Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Karras
Howard Hughes
Messages : 15374
Inscription : 15 avr. 03, 18:31
Liste DVD
Localisation : La cité du Ponant

Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Karras »

Image
Générique
Nationalité : Américain
Réalisateur : Benny Safdie, Josh Safdie
Acteurs : Adam Sandler, Julia Fox, The Weeknd
Genre : Drame
Durée : 2h15
Date de sortie : 31 janvier 2020 sur Netflix
Année de production : 2019
Titre Original : Uncut Gems
L'histoire
Un propriétaire de bijouterie, au sein de Diamond District à New York, et revendeur à ses heures perdues, voit sa vie bouleversée lorsque sa marchandise est volée.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Reprise du topic classement :
Supfiction a écrit :Uncut Gems : 5/10
Fatiguant mais palpitant aussi. Et ça louche beaucoup sur L’impasse. En beaucoup moins bien évidemment.
Karras a écrit :Uncut Gems (7/10) : Adam Sandler fait un peu trop son Pacino, mais l'épilogue du film est d'une efficacité redoutable.
Flol a écrit :Uncut Gems : 8/10
Haletant et étouffant, un thriller méga intense qui m'a laissé littéralement le souffle coupé. Sandler est incroyable, la musique est incroyable, la photo est incroyable.
Et le cinéma des Safdie n'en finit plus de monter en puissance.
Demi-Lune a écrit : UNCUT GEMS (Joshua et Ben Safdie) : 3/10
Watkinssien a écrit : Voilà, on stoppe l'enthousiasme général les gars! :wink:
Disons que les effets tapageurs qui se trouvaient déjà dans Good time (lequel offrait tout de même quelques portraits en creux de la marginalité saisissants, et un ride mieux négocié dans son impitoyable loi de Murphy) ont, ici, été démultipliés sans retenue pour constituer un film "rail de coke" où tout est surexcité, fatigant et donc horripilant. Dès le générique avec cette caméra qui rentre littéralement dans la pierre précieuse pour slalomer entre des p'tits reflets en 3D, et finir dans un même mouvement continu dans le colon d'Adam Sandler, je me suis dit que l'expérience, au forceps, allait être très pénible... et rien n'est malheureusement venu faire mentir ce pressentiment, ni l'abattage insupportable du comédien (que je n'ai jamais apprécié, ceci dit), ni les vociférations gavantes de toute la galerie de personnages qui se la pètent ou s'agitent en permanence comme s'ils avaient bu cinquante Red Bull, ni la bande originale mi-Vangelis mi-grandiloquente avec ses chœurs ridicules, ni le bouc et les dents blanches ultra chelous d'Adam Sandler (oui je sais, déso mais j'ai bloqué dessus tout du long), ni l'intrigue, incompréhensiblement outrancière avec son enchaînement de péripéties que je conçois être mécaniquement prenantes (par effet de rythme endiablé) mais qui m'ont paru d'une bêtise confondante (ex : j'ai absolument besoin de fric et je reçois une pierre qui va être mise aux enchères pour 1 million et qui va me permettre de me remettre à flots, mais t'inquiète, je te la prête mec, c'est cool).
Bref, gros mal de crâne au sortir de ce film certes échevelé, mais mal écrit et au final peu consistant, de mon point de vue.

Sur la mécanique infernale de la dette, des paris sportifs et de l'addiction autodestructrice, narcissique (et quasi jouissive) de s'enfoncer toujours plus dans la mouise et espérer la délivrance d'un miracle, The Gambler de Karel Reisz avait tout dit et boxe dans une toute autre catégorie (mais je m'attends à ce qu'on me dise que ce n'est pas comparable).
Avatar de l’utilisateur
MJ
Conseiller conjugal
Messages : 12485
Inscription : 17 mai 05, 19:59
Localisation : Chez Carlotta

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par MJ »

Demi-Lune a écrit :avec son enchaînement de péripéties que je conçois être mécaniquement prenantes (par effet de rythme endiablé) mais qui m'ont paru d'une bêtise confondante (ex : j'ai absolument besoin de fric et je reçois une pierre qui va être mise aux enchères pour 1 million et qui va me permettre de me remettre à flots, mais t'inquiète, je te la prête mec, c'est cool).
On appelle ça le sublime. Mais dès le fameux raccord de l'ouverture c'est un film marqué par une identification entre la crasse et la transcendance (selon une équation assez freudienne de l'analité et du diamant).
On peut croire au départ que tout ça est affaire de mesquinerie (le côté combinard de Howard, ou la nature de la relation avec sa petite amie) puis le film amène ses protagonistes à témoigner d'une vraie noblesse au milieu de tout cela : ce type et cette fille sont prêts à tout pour se sentir en vie. C'est aussi ce à quoi semble aspirer Garnett, outre (et inclus dans) le caractère superstitieux de son acquisition, une noblesse qui transcende les rapports marchands habituels (quelque chose de beaucoup plus sauvage, plus proche aussi de la pensée magique.) Ce sont des gens qui se comportent en grands princes, même si ça doit les entraîner au fond du gouffre, parce que c'est le prix à payer pour la beauté du geste. Et ce qu'il y a de grisant dans le film, c'est que les protagonistes aux comportements (même dans un cadre criminel) plus "normaux" sont ceux qui finalement paraissent mesquins, à côté de cette panique euphorique, de cette compulsion à rejouer son existence même à chaque coup. (Je me dis que ça ferait un film assez amusant à montrer à des personnes à qui on viendrait juste d'avoir exposé la théorie du choix rationnel en économie.) Il n'est pas juste "à couper le souffle", mais vraiment euphorisant, en fait... et incroyablement drôle. Il y a quelque chose de la culture ashkénaze dans ce rapport sardonique à une alternance veine/déveine démesurée, où le plus drôle est peut-être que ça finit toujours par retomber du mauvais côté. Du point de vue de cette comédie, le choix de Sandler paraît une évidence : son jeu est saisissant de nuances, de timing, d'invention.
"Personne ici ne prend MJ ou GTO par exemple pour des spectateurs de blockbusters moyennement cultivés." Strum
Avatar de l’utilisateur
G.T.O
Egal à lui-même
Messages : 4846
Inscription : 1 févr. 07, 13:11

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par G.T.O »

Image

Uncut Gems - 3/10

Véritable assaut intenté aux sens, Uncut Gems , hystérisation du film d’emprise, le compulsif du jeu Howard Ratner ( Adam Sandler, tout en dentition et bouche entrouverte, mouais :| ), Uncut Gems, le nouveau film des Safdie, cherche à sidérer, mais abrutit, égare, et consterne. Aller vite et fort pour étourdir, semble être le crédo des Safdie, réalisateurs au dispositif hélas très limité, dont le sujet quelqu’il soit (ici l’addiction au jeu et ses justifications), est réduit à une vaine agitation, tremblement permanent, l’inverse d’une sècheresse de mise en scène allant à l’économie. Or ce règne du boursouflé, qui maintient le film dans une espère de surégime, témoigne d'une quasi pathologisation de la mise en scène qui ne se conçoit que sous le rapport du débordement, et du monstrueux: legs cassavetien confondu en caméra documentariste parkisonnienne, réalisme envisagé sous l’angle du vulgaire repoussant, procédés d’enlaidissement des visages, acteurs réduits à des bouches déformés qui hurlent ou des corps épileptiques, musique pompière synthético kitsch, grammaire réduit à de l'hyper gros plan, coloscopiques. Par cet écrêtage constant, et ce refus de descendre, le projet immersif des Safdie s'annule, leur intensité s’amenuise, le film devient un acouphène, incapable d’articuler le moindre espace de sortie, de temps intermédiaire, nécessaires à toute appréciation des moments forts. Un cinéma petit bras, très court, de l'hyper ventilation.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22223
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Supfiction »

MJ a écrit :Il y a quelque chose de la culture ashkénaze dans ce rapport sardonique à une alternance veine/déveine démesurée
Une sorte de Woody Allen beauf et vulgaire de l'ère Trump, en définitive.

Malheureusement, en découle un film extrêmement fatiguant à force d’accumulation de scènes où les acteurs hurlent les uns sur les autres. Là où Woody Allen donne une respiration à ses comédies (même dans Wonder Wheel), les Safdie ne donnent aucun répit aux spectateurs qui souffrent davantage encore qu'Adam Sandler de la succession des tracas qu'il se crée lui-même. La lassitude et l'exaspération sont dès lors à peine (ou pas) compensés par un suspense plutôt bien géré (s'en sortira, s'en sortira pas ?).
Avatar de l’utilisateur
Mosin-Nagant
Producteur
Messages : 9636
Inscription : 12 juin 14, 19:36
Localisation : "Made in America"

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Mosin-Nagant »

Très bon. Dommage qu'on a pas pu voir ça en salles. Film taillé pour le grand écran.
L'impasse? Mouais mais alors vite fait. Surtout ces frères, ensemble, ont une vraie patte.
Adam Sandler et le reste du casting sont très convaincants. Non, vraiment... très bon.
Image

You know my feelings: Every day is a gift. It's just, does it have to be a pair of socks?
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54841
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Flol »

Mosin-Nagant a écrit :L'impasse? Mouais mais alors vite fait. Surtout ces frères, ensemble, ont une vraie patte.
Idem. Absolument jamais pensé à De Palma, moi non plus. Y compris à la fin.
Mosin-Nagant a écrit :Adam Sandler et le reste du casting sont très convaincants. Non, vraiment... très bon.
Oui très. A lire G.T.O., j'ai vraiment l'impression qu'on n'a pas vu le même film. C'en est presque fascinant.
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22223
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Supfiction »

Flol a écrit :
Mosin-Nagant a écrit :L'impasse? Mouais mais alors vite fait. Surtout ces frères, ensemble, ont une vraie patte.
Idem. Absolument jamais pensé à De Palma, moi non plus. Y compris à la fin.
Le rapprochement avec Le Flambeur est surement plus évident pour son traitement du milieu des joueurs compulsifs mais ce n'est pas un film que j'ai suffisamment en tête contrairement à L'impasse. Carlito ne joue pas littéralement, il ne fait pas de paris mais joue sa partie de la même façon face aux mafieux avec qui il doit traiter. Dans ces deux films on retrouve la même tension et urgence finale avec le mirage de bonheur inaccessible incarnée par Julia Fox dans Uncut Gems et Penelope Ann Miller dans L'impasse.
Avatar de l’utilisateur
Wulfa
Doublure lumière
Messages : 469
Inscription : 24 mars 19, 08:52

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Wulfa »

Bon film dont la peinture d'un personnage totalement obsessionnel m'a semblé plutôt convaincante, ainsi que la photographie de Darius Khondji.

Cependant la mise en scène m'a semblé un peu moins libre et inventive que celle de Good Time (en dehors de la séquence d'ouverture et de clôture du film, quoique le deux frères n'inventent rien, et revendiquent apparemment une filiation kubrickienne... La scène de voyeurisme est plutôt fascinante aussi avec l'utilisation des portables dans le genre comico-gênant-mais-touchant-quand-même).

Je me permets par ailleurs à mon tour de réagir à la comparaison faite avec L'Impasse qui ne me convainc pas non plus (je n'y ai pas du tout pensé, alors que je l'avais revue 3 jours avant). Le personnage joué par Al Pacino et celui joué par Adam Sandler sont, pour moi, complètement différents, voire opposés : d'un côté on a un homme qui cherche à s'en sortir malgré les circonstances, et de l'autre un personnage qui utilise toutes les circonstances pour entretenir son obsession.
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17125
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Watkinssien »

Très divisé. D'un côté de voir une oeuvre agitée qui pulse constamment de manière sans doute maîtrisée, avec une photographie assez somptueuse, des galeries de personnages caractérisés de manière efficace.

De l'autre, l'impression de voir un mauvais Zulawski au pays du cinéma indépendant américain, où l'abrutissement sonore rend le film trop facilement hystérique, parfois artificiellement et surtout, contrairement à la majorité, j'ai trouvé Adam Sandler assez médiocre et c'est lui qui doit porter le film sur ses frêles épaules.

Du coup, Uncut Gems est à l'image de sa musique, anachronique, insupportable mais assez audacieux, tout en se démarquant de manière insolite. Raté mais foisonnant, haletant et agaçant à la fois.
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54841
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Flol »

Watkinssien a écrit :j'ai trouvé Adam Sandler assez médiocre et c'est lui qui doit porter le film sur ses frêles épaules.
(...)
Du coup, Uncut Gems est à l'image de sa musique, anachronique, insupportable mais assez audacieux
Ça fait beaucoup d'adjectifs à la suite tout ça, du coup j'ai un peu de mal à situer ton avis j'avoue.
Notamment en ce qui concerne la musique, faite de nappes et de loops synthétiques (agrémentées parfois de chœurs chelous mais moi j'aime bien) dans la droite lignée d'un Vangelis période Blade Runner.
Et je trouve ce son 80's (devenu presque la norme aujourd'hui) particulièrement en phase avec l'esthétique du film, en particulier la photo incroyable de Deakins.
Avatar de l’utilisateur
G.T.O
Egal à lui-même
Messages : 4846
Inscription : 1 févr. 07, 13:11

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par G.T.O »

Flol a écrit :
Watkinssien a écrit :j'ai trouvé Adam Sandler assez médiocre et c'est lui qui doit porter le film sur ses frêles épaules.
(...)
Du coup, Uncut Gems est à l'image de sa musique, anachronique, insupportable mais assez audacieux
Ça fait beaucoup d'adjectifs à la suite tout ça, du coup j'ai un peu de mal à situer ton avis j'avoue.
Notamment en ce qui concerne la musique, faite de nappes et de loops synthétiques (agrémentées parfois de chœurs chelous mais moi j'aime bien) dans la droite lignée d'un Vangelis période Blade Runner.
Et je trouve ce son 80's (devenu presque la norme aujourd'hui) particulièrement en phase avec l'esthétique du film, en particulier la photo incroyable de Deakins.
Tu veux dire la photo de Darius Khondji ? :wink:
Avatar de l’utilisateur
Supfiction
Charles Foster Kane
Messages : 22223
Inscription : 2 août 06, 15:02
Localisation : Have you seen the bridge?
Contact :

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Supfiction »

Watkinssien a écrit :oeuvre agitée
abrutissement sonore
hystérique
haletant et agaçant à la fois.
On se rejoint bien sur ces adjectifs là.
Avatar de l’utilisateur
Flol
smells like pee spirit
Messages : 54841
Inscription : 14 avr. 03, 11:21
Contact :

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Flol »

G.T.O a écrit :Tu veux dire la photo de Darius Khondji ? :wink:
Yep pardon.
Avatar de l’utilisateur
Demi-Lune
Bronco Boulet
Messages : 14973
Inscription : 20 août 09, 16:50
Localisation : Retraité de DvdClassik.

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Demi-Lune »

G.T.O a écrit :Tu veux dire la photo de Darius Khondji ? :wink:
C'est pas Tahar Rahim ?
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 17125
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Uncut Gems (Benny & Josh Safdie - 2019)

Message par Watkinssien »

Supfiction a écrit :
Watkinssien a écrit :oeuvre agitée
abrutissement sonore
hystérique
haletant et agaçant à la fois.
On se rejoint bien sur ces adjectifs là.
Pour être très méchant, on pourrait résumer Uncut Gems de cette manière:
Image
Image

Mother, I miss you :(
Répondre