvyagintsev)
janvier 2015=Le Soleil brille pour tout le monde (Ford)
février 2015=Le vent (Sjostrom)
mars 2015=Eté précoce (Ozu)
avril 2015=The taking of Tiger Mountain (Hark)
mai 2015=Mad Max: Fury Road (Miller)
juin 2015=Vice versa (Docter)
juillet 2016=Johnny BelindaN(Negulesco)
aout 2015=Selon la loi (Koulechov)
septembre 2015=Gosses de Tokyo (Ozu)
octobre 2015=La baie sanglante (Bava)
novembre 2015=La vie passionnée de Vincent van Gogh (Minelli)
decembre 2015=La chanteuse de Pansori (Kwon-Taek)
janvier 2016=L'ange exterminateur (Bunuel)
février 2016=Le vieux Manoir (Stiller)
mars 2016=Un temps pour vivre, un temps pour mourir (Hsiao Hsien)
avril 2016=Vivre sa vie (Godard)
mai 2016=Nazarin (Bunuel)
juin 2016=Voyage à travers le cinéma français (Tavernier)
juillet 2016=Et tournent les chevaux de bois (Montgomery)
août 2016=Le festin de Babette (Axel)
septembre 2016=La region salvaje (Escalante)
octobre 2016=The Deep Blue Sea (Davies)
novembre 2016=La fille de Brest (Bercot)
decembre 2016=The Mermaid (Chow)
janvier 2017=Le cheval de Turin (Tarr)
fevrier 2017=Loving (Nichols)
mars 2017=The Lost City of Z (Gray)
avril 2017=Saving Sally (Liongoren)
mai 2017=The Tin Star (Mann)
juin 2017=Comme un torrent (Minnelli)
juillet 2017=Le monde lui appartient (Walsh)
aout 2017=Taking off (Forman)
septembre 2017=Trois pages d'un journal (Pabst)
octobre 2017=Long Weekend (Eggleston)
novembre 2017=Chasse au gang (de Toth)
decembre 2017=The Florida Project (Baker)
janvier 2018=Coco (Unkrich & Molina)