Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Supfiction »

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ballantrae a écrit :Alice et le maire 8.5/10
Très bon film qui peut effectivement rappeler Quai d'Orsay mais avec d'autres couleurs, un autre ton, d'autres enjeux. La mélancolie est omniprésente alors que chez B Tavernier dominait le rythme trépidant et les annotations aussi précises que drôles.Lyon est magnifiée, les acteurs remarquables ( Lucchini n'avait pas été aussi sobre depuis bien longtemps/A Demoustier est une actrice capable d'un nuancier formidable).
Flol a écrit :
Alexandre Angel a écrit :ça décalque quand même le Quai d'Orsay, de Tavernier.
J'y ai beaucoup pensé aussi, et ce n'était pas à l'avantage du film de Pariser tant le Tavernier est constamment vivifiant et pétillant, sans tomber forcément dans l'aspect morne et ennuyeux de l'étalage de sa grande intelligence (ce qui plombe à certains moments Alice et le Maire).
zemat a écrit :ALICE ET LE MAIRE: 3,5/10
Heureusement qu’Anaïs Demoustier est de quasi toutes les scènes pour relever l’intérêt, car sinon je me serais très vite ennuyé... Vraiment circonspect sur le message porté par le film, on se demande tout le temps où le réalisateur veut nous emmener,
Spoiler (cliquez pour afficher)
la réponse étant bien sûr "nulle part"...
Bon, j'ai apprécié tout de même le contenu du discours à la fin.
Effectivement, le film part un peu dans toutes les directions et on a parfois du mal à identifier le sens du film. Je pense qu'une seconde vision permettra de clarifier le propos de Nicolas Pariser. L'argument de départ peut faire penser à Quai D’Orsay, mais c'est en fait un film très différent, sur la forme bien entendu (l'un étant une farce et presque une BD, l'autre beaucoup plus réaliste) mais sur le fond encore davantage. Alice et le maire est un film bien plus ambitieux. Il entend interroger les rapports entre les idées et l'exercice du pouvoir, entre l'action et la réflexion.
Il y a des choses bien senties qui vont au-delà de la critique de l'administration et des arcanes du pouvoir, comme par exemple la manière d'accueillir les recrues dans une organisation ou les barrières invisibles et subtilement imposées entre niveaux hiérarchiques qui sont autant de frein à la créativité et la motivation. C'est particulièrement vrai en entreprise où l'on balance de plus en plus facilement les gens sur des projets en attendant beaucoup tout en donnant très peu.
Mais le film part dans d'autres directions. Il se moque par exemple des grands projets municipaux ("Lyon 2500 !") sortis de cellules marketing et qui sont surtout de la poudre de perlimpinpin pour motiver équipes et électeurs à aller de l'avant, même si c'est du vent.
Le film évoque aussi les petites (et grandes) ambitions contrariées, la duplicité des uns ou l'exploitation des autres.
Le personnage principal n'est pas Luchini mais Anais Demoustier qui joue une nouvelle fois un personnage de jeune femme (trop) intelligente mais qui se cherche. Et Luchini est une nouvelle fois un homme de pouvoir et de culture. Les deux acteurs sont un peu dans leur zone de confort (grâce à l'imagination des producteurs) mais ils arrivent à s'en libérer au moins partiellement. Ainsi Demoustier joue un personnage moins naïf que par le passé et Luchini un maire "en panne de carburant" et en demande d'idées et d'énergie de jeunes recrues. "Vous êtes philosophe." "Non, j'ai donné des cours de philosophie"
Le maire Luchini fait écho à celui auquel il était confronté chez Rohmer dans L'arbre, le maire et la médiathèque), joué à l'époque par Pascal Gregory. Je crois d'ailleurs que Nicolas Pariser a été assistant de Rohmer.
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Jeremy Fox
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Jeremy Fox »

Comme Le Grand jeu, son précédent opus, un film intelligent et lucide, très bien écrit et surtout superbement interprété par le duo Demoustier/Luchini, le comédien ayant rarement été aussi sobre.
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tenia
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Re: RE: Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par tenia »

Jeremy Fox a écrit :Comme Le Grand jeu
Zut. :|
Un de mes ennuis les plus profonds en salles de ces dernières années.
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Supfiction
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Re: RE: Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Supfiction »

tenia a écrit :
Jeremy Fox a écrit :Comme Le Grand jeu
Zut. :|
Un de mes ennuis les plus profonds en salles de ces dernières années.
Telerama a adoré.
https://www.telerama.fr/cinema/nicolas- ... 135570.php
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Wulfa
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Wulfa »

(Les Cahiers du Cinéma ont bien aimé aussi, avec un entretien assez intéressant du réalisateur)

Séance très plaisante malgré quelques maladresses propres au film à thèse. Au début les personnages ne semblaient exister que par les idées qu'ils devaient incarner. Mais quand on découvre au fur et à mesure, chez chaque personnage, ce désarroi profond face à la vie et la politique, c'est la bienveillance du réalisateur pour chacun d'entre eux qui a fini de m'emporter.
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Je regrette cependant que seuls les intellectuels soient finalement mis en valeur dans le film ; même si le réalisateur n'y va pas de main morte sur leur critique et leur impuissance politique, c'est dommage de ne pas avoir eu d'autres points de vue plus nuancés (le personnage de l'artisan demeurera finalement figé dans une posture de borné)
Dernière modification par Wulfa le 11 août 21, 18:07, modifié 1 fois.
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Flol »

Perso, un monde dans lequel des gens qui ne se seraient pas vu depuis 7 ans se mettent immédiatement à parler de leurs penchants politiques juste après s'être enfin retrouvés, j'ai un petit peu du mal à y croire.
Et c'est pour moi la limite de ce film, très intelligent comme je l'ai dit, mais qui semble un peu s'écouter parler à certains moments.
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Thaddeus
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Thaddeus »

Wulfa a écrit :
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le personnage de l'artisan demeurera finalement figé dans une posture de borné)
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Je ne trouve pas vraiment que le réalisateur l'enferme dans cette posture-là. Son amertume vis-à-vis du milieu politique s'entend, ses préjugés peuvent se comprendre. Et le film a préalablement pris soin de valoriser le discours qu'il tient quant à la préservation du patrimoine culturel et artisanal, contre les excès de la modernité. Je trouve que c'est un beau personnage, même si la dernière scène où il apparaît laisse transparaître le léger agacement d'Alice à l'égard de son point de vue.
Flol a écrit :Perso, un monde dans lequel des gens qui ne se seraient pas vu depuis 7 ans se mettent immédiatement à parler de leurs penchants politiques juste après s'être enfin retrouvés, j'ai un petit peu du mal à y croire.
Je comprends le reproche, mais (à l'instar de certains Rohmer, d'ailleurs) je ne suis pas sûr que le film vise au réalisme et à la crédibilité absolue des situations. Il a un petit côté théorique qu'il assume tout à fait, en organisant un débat d'idées dont il exclut presque tout le reste. C'est sa force et sa modestie de rester fixer sur cette dimension-là, quitte à rigidifier un peu le programme (bien qu'à titre personnel, je trouve que toute passe crème). Si j'avais une réserve à formuler, elle porterait plutôt sur le discours final rédigé par Alice et le maire, que je trouve presque trop caricatural ("les banquiers c'est les méchants"), et peu plausible dans la virulence avec laquelle il s'attaque aux "enfants de la République".
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Wulfa
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Wulfa »

Thaddeus a écrit :
Wulfa a écrit :
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le personnage de l'artisan demeurera finalement figé dans une posture de borné)
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Je ne trouve pas vraiment que le réalisateur l'enferme dans cette posture-là. Son amertume vis-à-vis du milieu politique s'entend, ses préjugés peuvent se comprendre. Et le film a préalablement pris soin de valoriser le discours qu'il tient quant à la préservation du patrimoine culturel et artisanal, contre les excès de la modernité. Je trouve que c'est un beau personnage, même si la dernière scène où il apparaît laisse transparaître le léger agacement d'Alice à l'égard de son point de vue.
J'entends tous tes arguments : le personnage est effectivement mis plusieurs fois en valeur. Simplement un petit pincement au cœur de rester sur cette dernière image de lui.
Thaddeus a écrit :Si j'avais une réserve à formuler, elle porterait plutôt sur le discours final rédigé par Alice et le maire, que je trouve presque trop caricatural ("les banquiers c'est les méchants")
Tout à fait d'accord. Je me suis même senti un peu gêné pour les braves et modestes banquiers dans la salle de cinéma à ce moment là, obligés de subir de telles attaques répétées !
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Supfiction »

Ballard73 a écrit :Alice et le Maire

Un film très intéressant pour son point de vue politique. Rien de sensationnel, mais les films sur la politique en France étant assez rares, il comble un manque certain. On trouve dans le 2nd long métrage de Pariser une dénonciation du diktat de la communication politique comme seul et unique gouvernail des hommes politiques français, pour lesquels les idées (surtout à gauche) ont cessé de se transformer en actions politiques. Mélancolique, le film est truffé de références littéraires et politiques. Côté acteurs, Luchini en fait moins que d'habitude, une bonne chose ! Demoustier est brillante (de dos aussi d'ailleurs....^^).
Au rayon des aspects négatifs, on reprochera au réalisateur de ne s'intéresser qu'à une "certaine" gauche, celles des intellectuels, et j'ai parfois eu un peu le sentiment que le film tournait sur lui même, comme des intellectuels qui s'écouteraient un peu trop parler. Un très bon film tout de même. 7,5 / 10.
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par Bogus »

Du bon cinéma français très plaisant, Luchini excellent de sobriété et vraiment touchant dans ce rôle de politicien en bout de course.
Mais comme beaucoup ici j’ai du mal à voir la finalité du propos, ça tourne un peu en rond et le projet présidentiel arrive un peu tard, il manque une vrai progression dans l’histoire je trouve.
Aussi on ne sait pas trop à quoi servent les personnages secondaires (le relieur, l’écolo zinzin...) et puis parfois le côté « on est entre gens de bonne compagnie » (donc de gauche) m’a un poil agacé.
Le meilleur moment du film: la scène sur le Clair de lune de Debussy.
batfunk
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Re: Alice et le maire (Nicolas Pariser - 2019)

Message par batfunk »

Très beau film, élégant et intelligent avec un questionnement intéressant sur le sens et la pratique de l'action politique aujourd'hui. Luchini et Desmoutier sont parfaits, deux individus paumés qui vont se trouver et s'épanouir à nouveau. Une relation qui m'a beaucoup fait penser à celle de Serrault et Béart dans Nelly et Mr Arnaud de Sautet,sans l'amour platonique.
Cette vie hors sol de la politique, questionnée par le film en 2018 est d'autant plus troublante rétrospectivement , surtout à la lumière des résultats des dernières élections....

7.5/10
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