La rétrospective de la Cinémathèque s'est ouverte hier devant une salle Henri Langlois pleine à craquer (et un public à la moyenne d'âge très élevée!). Le programmateur Jean-François Roger rappelait d'ailleurs que la Cinémathèque fut longtemps l'unique lieu en France dans lequel on pût voir des films d'Ozu, que Langlois (actuellement à l'honneur d'
une exposition à Bercy, à l'occasion du centenaire de sa naissance) tenait à programmer et dont il ne comprenait pas qu'il ne soit pas importé comm un Kurosawa ou un Mizoguchi.
La restauration de
Fin d'automne (1960) par la Shochiku est une splendeur, il ne faudra pas en louper la ressortie par Carlotta Films le mercredi 30, ainsi que celle de
Bonjour (1959) ! Le film est particulièrement ample par le nombre de ses personnages et par la durée qu'il consacre à leurs chassés-croisés, prenant le temps de poser les enjeux que ceux-ci charrient pour chacun. De sorte qu'Ozu a tant de matière humaine qu'il finit par pouvoir faire glisser son "vaudeville" vers l'essentiel : la coexistence à la fois heureuse et problématique de personnages encore pleins de fraîcheur, de jeunesse et d'innocence voire d'insouciance... et d'autres que la mort guette déjà. Le personnage de la mère est d'autant plus bouleversant qu'il a pour nous "un passé cinématographique" : sa jeunesse éclatante et désormais perdue, on la connaît, c'est celle de son interprète Setsuko Hara dans
Printemps tardif (1949), où elle jouait la fille... Mais c'est surtout la manière dont Ozu enrobe le coeur mélodramatique et sombre de son film d'une enveloppe aux airs de comédie qui m'a fasciné et fait encore préférer cet auto-remake à l'original, extrêmement sobre et dépouillé, de 1949 !