Federico a écrit :Y a eu parfois des baffes qui se sont perdues telle cette critique de Tirez sur le pianiste...
« S'il voulait détruire les histoires cousues de fil blanc, pourquoi n'a-t-il pas choisi un scénario bien à lui, vraiment neuf ? Pourquoi retrouvons-nous derrière un personnage authentique ces clichés, des situations cent fois aperçues, ces poncifs de la nouvelle et de la vieille vague ; il fallait un lit et une coucherie, comme dans A bout de souffle… »
Jean Collet, Télérama n°569 (1960)
Je suis étonné par le style de Collet à cet époque…
"Il fallait un lit et une coucherie" . Et puis, quant au scénario "bien à lui"…ce n'était certes pas un scénario original de Truffaut mais avec Marcel Moussy (pour l'anecdote…qui n'intéresse personne, c'était les noms et prénoms de mon grand-père maternel
) ils ont tellement malaxé le roman de Goodis...Plus tard, en conclusion d'un très bon papier, Jean Collet écrivait ceci : " Le film est un immense éclat de rire tragique. Écartelé entre la série noire et le conte de fée ("J'ai voulu, disait Truffaut, aborder ce sujet, à la manière d'un conte de Perrault"), il transforme notre angoisse en euphorie. Le secret de cette métamorphose redoutable, c'est l'humour. Et c'est avec un humour Hitchcockien qu'on peut savourer la scène finale -douce amère- jusque dans son ultime réplique. ///Source : Le cinéma de François Truffaut. Jean Collet (1977). Je ne sais pas ou en est la critique au sujet de Truffaut aujourd'hui. Je n'ai rien lu depuis le "dictionnaire" paru il y a pas mal d'années mais le bouquin de Collet m'avait jadis paru le plus personnel et le plus passionnant sur le cinéaste sur les 5 ou 6 que j'ai lu. Par ailleurs, les deux hommes étaient amis. Certaines des lettres à Jean Collet ont été publiés dans la correspondance de Truffaut.
Federico a écrit :
...mais aussi des analyses qui firent mouche comme pour Les 2 Anglaises et le Continent
« Ces personnages qui préfèrent l'attente à la jouissance immédiate, qui rêvent leur amour plus qu'ils ne le vivent, ressentent des émotions plus fortes – et par contre-coup le spectateur – que les héros à la mode des films érotiques. »Claude-Marie Trémois, Télérama n°1143 (1971)
D'accord avec le reste mais "rêvent leur amour…" ? ça couche beaucoup chez Truffaut, y compris dans celui là (mais beaucoup moins que dans le roman de Roché). Les personnages ne laissent rien passer au contraire car en dehors des histoires d'amours principales impliquant Claude et ses deux anglaises, il y a les aventures secondaires des uns et des autres. C'était d'ailleurs déjà le cas dans
Jules et Jim adapté du même romancier (…et dans la correspondance de Henri-Pierre Roché, celle de Helen Hessel et par les écrits de Franz, on s'aperçoit que dans ses deux romans, Roché a simplifié des relations amoureuses encore plus compliquées dans la réalité). Pour revenir " aux deux anglaises", il y a aussi de grands élans amoureux. Je me souviens plus particulièrement de la rousse Muriel Brown marchant dans la campagne anglaise en lançant des : "Claude, je vous aime…" sur la musique de Delerue
Et sinon, pour revenir sur cette histoire de
"un lit est une boucherie", c'est vrai quelquefois parce que, parait qu'il y avait " du rouge sur son or ".
Commissaire Juve a écrit :Aujourd'hui, ça n'est pas mieux : ils sont plus que jamais donneurs de leçons et, plus un film choque le bourgeois, plus ils applaudissent !
Ben, faut avouer qu'il ne faut pas grand chose, de simples rumeurs pour les mettre dans la rue, les défenseurs de la famille en ce moment
Font pas trop chier à la sortie des cinés depuis un moment mais ça ne saurait tarder…Un zizi ou deux hommes qui s'embrassent sur une affiche, c'est vrai que c'est dégueulasse
…Les gosses, ça posent des questions, ça les intriguent mais guère plus…Le problème c'est les parents qui trouvent que le cinéma devient de plus en plus dégueulasse, alors que ce qui est le reflet de cette époque (qui selon moi ne fait que débuter) ce n'est pas une permissivité plus grande, c'est que ce public se crispe et serre les fesses en se disant "çà ne passera pas par moi"
D'autre part, la presse spécialisée donneuse de leçons, oui si tu veux mais elle est dans son rôle quand elle défend un certain cinéma, cad des films dont il est à peine question dans les autres médias (en dehors des radios publiques) depuis que la télévision se contente presque exclusivement de lancer des produits à coups de bandes annonces ou qui permet aux metteurs en scène et comédiens de s'exprimer mais brièvement svp entre la chronique rigolote de machin, le journal et la recette de cuisine de Momone.
Ta formulation précédente (que j'avais lu tout à l'heure, oui, j'ai l'oeil) était ambigüe. J'avais cru que tu déplorais (obsédé par Sodome et Gomorrhe
) le coté gardien de la morale qui perce derrière les extraits exhumés par federico. Collet semblait déplorer l'érotisme nouveau et la sexualité plus "honnête" qui faisaient partie du programme de la nouvelle vague, pareil pour son collègue qui préfère l'érotisme suggéré de Truffaut à celui des films érotiques qui apparurent sur les écrans durant les 70th. Mais bon, sur ce dernier point, je suis avec lui et avec toi