Alexandre Angel a écrit :Il ne s'agit pas seulement d'une alternative aux "marvelleries" dominantes : on a aussi affaire à un film original, inhabituel. Le contraire du déjà vu, pour moi.
Personnellement, au cours du visionnage du film, je n'ai cessé de penser à un tas d'autres films (voir ci-dessous), très généralement en défaveur de
Joker. Le film n'a en ce qui me concerne rien d'original : il s'agit en gros de la fusion de deux formules (d'une part, le "polar" urbain craspec désespéré à la
Taxi Driver /
Un Justicier dans la ville de M. Winner /
Bad Lieutenant d'A. Ferrara, ... ; d'autre part, le film dont le protagoniste est un malade mental qui imagine certains personnages / certaines situations, ce qui rend ambiguës certaines scènes vues antérieurement).
Taxi Driver
- L'époque à laquelle se déroule le film.
- De Niro, qui jouait le protagoniste dans le film de Scorsese, tient un rôle secondaire dans
Joker.
- Le protagoniste est un paria vivant dans un NY sale et en proie au crime. Il souffre de problèmes psychologiques et est incapable de nouer une relation amoureuse.
- La scène où le protagoniste pointe son arme dans son appartement
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- - Le protagoniste souhaite commettre un ultime acte de violence et change de plan au dernier moment (assassinat d'un politicien -> assassinat de proxénètes / suicide -> meurtre de Murray).
- Le mime d'un suicide par balle
La Valse des pantins
- L'époque à laquelle se déroule le film.
- De Niro, qui jouait le protagoniste dans le film de Scorsese, reprend
grosso modo dans
Joker le rôle tenu par Jerry Lewis dans
La Valse des pantins (l'humoriste sensé et célèbre confronté à un comique raté et cinglé).
- Le protagoniste est un comédien raté qui adule un humoriste animant une émission télé et qui fantasme certaines situations.
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- - Le protagoniste torture / tue en direct son idole.
- Malgré les actes répréhensibles qu'il a commis, le protagoniste devient finalement adulé par la population.
Raging Bull
- Le changement de poids extrême de l'acteur principal
- Le protagoniste est un comique pas très drôle (à la fin de
Raging Bull, au début de
Joker).
- Les scènes devant le miroir
-
Network, main-basse sur la télévision
- Le protagoniste, ayant manifestement besoin d'assistance psychologique, devient involontairement le maître à penser des masses, présentées comme décérébrées.
-
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Un animateur TV est abattu en direct.
- Le plan avec tous les écrans qui s'en suit.
The Machinist
- L'amaigrissement extrême de l'acteur principal
- Le film vaut plus pour son acteur principal qu'autre chose.
-
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Un des personnages est inventé par le protagoniste / certaines scènes ne se sont pas déroulées comme montré initialement. L'origine du trouble du personnage est un twist.
Un Justicier dans la ville (Michael Winner)
- L'époque à laquelle se déroule le film.
- La scène dans la métro avec les employés de WayneTech
- Le protagoniste, vivant dans un NY sale et en proie au crime, confronté à l'incompétence / la corruption des autorités, décide de se rendre justice à lui-même.
Fight Club
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- - Le protagoniste, souffrant de troubles psychiatriques, a inconsciemment lancé un groupuscule révolutionnaire / un mouvement de révolte.
- La portée politique du film est grandement amoindrie parce que ce leader est un malade mental.
A Beautiful Day
- Le caractère suicidaire du protagoniste / le jeu de Joaquin Phoenix
- Le protagoniste, célibataire, vit toujours chez sa mère âgée, dont il s'occupe.
The Master
- La caractérisation du protagoniste / le jeu de Joaquin Phoenix
Batman (1989)
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- - Le Joker provoque (in)directement la mort des parents Wayne.
O'Malley a écrit :Le film d'ailleurs renoue ponctuellement avec une certaine tradition de la Warner, qui avait disparu depuis une bonne dizaine d'années, à la fois de faire des films socialement ancrés à la lisière du polar et des films subversifs. En beaucoup moins réussi pour ma part mais le fait que le film existe est déjà en soi une bonne chose.
Le film peut au contraire être interprété comme conservateur : les autorités / élites sont montrées comme incompétentes / méprisantes / corrompues et elles défendent envers et contre tout leurs "sbires". Mais les "indignés" de la populace s'empressent de choisir un fou comme modèle et commettent des actes de vandalisme, des meurtres, ... Donc il vaut mieux en fin de compte que rien ne change.