La critique autrefois
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Re: La critique autrefois
Ouch, pas gentil pour Van Gogh... Mais c'est vrai que Greg est le Vent de Gogues de la TV...
Le cinéma : "Il est probable que cette marotte disparaîtra dans les prochaines années."
Extrait d'un article paru dans The Independent (1910)
http://www.notrecinema.com/
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Re: La critique autrefois
En Suède, quand le film est sorti, il a été interdit au moins de 15 ans. Il a aussi subi quelques petits coups de ciseaux de la censure (10 mètres de pellicule... un peu de violence et un peu de tripotage).Commissaire Juve a écrit :... j'ai re-survolé Monika (Bergman, 1953). Je serais curieux de voir les critiques Télérama pour ce dernier. Harriet Andersson montrant allègrement ses appas, j'imagine que ça a dû valoir au film une interdiction au moins de 16 ans ou un truc dans le genre...
Je crois avoir trouvé une critique française d'époque. Je vous en reparlerai.
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Re: La critique autrefois
Pour info, il existe une critique de Godard sur Monika (de 1958, pour sa première reprise en France.) : ça commence par cette phrase : "La reprise de Monika en circuit commercial est l'évènement cinématographique de l'année"
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Re: La critique autrefois
Amis conquérants de l'inutile, me revoilà... j'espère être lu par au moins "une" personne.
trouvé dans le Cinémonde du 14 mai 1954 (n°1032)
Accueil favorable comme on le voit. Et les plans dénudés n'ont visiblement effarouché personne !
trouvé dans le Cinémonde du 14 mai 1954 (n°1032)
Monika (Ingmar Bergman, 1953)
Monika révèle une suédoise brune.
Tenir l'affiche pendant un an dans une grande capitale, c'est, pour le moins, une performance. Et une sûre garantie de qualité. Depuis Mademoiselle Julie et Elle n'a dansé qu'un seul été, Stockholm n'avait réservé à aucun film un accueil comparable à celui qu'il fit à Monika. Lequel réalisa une exclusivité de onze mois dans les plus grandes salles de la ville.
A cela deux explications au moins : Monika est le plus beau poème de l'érotisme que le cinéma suédois ait écrit, et peut-être même le cinéma mondial. Il révèle en outre une des plus troublantes actrices qu'il soit aujourd'hui donné de voir : Harriet Andersson.
Chaque image est chargée de symboles. Chaque geste est lourd de signification. Entre la nature [...] et les personnages, les échanges sont subtils et la compréhension semble réciproque [...] Le tout composé savamment, en des images qu'on voudrait pouvoir détacher chacune, tant elle recèlent de beauté [...]
Si, en voyant Monika, on ne peut s'empêcher de penser à l'admirable La Red -- et l'étonnement n'est pas mince que deux cinémas géographiquement aussi éloignés que le cinéma suédois et le cinéma mexicain aient pu donner deux oeuvres presque équivalentes -- c'est que les thèmes en sont proches : la vie d'un couple lâché en pleine nature. Mais c'est aussi que la composition de Harriet Andersson n'a d'égale que celle de Rossana Podesta. Quelle démarche admirable, quelle souplesse de chaque mouvement ! Et aussi cette belle impudeur du jeune animal moins soucieux de contingences que préoccupé d'aimer et de se faire aimer !
Au nom de Harriet Andersson, celui de Monika restera toujours lié [...] Et, parmi les couples d'adolescents que le cinéma unit aujourd'hui si volontiers, celui que Harriet Andersson forme avec Lars Ekborg semble un des mieux réussis et des plus authentiques. Si le cinéma suédois continue de s'inspirer aux mêmes sources et de faire de semblables découvertes, il aura reconquis dans peu de temps le lustre que lui donnèrent jadis Victor Sjöström et Greta Garbo.
Accueil favorable comme on le voit. Et les plans dénudés n'ont visiblement effarouché personne !
Mais, comme je le disais ci-dessus, il serait marrant de voir ce que le Télérama d'alors -- qui s'appelait Radio Cinéma Télévision -- a pu en penser.Et aussi cette belle impudeur du jeune animal moins soucieux de contingences que préoccupé d'aimer et de se faire aimer !
Dernière modification par Commissaire Juve le 5 nov. 11, 15:57, modifié 2 fois.
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Re: La critique autrefois
Trouvé dans le Canard Enchaîné du 26 mai 1954.
Avec un petit taillage de costard à Gérard Philipe.
Wouuuf ! Nota : le titre "Papa, maman, la bonne et moi" est bien écrit d'un jet.
Dans le même numéro, il y a les critiques de : Amour, pain et fantaisie (Luigi Comencini, 1953) et Trois jours de bringue à Paris (Emile Couzinet, 1954). Le Couzinet se fait descendre. "Etalage de bêtise" pourtant recommandé par la Centrale Catholique du Cinéma. Donald Duck conclut par : "... mettons une croix sur ce titre et n'en parlons plus."
Avec un petit taillage de costard à Gérard Philipe.
Monsieur Ripois (René Clément, 1954)
On pouvait pressentir que le film de René Clément, laissé tout d'abord dans les choux par les distributeurs d'oscars de Cannes, n'était pas forcément un navet. Il s'avère que M. Ripois est un des meilleurs films de cette saison ingrate où la coproduction emmena tant de fours. Issu d'une coproduction franco-britannique, M. Ripois échappe à la règle. Encore un miracle de l'Entente cordiale !
L'histoire, convenablement assaisonnée d'humour discret est menée à un rythme allègre, et l'épilogue (disons : la chute, le mot, ici, convient particulièrement) qui frise le vaudeville est irrésistible. Un homme qui se casse la figure est toujours irrésistible...
Il n'y a en somme qu'une erreur dans ce film : ce n'est pas "M. Ripois" qu'il fallait l'intituler, c'est "M. Gérard Philipe".
Gérard Philipe n'est pas plus M. Ripois que vous et moi : il ne parvient pas à se débarrasser du personnage de Gérard Philipe qui, précisément, est devenu un Monsieur. M. Ripois n'est qu'un pseudonyme -- un de plus, Gérard Philipe alias "Le Cid", alias "Ruy Blas", alias "Fanfan la Tulipe", alias "Richard II", alias "Julien Sorel".
Alias cent fois alias !
On nous a accoutumé de penser que, sans Gérard Philipe, Victor Hugo n'existait plus, ni Corneille, ni Shakespeare. On vous laisse à penser ce que serait Stendhal sans Gérard Philipe. On ne l'attend plus que dans le rôle de Dieu le Père. Mais on peut être assuré que, même là, il sera encore Gérard Philipe.
Qui aurait cru que l'éphèbe du Diable au corps attraperait si vite des tics, des manies ? Depuis qu'on l'a sacré comédien n°1, Gérard Philipe fait son numéro qu'il a soigneusement étudié devant la glace. Ce numéro comporte un certain nombre de trucs -- jeux de physionomie, attitudes et gestes -- qui sont toujours les mêmes, quel que soit le personnage. Gérard Philipe donnait au Cid les tics de Fanfan la Tulipe, à Richard II les attitudes de M. Ripois, et je crains qu'il ne donne à Julien Sorel les mimiques de L'Idiot.
Il serait pourtant temps, comme dit la chanson, de varier un peu le programme. Qu'il demande conseil à M. de Sica ou à M. Lawrence Olivier.
Cela dit, on préfère tout de même le numéro de Gérard Philipe à celui de Papamamanlabonneetmoi. Mais il nous semble que Gérard Philipe est suffisamment arrivé, maintenant, pour se permettre d'oublier un peu Gérard Philipe. (signé : Donald Duck)
Wouuuf ! Nota : le titre "Papa, maman, la bonne et moi" est bien écrit d'un jet.
Dans le même numéro, il y a les critiques de : Amour, pain et fantaisie (Luigi Comencini, 1953) et Trois jours de bringue à Paris (Emile Couzinet, 1954). Le Couzinet se fait descendre. "Etalage de bêtise" pourtant recommandé par la Centrale Catholique du Cinéma. Donald Duck conclut par : "... mettons une croix sur ce titre et n'en parlons plus."
Dernière modification par Commissaire Juve le 5 nov. 11, 20:19, modifié 3 fois.
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Re: La critique autrefois
Ouais. C'est typiquement le genre de critique que Gérard Philipe récoltait de la part des gens du Cahiers du Cinéma. Il y avait une sorte de haine tenace envers les acteurs issus du théâtre. Personnellement, je les trouve assez ridicules avec le recul. Monsieur Ripois est un très grand film. Quant à Gérard Philipe, il y joue à contre-emploi avec un immense talent. Quant à cette guéguerre stupide contre les gens du théâtre, c'est bien français, ça. En Grande-Bretagne, on passe sans transition du cinéma au théâtre ou à la télé, et personne n'y trouve à redire (y compris les critiques français).
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Re: La critique autrefois
stop le révisionnisme ann.
Les Cahiers du cinéma ne faisaient pas la guerre aux gens du théâtre puisqu'ils ont porté au pinacle Marcel Pagnol et Sacha Guitry à une époque où ceux-ci étaient traités avec condescendance du fait justement de leurs accointances avec la scène.
Si Gérard Philippe a pu se faire éreinter, ce n'est pas parce qu'il a un passif théâtral, c'est parce qu'il est souvent mauvais au cinéma. Par ailleurs, attaquer le terne, vide et sinistre Monsieur Ripois est un signe de lucidité et de clairvoyance.
Les Cahiers du cinéma ne faisaient pas la guerre aux gens du théâtre puisqu'ils ont porté au pinacle Marcel Pagnol et Sacha Guitry à une époque où ceux-ci étaient traités avec condescendance du fait justement de leurs accointances avec la scène.
Si Gérard Philippe a pu se faire éreinter, ce n'est pas parce qu'il a un passif théâtral, c'est parce qu'il est souvent mauvais au cinéma. Par ailleurs, attaquer le terne, vide et sinistre Monsieur Ripois est un signe de lucidité et de clairvoyance.
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Re: La critique autrefois
Tu cites là des gens (Pagnol et Guitry) qui ont été jugés aussi en tant que cinéastes (de plus, Pagnol n'a jamais été acteur). Ann parlait uniquement du jugement sur les acteurs de théâtre qui font du cinéma (voir d'ailleurs ce qu'elle dit des acteurs britanniques).
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Re: La critique autrefois
Dans la suite de son message, elle généralise. Pour faire l'apologie des rosbeefs qui plus est.riqueuniee a écrit :Tu cites là des gens (Pagnol et Guitry) qui ont été jugés aussi en tant que cinéastes (de plus, Pagnol n'a jamais été acteur). Ann parlait uniquement du jugement sur les acteurs de théâtre qui font du cinéma (voir d'ailleurs ce qu'elle dit des acteurs britanniques).
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Re: La critique autrefois
Elle ne parle que des interprètes , pas des gens qui sont passés à la mise en scène (c'est un autre sujet).
Quant aux britanniques, c'est un fait bien connu que les acteurs british passent plus facilement de la scène à l'écran . Ca semble ne gêner personne là-bas. En France , un peu plus.
Et puis, ann fait l'éloge de qui elle veut.
Quant aux britanniques, c'est un fait bien connu que les acteurs british passent plus facilement de la scène à l'écran . Ca semble ne gêner personne là-bas. En France , un peu plus.
Et puis, ann fait l'éloge de qui elle veut.
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Re: La critique autrefois
Pour une fois j'irai dans le sens de Tancrede, car oui Gérard Philipe est un mauvais acteur, certes il a du charisme, du charme et son côté jeune premier passe, mais il parle terriblement faux, il a sans doute le phrasé théâtre qui plus est de l'époque, phrasé qui date terriblement ! Quant à M. Ripois, je n'en ai pas un souvenir mémorable ! Maintenant il est vrai que les critiques tapent facilement sur les acteurs qui ne sont pas des acteurs de "cinéma".
Mon blog : http://leblogdecathy.over-blog.fr/
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Re: La critique autrefois
Aucun 'révisionnisme' dans mes propos, c'est juste mon opinion. Je trouve que Gérard Philipe était un très grand acteur, également au cinéma.Tancrède a écrit :stop le révisionnisme ann.
Les Cahiers du cinéma ne faisaient pas la guerre aux gens du théâtre puisqu'ils ont porté au pinacle Marcel Pagnol et Sacha Guitry à une époque où ceux-ci étaient traités avec condescendance du fait justement de leurs accointances avec la scène.
Si Gérard Philippe a pu se faire éreinter, ce n'est pas parce qu'il a un passif théâtral, c'est parce qu'il est souvent mauvais au cinéma. Par ailleurs, attaquer le terne, vide et sinistre Monsieur Ripois est un signe de lucidité et de clairvoyance.
Quant à Guitry et Pagnol, ils ont été choisis (contre Feyder, Duvivier, Carné etc.) parce qu'ils écrivaient leur propres scénarios et correspondaient au canon de l'auteur. Très franchement, les opinions de cette époque sont terriblement datées et montrent beaucoup de parti pris.
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Re: La critique autrefois
Et puis Tancrède compare le non comparable : un auteur passé derrière la caméra, et qui n'a jamais été acteur (Pagnol) et un acteur passant de la scène à l'écran et vice-versa (Philipe).
Pour le jeu de Philipe, chacun ses goûts.
Pour le jeu de Philipe, chacun ses goûts.
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Re: La critique autrefois
Cette guéguerre stupide contre les Cahiers des années 50-60 c'est bien classikien par contre.Ann Harding a écrit :Quant à cette guéguerre stupide contre les gens du théâtre, c'est bien français, ça.
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Re: La critique autrefois
Je trouve son jeu affecté, terriblement sérieux.Ann Harding a écrit :Aucun 'révisionnisme' dans mes propos, c'est juste mon opinion. Je trouve que Gérard Philipe était un très grand acteur, également au cinéma.Tancrède a écrit :stop le révisionnisme ann.
Les Cahiers du cinéma ne faisaient pas la guerre aux gens du théâtre puisqu'ils ont porté au pinacle Marcel Pagnol et Sacha Guitry à une époque où ceux-ci étaient traités avec condescendance du fait justement de leurs accointances avec la scène.
Si Gérard Philippe a pu se faire éreinter, ce n'est pas parce qu'il a un passif théâtral, c'est parce qu'il est souvent mauvais au cinéma. Par ailleurs, attaquer le terne, vide et sinistre Monsieur Ripois est un signe de lucidité et de clairvoyance.
Quant à Guitry et Pagnol, ils ont été choisis (contre Feyder, Duvivier, Carné etc.) parce qu'ils écrivaient leur propres scénarios et correspondaient au canon de l'auteur. Très franchement, les opinions de cette époque sont terriblement datées et montrent beaucoup de parti pris.
Encore ce week-end, je l'ai découvert en Modigliani dans le film de Becker...S'il est convaincant dans certaines scènes de colère, son jeu sonne souvent faux, par manque de simplicité et de naturel. Il n'est certes ici pas aidé par le scénario en carton qui charrie tous les clichés de l'"artiste maudit". Après, c'est un bel homme c'est vrai.
Le travail d'un acteur de cinéma n'est pas le même que celui d'un acteur de théâtre donc c'est normal qu'il y en ait qui réussissent leur passage à l'écran et d'autres non. La caméra fait que les gestes doivent être moins amples sur une scène où le comédien travaille aussi pour le spectateur du dernier rang.
Réfléchir sur les modalités du passage d'un médium à un autre comme ont pu le faire les gens des Cahiers et de la Revue du cinéma n'est pas "faire la guerre aux gens du théâtre".
Bref, tout ça pour dire que les opinions de cette époque, si elles montraient beaucoup de parti pris (ce qui est le minimum à attendre d'un critique) ont quand même forgé les canons esthétiques contemporains et qu'elles ont moins vieilli que les films de Feyder et René Clair.