La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- Stagiaire
- Messages : 10
- Inscription : 6 août 09, 15:08
La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Je viens de voir ce film pour la première fois, n'appréciant pas du tout Alain Delon, il n'était pas dans mes priorités...
Je ne sais trop quoi en penser au final. (attention, semi SPOILERS dans ce qui va suivre)
J'ai apprécié le mélange des genres : film psychologique et sentimental la première heure, puis policier.
J'ai trouvé la tension entre le quatuor de personnages (Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet et Jane Birkin) intéressante, bien que parfois surjouée. La scène la plus réussie étant à mes yeux celle du repas chinois, sommet d'incertitude, de non-dit et de tension sexuelle. Le fait qu'aucune des relations sexuelles soupçonnées ne soient explicitement révélée au spectateur à l'image renforce bien ces sentiments. La rivalité masculine et dominatrice entre Ronet et Delon est bien rendue.
Cependant, j'ai trouvé le film un peu trop poussif dans son esthétique, une caricature de film français pour étrangers à la recherche de carte postale. Eva Mendes, dans une interview, récemment, décrivait Alain Delon dans la piscine comme son homme idéal. C'est assez symbolique de l'impression que j'en ai : la chaleur du sud, la maison de campagne, Schneider et Delon, sont les éléments d'un tableau au style "pompier" sur la jeunesse dorée française de l'époque telle que fantasmée outre-atlantique. Il faut dire que je suis assez facilement irrité par des scènes de lassivité et d'ennui chez la jeune bourgeoisie, quel que soit le film
Je suis assez partagé au final, entre l'impression de tension psychologique et celle de légèreté, de maniérisme et d'esthétisme complaisant. Je ne sais pas trop si je vais conserver ce film, alors je compte sur vos commentaires pour me faire basculer dans un sens ou dans l'autre
Je ne sais trop quoi en penser au final. (attention, semi SPOILERS dans ce qui va suivre)
J'ai apprécié le mélange des genres : film psychologique et sentimental la première heure, puis policier.
J'ai trouvé la tension entre le quatuor de personnages (Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet et Jane Birkin) intéressante, bien que parfois surjouée. La scène la plus réussie étant à mes yeux celle du repas chinois, sommet d'incertitude, de non-dit et de tension sexuelle. Le fait qu'aucune des relations sexuelles soupçonnées ne soient explicitement révélée au spectateur à l'image renforce bien ces sentiments. La rivalité masculine et dominatrice entre Ronet et Delon est bien rendue.
Cependant, j'ai trouvé le film un peu trop poussif dans son esthétique, une caricature de film français pour étrangers à la recherche de carte postale. Eva Mendes, dans une interview, récemment, décrivait Alain Delon dans la piscine comme son homme idéal. C'est assez symbolique de l'impression que j'en ai : la chaleur du sud, la maison de campagne, Schneider et Delon, sont les éléments d'un tableau au style "pompier" sur la jeunesse dorée française de l'époque telle que fantasmée outre-atlantique. Il faut dire que je suis assez facilement irrité par des scènes de lassivité et d'ennui chez la jeune bourgeoisie, quel que soit le film
Je suis assez partagé au final, entre l'impression de tension psychologique et celle de légèreté, de maniérisme et d'esthétisme complaisant. Je ne sais pas trop si je vais conserver ce film, alors je compte sur vos commentaires pour me faire basculer dans un sens ou dans l'autre
-
- Producteur
- Messages : 9706
- Inscription : 15 oct. 10, 21:58
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
On ne peut pas vraiment parler de film sur la "jeunesse dorée", les personnages ayant une bonne trentaine (l'un deux a même une fille d'une vingtaine d'années, interprétée par Jane Birkin). Film sur une certaine bourgeoisie non pas totalement oisive, mais en vacances ? Peut-être, mais ce n'est pas essentiel.C'est surtout un drame psychologique sur les rapports amour-haine-jalousie entre 4 personnes.Et pas un film noir ou un polar (même s'il y a un mort).Ni même un (mélo)drame sentimental.Ce qui peut dérouter quand on découvre le film (il y a en effet peut d'action dans ce film, qui est un des meilleurs de Deray, assez loin de ses polars -ça peut dérouter aussi).
-
- Producteur
- Messages : 9462
- Inscription : 9 mai 09, 12:14
- Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
C'est vrai que La piscine fait parfois un peu carte postale ensoleillée de vacances chicos idéales avec un quatuor de magnifiques animaux (Delon, Ronet, Schneider et Birkin, ça a de la gueule), une villa somptueuse, une belle Italienne (la Maserati Ghibli)... Je vais une fois de plus sortir une énormité mais je trouve que le film de Deray a quelque chose d'un vrai-faux remake de Plein soleil et (me frappez pas !) en mieux.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Joseph L. Mankiewicz
- Commissaire Juve
- Charles Foster Kane
- Messages : 24573
- Inscription : 13 avr. 03, 13:27
- Localisation : Aux trousses de Fantômas !
- Contact :
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Film chic et toc à mes yeux. Aucun intérêt.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
-
- Producteur
- Messages : 9706
- Inscription : 15 oct. 10, 21:58
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Je ne vais pas te taper (même si, personnellement, je préfère Plein soleil), tant les films ont des points communs, en ce qui concerne Delon et Ronet. Plus qu'un vrai-faux remake, une vraie-fausse suite d'un Plein soleil où le meurtre n'aurait pas eu lieu ...Federico a écrit :C'est vrai que La piscine fait parfois un peu carte postale ensoleillée de vacances chicos idéales avec un quatuor de magnifiques animaux (Delon, Ronet, Schneider et Birkin, ça a de la gueule), une villa somptueuse, une belle Italienne (la Maserati Ghibli)... Je vais une fois de plus sortir une énormité mais je trouve que le film de Deray a quelque chose d'un vrai-faux remake de Plein soleil et (me frappez pas !) en mieux.
Swimming Pool de Ozon n'est pas un remake déguisé, malgré un cadre comparable et quasiment le même titre.
-
- Entier manceau
- Messages : 5463
- Inscription : 7 sept. 05, 13:49
- Localisation : Entre Seine et Oise
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
J'ai été déçu par ce film, qui ne tient que par l'interprétation, dans sa fièvre et l'expression d'une sensualité inquiétante (tout est dit dès la scène inaugurale). Les enjeux du scénario, notamment la confrontation attendue Delon/Ronet, restent de bout en bout assez sommaires, et manquent de rigueur scénaristique.
- Major Tom
- Petit ourson de Chine
- Messages : 22225
- Inscription : 24 août 05, 14:28
- Contact :
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Comme vous. J'aime bien l'ensemble de loin. On a envie d'y être. Pas dans l'intrigue banale avec meurtre à la clef, mais dans cette piscine, avec la villa, la température redoutable du climat comme de ses excitants (sur le plan physique) héros comprenant la plus belle femme du monde, et d'être à la place du chauffeur dans la bagnole qu'on rêve de conduire, etc. Le tout est enrobé sous une atmosphère et un soleil méditerranéens, c'est bien retranscrit. Une pub de vacances. Deray a dû demander cher à Oury pour qu'il puisse utiliser dans La Vengeance du serpent à plumes le célèbre extrait du seul rebondissement de son film.
-
- Producteur
- Messages : 9706
- Inscription : 15 oct. 10, 21:58
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Et combien pour la pub (pour un parfum ou une eau de toilette, je crois) qui utilise un extrait du film ?
-
- Accessoiriste
- Messages : 1952
- Inscription : 24 févr. 08, 09:48
- Localisation : la rochelle
- Demi-Lune
- Bronco Boulet
- Messages : 14977
- Inscription : 20 août 09, 16:50
- Localisation : Retraité de DvdClassik.
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
La princesse de Montpensier m'ayant gonflé au bout de 20 minutes (coucou Rick ), ma télécommande a décidé de se rabattre sur La piscine que je connaissais déjà. Je ne dirais pas que c'est un film très réussi - en vérité c'est assez chiant et creux, les enjeux psychologiques restant des plus superficiels, et ce n'est pas très bien joué - mais c'est un film qui possède une ambiance hypnotique qui rachète ses faiblesses. Tout fonctionne sur la sensitivité/sensualité dégagées par les images. L'oisiveté sous une chaleur caniculaire, la charge érotique dégagée autour de la piscine, les regards, les non-dits, la beauté des acteurs, la musique jazz de Legrand... Deray ritualise la lenteur, forçant le spectateur à être bercé par un rythme en perpétuelle suspension et cependant dérangeant, car on sent que le feu couve sous la glace, que tout peut éclater à tout moment. Certaines scènes sont vraiment électriques. Comme disait Major Tom, il n'y a qu'un seul rebondissement dans tout le film et pourtant il est à sa manière captivant dans son "vide". J'aime bien.
-
- Producteur
- Messages : 9462
- Inscription : 9 mai 09, 12:14
- Localisation : Comme Mary Henry : au fond du lac
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Je l'ai pris en cours de route hier et je me suis malgré fait bêtement happer. Mais je rejoins Demi-Lune : le jeu des acteurs est très inégal comme si Deray, fasciné par leur charme, ne les avait pas suffisamment recadrés. Schneider et Ronet sont en tout cas beaucoup plus convaincants que Delon (carrément faux dans certaines séquences) et la pauvre Jane qu'on sent encore très mal à l'aise avec le "fwanssé" et qui récite avec application plus qu'elle ne dit son texte. Par contre, qu'est-ce qu'elle est mimi dans son bikini blanc...Demi-Lune a écrit :La princesse de Montpensier m'ayant gonflé au bout de 20 minutes (coucou Rick ), ma télécommande a décidé de se rabattre sur La piscine que je connaissais déjà. Je ne dirais pas que c'est un film très réussi - en vérité c'est assez chiant et creux, les enjeux psychologiques restant des plus superficiels, et ce n'est pas très bien joué - mais c'est un film qui possède une ambiance hypnotique qui rachète ses faiblesses. Tout fonctionne sur la sensitivité/sensualité dégagées par les images. L'oisiveté sous une chaleur caniculaire, la charge érotique dégagée autour de la piscine, les regards, les non-dits, la beauté des acteurs, la musique jazz de Legrand... Deray ritualise la lenteur, forçant le spectateur à être bercé par un rythme en perpétuelle suspension et cependant dérangeant, car on sent que le feu couve sous la glace, que tout peut éclater à tout moment. Certaines scènes sont vraiment électriques. Comme disait Major Tom, il n'y a qu'un seul rebondissement dans tout le film et pourtant il est à sa manière captivant dans son "vide". J'aime bien.
Un détail qui m'a littéralement... sauté aux yeux, c'est le catalogue chromatique des quatre regards clairs, chacun avec sa teinte et son éclat particuliers.
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
Joseph L. Mankiewicz
Joseph L. Mankiewicz
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99692
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Quelle belle surprise ! Je n'aurais pas cru que Deray arriverait à me captiver deux heures durant à partir d'une histoire aussi mince, filmant des oisifs désœuvrés pendant un mois d'été au bord d'une piscine, chacun cachant ses malaises et pour certains leur ennui.
J'ai été complètement happé par le rythme lent et le charisme dégagé par un Alain Delon mystérieux et touchant que j'ai trouvé étonnement bon contrairement à beaucoup ici. Il dégage un mal être et un ennui par ses seuls gestes et regards puisque c'est peut-être le personnage le plus laconique du film. Romy Schneider est parfaite elle aussi ; quant à Maurice Ronet et Jane Birkin ils complètent parfaitement la distribution de ce quatuor estival et sensuel. Et puis Deray sait qu'il filme des canons de la beauté dans un cadre idyllique et s'en donne à cœur joie pour le plus grand plaisir des spectateurs. La dernière demi-heure, après le 'drame', m'a semblé un peu en deçà mais Paul Crauchet s'avère lui aussi formidable dans le rôle de l'inspecteur de police. Non vraiment un très bon film d'atmosphère, un captivant drame psychologique et un bel exercice de style que je préfère aussi largement à Plein Soleil.
7/10
J'ai été complètement happé par le rythme lent et le charisme dégagé par un Alain Delon mystérieux et touchant que j'ai trouvé étonnement bon contrairement à beaucoup ici. Il dégage un mal être et un ennui par ses seuls gestes et regards puisque c'est peut-être le personnage le plus laconique du film. Romy Schneider est parfaite elle aussi ; quant à Maurice Ronet et Jane Birkin ils complètent parfaitement la distribution de ce quatuor estival et sensuel. Et puis Deray sait qu'il filme des canons de la beauté dans un cadre idyllique et s'en donne à cœur joie pour le plus grand plaisir des spectateurs. La dernière demi-heure, après le 'drame', m'a semblé un peu en deçà mais Paul Crauchet s'avère lui aussi formidable dans le rôle de l'inspecteur de police. Non vraiment un très bon film d'atmosphère, un captivant drame psychologique et un bel exercice de style que je préfère aussi largement à Plein Soleil.
7/10
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24161
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Content !
D'autant plus que je trouve que ce n'est pas forcément un film facile d'abord, même s'il me semble difficile de ne pas être séduit par l'esthétique du film (et plus particulièrement par la beauté de ses actrices )
D'autant plus que je trouve que ce n'est pas forcément un film facile d'abord, même s'il me semble difficile de ne pas être séduit par l'esthétique du film (et plus particulièrement par la beauté de ses actrices )
Il faudrait un jour que je prenne le temps de développer mais je considère Deray comme un cinéaste vraiment intéressant, suffisamment fort techniquement pour réussir ce genre d'exercice de style, et de manière plus générale pour s'emparer de sujets ou d'histoires un peu atypique dans le cinéma français - et particulièrement dans le cinéma de genre - pour en faire des réussites. Je pense particulièrement à la direction artistique et au choix des décors qui me semblent souvent très réussis chez lui, je ne pense pas que ce soit une coïncidence. Évidemment je pense ici à sa période 65-80, pas à la fin de sa carrière qui est plus discutable. Mais de Avec la peau des autres à 3 hommes à abattre il tourne une grosse dizaine de film très intéressants et ne manquant pas d'originalité je trouve.Jeremy Fox a écrit :Je n'aurais pas cru que Deray arriverait à me captiver deux heures durant à partir d'une histoire aussi mince
- Jeremy Fox
- Shérif adjoint
- Messages : 99692
- Inscription : 12 avr. 03, 22:22
- Localisation : Contrebandier à Moonfleet
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Rick Blaine a écrit : D'autant plus que je trouve que ce n'est pas forcément un film facile d'abord
C'est clair ; j'imagine que beaucoup s'y ennuieront à mourir. Il ne se passe quasiment rien (si ce n'est lors de cette fameuse scène que je ne suis pas loin d'avoir trouvé insoutenable) : tout passe à travers les regards, les gestes, les mouvements des personnages. Et je trouve au contraire que la direction d'acteurs est impressionnante dans ce film. Rarement Delon m'aura fait une telle impression.
- Rick Blaine
- Charles Foster Kane
- Messages : 24161
- Inscription : 4 août 10, 13:53
- Last.fm
- Localisation : Paris
Re: La Piscine (Jacques Deray - 1969)
Oui, je le pense aussi.Jeremy Fox a écrit :Et je trouve au contraire que la direction d'acteurs est impressionnante dans ce film.
Et ce n'est pas un cas isolé, par exemple Delon me semble aussi très bien dirigé - dans un autre registre - dans Flic Story.
On a souvent fait le raccourci Deray = yes man de Delon, c'est surement vrai pour leur deux derniers films mais dans les années 70 Deray le dirigeait incontestablement (et visiblement Delon acceptait d'être dirigé). Ca donne de très bons résultats.