Pour ma part, j'arrive à reconnaître un film de Klapisch quand je le vois. Je n'aime pas tout, mais ce cinéaste m'apparaît comme l'un des plus talentueux cinéastes français à avoir émergé dans les années 90.
Bien sûr, quand je devine les grands noms cités en sous-texte, comme Fritz Lang, Luchino Visconti et consorts, je ne mettrais jamais Klapisch dans le même bain. Là on touche à mon sens à des Maîtres de cinéma.
Néanmoins, Klapisch se distingue du tout-venant auteuriste français, par sa personnalité propre. Ce n'est pas un grand formaliste, mais il a définitivement un style d'écriture. Ainsi, il apparaît comme un cinéaste soucieux du détail, du geste, du mouvement.
Même dans un film comme
Un Air de Famille dont l'intelligence serait l'apanage de ces deux auteurs que sont Bacri et Jaoui, je maintiens que le film ne serait pas aussi remarquable sans le regard du cinéaste porté sur le matériau d'origine. Klapisch puise sans fond dans la caractérisation de ses personnages et cela se traduit par un travail sur le rythme. Un découpage élaboré, l'utilisation de la lumière participent à une forme stylistique de Klapisch, cinéaste collé à la contemporanéité des récits qu'il met en scène. La vision de Klapisch sur le monde racontée par ses intrigues sont propres à une personnalité, et peut donc ne pas plaire. En revanche, souvent sa mise en scène se révèle aboutie, pas dans un déluge de virtuosité formelle (quoique certains moments précis échappent à un délire formaliste qui signifie toujours quelque chose), mais dans un traitement classique, à hauteur de ses personnages. A l'évidence, il aime filmer les acteurs, mais également le corps (comme l'atteste son magnifique documentaire
Aurélie Dupont danse l'Espace d'un Instant sorti l'année dernière), puis les combine harmonieusement dans un contexte social immédiatement actuel, puis à travers le plaisir de les narrer à travers un genre spécifique (le polar, la comédie sociale, le film choral, la science-fiction et même le porno
).
Son dernier film,
Ma Part du Gâteau est tout à fait caractéristique de ces éléments et le mariage fonctionne de manière totale. C'est une véritable tragicomédie, dont la teneur socio-politique exclue les aboutissement du mélodrame. La mise en scène est impeccable, chaque séquence fonctionne par son rythme varié, alternant la naissance d'une romance, le regard cynique et désabusé, la générosité humaniste et la grandeur des sentiments.