C'est pourtant la première chose qui m'a frappée en découvrant le film de Vidor. Certes les films ont leur propre traitement et vision de la guerre mais j'ai trouvé des points communs entre les 2 films (la scène dans le trou de mortier avec le soldat qui reste avec cet ennemi qui meurt). Après c'est vrai que le film de Vidor est avant tout un superbe film d'amour là où le film de Milestone s'appuie sur la puissance de ces scènes de combat et sur sa démonstration de la connerie de la guerre.Ann Harding a écrit :Je ne suis pas sûre qu'il y ait réellement une filiation entre The Big Parade et All Quiet on the Western Front
King Vidor (1894-1982)
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Re: King Vidor (1894-1982)
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Re: King Vidor (1894-1982)
Belles captures, commentaires enthousiastes pour un film magnifique.
Je l'avais trouvé très rythmé visuellement, d'ailleurs.
Dans sa bio, King Vidor raconte que "The big parade" est sa première expérimentation de tournage avec un métronome (l'apogée étant la séquence de creusement du sillon destiné a guider l'eau dans "Our daily bread").
Pour dynamiser certaines séquences, il va les rythmer, notamment la séquence au cours de laquelle les soldats US avancent en forêt, et que des snipers embusqués en descendent.
Cela donne (de mémoire) un truc genre :
- Tic : les soldats se disposent en ligne avant d'entrer dans la forêt
- Tac : avancée des soldats en ligne
- Tic : des soldats s'écroulent
- Tac : d'autres comblent les trous
- Tic : avancée des soldats
- Tac : des soldats s'écroulent
- Tic : d'autres comblent les rangs
- ...
Mais tout comme Feb, la séquence du retour à domicile m'avait marquée : il devrait y avoir de la joie, du soulagement (malgré la sympathique et enjouée Renée Adoré restée, vivante ?, en France).
Et là le spectateur découvre la mutilation, en même temps que la famille.
Un très belle réussite des années 20, de mon point de vue, un film qui figurerait aisément dans mon top 100 si je m'y penchais.
Je l'avais trouvé très rythmé visuellement, d'ailleurs.
Dans sa bio, King Vidor raconte que "The big parade" est sa première expérimentation de tournage avec un métronome (l'apogée étant la séquence de creusement du sillon destiné a guider l'eau dans "Our daily bread").
Pour dynamiser certaines séquences, il va les rythmer, notamment la séquence au cours de laquelle les soldats US avancent en forêt, et que des snipers embusqués en descendent.
Cela donne (de mémoire) un truc genre :
- Tic : les soldats se disposent en ligne avant d'entrer dans la forêt
- Tac : avancée des soldats en ligne
- Tic : des soldats s'écroulent
- Tac : d'autres comblent les trous
- Tic : avancée des soldats
- Tac : des soldats s'écroulent
- Tic : d'autres comblent les rangs
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Mais tout comme Feb, la séquence du retour à domicile m'avait marquée : il devrait y avoir de la joie, du soulagement (malgré la sympathique et enjouée Renée Adoré restée, vivante ?, en France).
Et là le spectateur découvre la mutilation, en même temps que la famille.
Un très belle réussite des années 20, de mon point de vue, un film qui figurerait aisément dans mon top 100 si je m'y penchais.
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- Lubitsch, maître du hors-champ et de la suggestion ; "J'aime faire appel à l'intelligence du spectateur"
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(paladin - investigateur)
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Re: King Vidor (1894-1982)
MerciSilenttimo a écrit :Belles captures, commentaires enthousiastes pour un film magnifique.
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Re: King Vidor (1894-1982)
La garce de King Vidor était sorti dans la collection Warner Archives dont on aimerait d'ailleurs bien avoir des nouvelles
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Re: King Vidor (1894-1982)
Le Grand passage dans la fameuse et superbe collection Classics Confidential.
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Re: King Vidor (1894-1982)
J'aime Le Grand Passage et je trouve Julien Leonard assez sévère dans sa critique. J'ai quant à moi apprécié le fait que le film essaie de rendre compte des sentiments des pionniers de l'époque vis-à-vis des indiens et qu'il évite de faire un portrait politiquement correct (et donc avec une morale anachronique ne rendant pas compte de l'esprit du temps) de la geste du Major Rogers. C'est un film dont le récit, tiré de faits en partie réels, mérite d'être contextualisé.
On peut également noter que le film est tiré d'un célèbre roman historique de Kenneth Roberts (Northwest Passage), best seller en son temps, et qui reste très aimé aux Etats-Unis (à ce titre, une autre contextualisation pourrait être faite quand on parle du film, à partir du roman qui fut publié en 1937).
On peut également noter que le film est tiré d'un célèbre roman historique de Kenneth Roberts (Northwest Passage), best seller en son temps, et qui reste très aimé aux Etats-Unis (à ce titre, une autre contextualisation pourrait être faite quand on parle du film, à partir du roman qui fut publié en 1937).
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Re: King Vidor (1894-1982)
Je suis du même avis concernant ce très beau film de Vidor...
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Re: King Vidor (1894-1982)
Je l'ai été encore plus dans mon avis. Et je trouve la conclusion de Julien tout à fait juste ; le film manque singulièrement d'ampleur pour une telle épopée.Strum a écrit :J'aime Le Grand Passage et je trouve Julien Leonard assez sévère dans sa critique.
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Re: King Vidor (1894-1982)
Je m'en souviens, on en avait brièvement discuté et je n'étais pas d'accord avec toi.Jeremy Fox a écrit :Je l'ai été encore plus dans mon avis. Et je trouve la conclusion de Julien tout à fait juste ; le film manque singulièrement d'ampleur pour une telle épopée.
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Re: King Vidor (1894-1982)
Enfin, par rapport à la série qui en a été tiré et dont la plupart des épisodes ont été réalisé par Jacques Tourneur (je suis triste pour lui d'avoir fini aussi bas), le film de Vidor fait office d'immense chef-d'oeuvre.Strum a écrit :Je m'en souviens, on en avait brièvement discuté et je n'étais pas d'accord avec toi.Jeremy Fox a écrit :Je l'ai été encore plus dans mon avis. Et je trouve la conclusion de Julien tout à fait juste ; le film manque singulièrement d'ampleur pour une telle épopée.
Hâte de pouvoir le revoir grâce au DVD
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Re: King Vidor (1894-1982)
Je suis d'accord avec la contextualisation nécessaire pour apprécier certains films (pour ne pas dire tous) de l'âge d'or hollywoodien. Et je remets très souvent les films dans leur contexte, de façon générale.
Là, à l'inverse, une fois n'est pas coutume, j'ai décidé d'être sévère. Tout simplement parce que je n'ai pas réussi à regarder le film sans tenir compte du discours qui m'a profondément dérangé, plus qu'aucun autre (vraiment). C'est un ressenti personnel. Pour le reste, j'aurais pu être moins hostile au film si seulement il avait techniquement été bluffant. Je ne trouve pas que ce soit le cas, c'est même un bon cran en-dessous d'une bonne partie des très nombreux grands spectacles produits par les Majors à l'époque. En clair, et pour résumer : c'est assez beau et bien fichu, mais ça ronronne tranquillement. En fin de compte, je reste sur l'idée que c'est un film important, comme beaucoup d'autres, mais pas exceptionnel.
Mais bon, je comprends tout à fait ton opinion Strum, et à fortiori parce que c'est un film qui divise beaucoup en fin de compte. Mais bon, allez, j'ai plutôt apprécié et ai mis une note assez sympa quand même (j'ai hésité à mettre un peu mieux...).
Là, à l'inverse, une fois n'est pas coutume, j'ai décidé d'être sévère. Tout simplement parce que je n'ai pas réussi à regarder le film sans tenir compte du discours qui m'a profondément dérangé, plus qu'aucun autre (vraiment). C'est un ressenti personnel. Pour le reste, j'aurais pu être moins hostile au film si seulement il avait techniquement été bluffant. Je ne trouve pas que ce soit le cas, c'est même un bon cran en-dessous d'une bonne partie des très nombreux grands spectacles produits par les Majors à l'époque. En clair, et pour résumer : c'est assez beau et bien fichu, mais ça ronronne tranquillement. En fin de compte, je reste sur l'idée que c'est un film important, comme beaucoup d'autres, mais pas exceptionnel.
Mais bon, je comprends tout à fait ton opinion Strum, et à fortiori parce que c'est un film qui divise beaucoup en fin de compte. Mais bon, allez, j'ai plutôt apprécié et ai mis une note assez sympa quand même (j'ai hésité à mettre un peu mieux...).
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Re: King Vidor (1894-1982)
Je viens de le découvrir, je suis assez d'accord avec Jeremy, Le Grand Passage m'a paru manquer d'énergie, de souffle. Certaines péripéties sont agréables à suivre, mais il manque l'ampleur qui fait les grand films. Malgré Spencer Tracy que j'aime beaucoup, et une galerie de personnages fort plaisante, il manque quelque chose pour répondre aux attentes que je pouvais avoir. Au final un film d'aventure agréable mais oubliable.Jeremy Fox a écrit :Je l'ai été encore plus dans mon avis. Et je trouve la conclusion de Julien tout à fait juste ; le film manque singulièrement d'ampleur pour une telle épopée.Strum a écrit :J'aime Le Grand Passage et je trouve Julien Leonard assez sévère dans sa critique.
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Re: King Vidor (1894-1982)
The Wedding Night (1935)
Tony Barret est un écrivain en panne d'inspiration. Sur les conseils de son éditeur, il se retire à la campagne avec son épouse. Il y fait la connaissance de Maya, une jeune femme polonaise. Intrigue et fascine par ses manières simples et sa franchise, Barret s'inspire d'elle pour créer le personnage de son nouveau roman.
The Wedding Night est un superbe mélodrame où la veine romantique se mêle avec brio aux grands thèmes sociaux chers à King Vidor, prolongeant certaines réflexion de La Foule et annonciateur de celles au centre du Rebelle et An American Romance. A l'opposé des grandes fresques constituant ces films, The Wedding Night se pare d'un ton profondément délicat, intimiste et attachant. L'histoire dépeint la rencontre de deux être qui n'auraient jamais dû se croiser. Tony Barret (Gary Cooper) est un écrivain en panne d'inspiration et dont les excès alcoolisés viennent de lui valoir le refus de son dernier manuscrit par son éditeur. Criblé de dette, il décide de s'exiler un temps à la campagne dans la maison de son enfance avec son épouse Dora (Helen Vinson) pour s'atteler à un nouvel ouvrage. Lasse de ce quotidien ennuyeux, Dora s'éclipse dès que l'horizon financier s'éclaircit avec la vente d'une parcelle de terrain aux voisins émigrants polonais. Tony va pourtant choisir de rester car il s'est trouvé une nouvelle source d'inspiration : Maya (Anna Sten), la jolie et travailleuse jeune fille de ses voisins polonais.
Vidor tisse avec une grande finesse le lien entre les deux personnages. Viveur superficiel et fainéant (avec de nombreux gags sur son inaptitude domestique à la campagne), Tony est fasciné par le caractère franc et doux de Maya qui saura le repousser et rire de lui lors de ses maladroites avances. Il décide d'en faire l'héroïne de son nouveau roman et les moqueries de celle-ci le stimulent au point de lui soumettre ses nouveaux chapitres chaque matin lorsqu'elle vient lui livrer du lait. Maya se trouve à son tour subjuguée par la délicatesse inattendue de cet homme à travers les passages inspirés qu'il lui lit. Il représente finalement pour elle une ouverture sur le monde, loin de cette existence rurale morose et surtout loin de l'enfermement ressenti au sein de la communauté polonaise où elle vit.
Vidor aborde intelligemment les problèmes posés à ses émigrants installés aux Etats-Unis. Le père joué par Sig Ruman annonce ainsi le héros de An American Romance avec pour tous deux une ambition et volonté de réussir qui en font peu à peu des entrepreneurs puissant ce pays d'accueil (culture du tabac dans The Wedding Night, industrie de l'acier dans An American Romance). Le revers de cette réussite est que les efforts consentis en ont fait des êtres dur et insensible, réfractaire au compromis. Dans An American Romance Brian Donlevy s'oppose à toute les revendications sociales de ses ouvriers quand ici le père cherche à marier sa fille de force à un polonais (le fameux terrain acheté faisant office de dot) sans se préoccuper de ses sentiments. Vidor dépeint avec chaleur et humour les mœurs pittoresques de cette communauté polonaise tout en en montrant les travers par son machisme (avec des femmes soumise et en retrait) et repli sur soi.
Dès lors chaque entrevue entre les deux amoureux qui s'ignore encore est une vraie respiration ressentie dès la première rencontre où un bref échange de regard tout est joué. Gary Cooper au summum de son attrait physique est brillant dans tous les registres ici tour à tour gaffeur, charmeur ou romantique. Il fait progressivement s'estomper la désinvolture de ce personnage blasé qui retrouve la flamme de l'écriture en même temps que celle de l'amour. Anna Sten est quant à elle des plus touchante en jeune femme aspirant à l'ailleurs. Recruté par Samuel Goldwyn pour être la nouvelle Garbo, l'actrice ukrainienne sera congédiée après une série d'insuccès ne retrouvera plus de rôle marquant après les années trente. Au vu de l'émotion qu'elle fait passer ici c'est bien dommage tant l'empathie face à son épanouissement amoureux et intellectuel (son visage rayonnant lors des lectures de Gary Cooper, ses airs radieux et apaisé lorsqu'il lui diffusera un concert de musique classique) mais aussi face à un terrible destin dont elle ne pourra réchapper.
Vidor déploie cette gamme de sentiment par une mise en scène sobre dont émerge peu à peu des touches de poésie plus prononcées tandis que le drame se noue tel cette poignante "première danse" de la mariée ou encore la vision finale de la silhouette de Gary Cooper brisé face à sa vitre. Il faut également saluer la prestation remarquable d’Helen Vinson en épouse délaissée, le début du film laisse entrevoir un personnage superficiel mais la dernière partie lui offre de nombreux moments forts où elle s'avère bien plus que cela par son dépit mêlé de compréhension pour les sentiments de l'homme qui s'éloigne d'elle pour une autre. Une belle réussite méconnue de Vidor. 5/6
Tony Barret est un écrivain en panne d'inspiration. Sur les conseils de son éditeur, il se retire à la campagne avec son épouse. Il y fait la connaissance de Maya, une jeune femme polonaise. Intrigue et fascine par ses manières simples et sa franchise, Barret s'inspire d'elle pour créer le personnage de son nouveau roman.
The Wedding Night est un superbe mélodrame où la veine romantique se mêle avec brio aux grands thèmes sociaux chers à King Vidor, prolongeant certaines réflexion de La Foule et annonciateur de celles au centre du Rebelle et An American Romance. A l'opposé des grandes fresques constituant ces films, The Wedding Night se pare d'un ton profondément délicat, intimiste et attachant. L'histoire dépeint la rencontre de deux être qui n'auraient jamais dû se croiser. Tony Barret (Gary Cooper) est un écrivain en panne d'inspiration et dont les excès alcoolisés viennent de lui valoir le refus de son dernier manuscrit par son éditeur. Criblé de dette, il décide de s'exiler un temps à la campagne dans la maison de son enfance avec son épouse Dora (Helen Vinson) pour s'atteler à un nouvel ouvrage. Lasse de ce quotidien ennuyeux, Dora s'éclipse dès que l'horizon financier s'éclaircit avec la vente d'une parcelle de terrain aux voisins émigrants polonais. Tony va pourtant choisir de rester car il s'est trouvé une nouvelle source d'inspiration : Maya (Anna Sten), la jolie et travailleuse jeune fille de ses voisins polonais.
Vidor tisse avec une grande finesse le lien entre les deux personnages. Viveur superficiel et fainéant (avec de nombreux gags sur son inaptitude domestique à la campagne), Tony est fasciné par le caractère franc et doux de Maya qui saura le repousser et rire de lui lors de ses maladroites avances. Il décide d'en faire l'héroïne de son nouveau roman et les moqueries de celle-ci le stimulent au point de lui soumettre ses nouveaux chapitres chaque matin lorsqu'elle vient lui livrer du lait. Maya se trouve à son tour subjuguée par la délicatesse inattendue de cet homme à travers les passages inspirés qu'il lui lit. Il représente finalement pour elle une ouverture sur le monde, loin de cette existence rurale morose et surtout loin de l'enfermement ressenti au sein de la communauté polonaise où elle vit.
Vidor aborde intelligemment les problèmes posés à ses émigrants installés aux Etats-Unis. Le père joué par Sig Ruman annonce ainsi le héros de An American Romance avec pour tous deux une ambition et volonté de réussir qui en font peu à peu des entrepreneurs puissant ce pays d'accueil (culture du tabac dans The Wedding Night, industrie de l'acier dans An American Romance). Le revers de cette réussite est que les efforts consentis en ont fait des êtres dur et insensible, réfractaire au compromis. Dans An American Romance Brian Donlevy s'oppose à toute les revendications sociales de ses ouvriers quand ici le père cherche à marier sa fille de force à un polonais (le fameux terrain acheté faisant office de dot) sans se préoccuper de ses sentiments. Vidor dépeint avec chaleur et humour les mœurs pittoresques de cette communauté polonaise tout en en montrant les travers par son machisme (avec des femmes soumise et en retrait) et repli sur soi.
Dès lors chaque entrevue entre les deux amoureux qui s'ignore encore est une vraie respiration ressentie dès la première rencontre où un bref échange de regard tout est joué. Gary Cooper au summum de son attrait physique est brillant dans tous les registres ici tour à tour gaffeur, charmeur ou romantique. Il fait progressivement s'estomper la désinvolture de ce personnage blasé qui retrouve la flamme de l'écriture en même temps que celle de l'amour. Anna Sten est quant à elle des plus touchante en jeune femme aspirant à l'ailleurs. Recruté par Samuel Goldwyn pour être la nouvelle Garbo, l'actrice ukrainienne sera congédiée après une série d'insuccès ne retrouvera plus de rôle marquant après les années trente. Au vu de l'émotion qu'elle fait passer ici c'est bien dommage tant l'empathie face à son épanouissement amoureux et intellectuel (son visage rayonnant lors des lectures de Gary Cooper, ses airs radieux et apaisé lorsqu'il lui diffusera un concert de musique classique) mais aussi face à un terrible destin dont elle ne pourra réchapper.
Vidor déploie cette gamme de sentiment par une mise en scène sobre dont émerge peu à peu des touches de poésie plus prononcées tandis que le drame se noue tel cette poignante "première danse" de la mariée ou encore la vision finale de la silhouette de Gary Cooper brisé face à sa vitre. Il faut également saluer la prestation remarquable d’Helen Vinson en épouse délaissée, le début du film laisse entrevoir un personnage superficiel mais la dernière partie lui offre de nombreux moments forts où elle s'avère bien plus que cela par son dépit mêlé de compréhension pour les sentiments de l'homme qui s'éloigne d'elle pour une autre. Une belle réussite méconnue de Vidor. 5/6
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Re: King Vidor (1894-1982)
De rien et très belle copie plus qu'à résoudre l'équation VLC