Mai 2013
(61 films vus,
revus et
redécouverts)
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Milan calibre 9 (Fernando Di Leo, 1972)
Belle découverte avec ce polar violent, anxiogène, dont les cadrages sont d'un bout à l'autre totalement irrespirables, même lors des plans larges. Tous les personnages, qu'ils soient petits truands, parrains, flics semblent irrémédiablement condamnés d'avance, que ce soit à la mort ou à l'incertitude. Après un générique brillant et nerveux, Di Leo nous offre un film d'un intérêt constant quoique formellement inégal. On regrettera principalement les mouvements d'appareils parfois à la limite du psychédélique (et donc, fatalement, de mauvais goût) et le gunfight principal aussi illisible que ridicule.
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La firme (Sydney Pollack, 1993)
Assez enthousiasmé par ce film rigoureux, parfaitement exécuté dont chaque séquence me parait être un petit modèle de mise en scène. Il n'y a pas un élément relatif à la réalisation, au scénario, à l'interprétation qui soit un ton en-dessous et ça, sur un métrage de deux heures et demie c'est tout de même assez remarquable. On pourra ça et là reprocher quelques concessions "grand public" pas franchement nécessaires (je pense à la fin principalement) mais ça reste du très bon boulot à la mécanique extrêmement bien huilée. Je n'ai pas vu passer le temps. Si ça c'est pas un critère...
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L'Anglais (Steven Soderbergh, 1999)
Petit à petit, après avoir vu Sexe, mensonges & vidéo, Kafka et redécouvert Traffic, le cinéma de Soderbergh gagne mon estime. Avec L'Anglais, ça se confirme. J'ai beaucoup aimé son travail au niveau de la structure narrative (pas si éloignée que ça du chef-d'œuvre de John Boorman, Point Blank), à la fois déroutante et limpide, et son refus de verser dans le banal film de vengeance (vous savez, le genre de trucs cradasses vénérés par hellrick). Si on ajoute à cela un trio d'acteurs excellents (Terence Stamp, Peter Fonda et Barry Newman), une dose d'humour et de nonchalance particulièrement bien sentis, ainsi que quelques images plastiquement renversantes (je pense notamment à la vue depuis la piscine de Terry Valentine), et ben on obtient une œuvre solide et très recommandable.
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Péché mortel (John M. Stahl, 1945)
Une relative déception eu égard à sa réputation. Si le film devient passionnant durant le dernier quart d'heure (en partie grâce à la partition magistrale de Vincent Price), j'ai pour tout dire eu pas mal de difficulté à m'intéresser au sort des personnages (hormis celui campé par Jeanne Crain, de loin le plus intéressant). Gene Tierney n'existe que par sa beauté, Cornel Wilde me parait assez fade (j'aurais adoré voir Van Heflin dans la peau de Dick Harland) et le scénario demeure en définitive extrêmement prévisible. Reste une superbe photographie et un finale sublime, tant plastiquement qu'émotionnellement.
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Fedora (Billy Wilder, 1978)
Difficile d'évoquer ce sublime mélodrame (pourtant assez méprisé je crois) sans en révéler le contenu (et donc l'intérêt). Il n'en demeure pas moins que, même s'il n'atteint pas les sommets de la filmographie de Wilder techniquement parlant (et notamment Boulevard du crépuscule, dont il apparait comme une variation), Fedora est un grand film. Un grand film parce qu'il est une superbe réflexion sur l'identité et sur la vanité. Un grand film parce qu'il traduit à merveille le malaise et l'incompréhension du réalisateur face à une nouvelle génération de cinéastes. Un grand film parce qu'il est un hommage à l'âge d'or du cinéma américain. Un grand film enfin parce qu'il nous offre une dernière demi-heure de parfaite émotion. En d'autres termes, je suis en total désaccord avec l'avis d'allen john et tiens peut-être là mon film du mois. Près de trente années séparent Sunset Blvd. de ce film de fin de carrière. D'un crépuscule à l'autre, Wilder est demeuré génial.
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7h58 ce samedi-là (Sidney Lumet, 2007)
Dernier film du maître et une belle impression une fois terminé. Un peu déboussolé au début par la structure du récit, on se laisse finalement porter par cette histoire tragique de braquage et l'impasse totale dans laquelle les deux frères Hanson s'enfoncent progressivement. Mention spéciale aux trois acteurs principaux (Albert Finney en tête), totalement investis dans ce film noir, désespéré, qui achève les certitudes américaines sur la "famille refuge".
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Pas de printemps pour Marnie (Alfred Hitchcock, 1964)
Voilà un film qui trainait sur mes étagères depuis près de dix ans (un de mes premiers dvds achetés) et que je n'avais jamais pris la peine de regarder. Force est d'avouer que c'est d'abord et avant tout la déception qui l'emporte. La réalisation est certes efficace (même si les transparences lors des épisodes à cheval sont d'une laideur et d'un ridicule assez incontestables), mais alors, que le propos est insupportable ! Déjà que les errances psychanalytiques d'Hitchcock plombaient la toute fin de Psychose mais alors là, on atteint des sommets. Symbolisme bidon, psychologie à deux ronds, révélation finale et dernière scène nulles... Le gros Alfred se fourvoie complètement. A revoir peut-être dans quelques années, mais en l'état, c'est probablement son film le plus raté.
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La mort n'était pas au rendez-vous (Curtis Bernhardt, 1945)
Conflict est un petit noir avec en tête d'affiche un Bogart faible, estropié et torturé (ça c'est pour Demi-Lune qui semble n'y voir qu'un héros propret). C'est bien écrit (la progression du récit, l'accumulation d'éléments qui viennent troublé le personnage joué par Bogie, la révélation finale), c'est bien mis en images (il y a de forts beaux passages dans la brume), mais il n'en demeure pas moins que la réalisation est un peu statique et que tout ça peine un peu à s'emballer. Un peu déçu aussi par Alexis Smith car, que ce soit l'actrice ou le personnage, elle me parait un peu sacrifiée. Globalement, une belle satisfaction.
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Dans l'ombre de Manhattan (Sidney Lumet, 1996)
Un beau Lumet, sincère et tourmenté, traversé (comme toute l'œuvre du réalisateur) d'un rapport existentiel à la Justice. Andy Garcia incarne le jeune procureur Sean Casey, idéaliste et moralement irréprochable, qui se voit confier une affaire jugée "facile", consistant à faire condamner un tueur de flics. Si le procès est rapidement (et brillamment) gagné, certains éléments révélés par l'avocat du prévenu laissent progressivement place à une affaire plus ancienne impliquant des policiers new-yorkais corrompus. Et là, c'est un petit peu la fin des haricots pour notre ami qui, de désillusions en désillusions, va connaître les affres de la justice "réelle". Bien que moins achevé que ses glorieux ainés (Serpico évidemment mais surtout Prince of the City, LE chef-d'œuvre de Lumet) ce Night Falls on Manhattan mérite néanmoins toute notre attention.
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Predator (John McTiernan, 1987)
A priori, très loin d'être le genre de film qui ait une chance de me plaire et puis finalement, si on évite de prendre ça au premier degré, c'est un survival assez sympa traversé de punchlines à mourir de rire, d'une efficacité indéniable et, pour tout dire, d'un suspense assez haletant. C'est bourrin, c'est régressif, ça a pris un certain coup de vieux visuellement (je parle de la bestiole, le reste étant au-dessus de toute critique), mais ce n'est pas déplaisant du tout. Agréable surprise.
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La maison des étrangers (Joseph L. Mankiewicz, 1949)
Sans doute un des films de Mankiewicz les plus méconnus et c'est une grande injustice. House of Strangers aurait dû s'imposer comme un classique du maître tant il transpire la maîtrise et nous offre des séquences mémorables (au hasard, le retour de Richard Conte dans la maison familiale juste avant le flash-back, avec cette caméra qui monte dans les escaliers et l'air d'opéra en fond sonore, ou encore la scène de table avec tous les Monetti subissant les sarcasmes du pater familias) et une chronique familiale extrêmement bien écrit. A propos d'écriture, Mankiewciz aidé de Philip Yordan, s'en sont donnés à cœur joie (la réplique mémorable du film: "Je vous signale que mon mari est mort heureux" (Hope Emerson), "Votre mari était heureux de mourir ! Ça fait une petite différence !" (Edward G. Robinson) et nous ont offert des dialogues très élaborés, donnant corps aux personnages. Mais le plus impressionnant dans tout cela, c'est sans doute l'interprétation d'Edward G. Robinson, absolument remarquable. Grand film !
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Les maris, les femmes, les amants (Pascal Thomas, 1989)
Sorte de variation du Chaud lapin (la verve et l'énorme potentiel comique de Bernard Ménez en moins), Les maries, les femmes, les amants s'impose comme une comédie rafraichissante sur la vie de couple, la famille et les rapports amoureux. Si Pascal Thomas est moins inspiré que durant la décennie 70, le film n'en demeure pas moins sympa comme tout, ponctué ça et là de répliques tordantes et dopé par la présence inestimable de Daniel Ceccaldi.
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Une journée en enfer (John McTiernan, 1995)
Voilà un film qui a en quelque sorte bercé mon adolescence puisque la VHS d'époque a chauffé un nombre incalculable de fois. Seulement, je ne l'avais jamais vu en VO. On peut donc considérer ça comme une redécouverte bien que la VF soit finalement assez fidèle à l'originale. Quant au film, c'est toujours un plaisir, on ne s'ennuie pas une seule seconde. Le réalisateur enchaine les séquences d'actions sans que le rythme ne retombe même si, pour ma part, je dois avouer une nette préférence pour toute la première heure et demie (avant le bateau) qui me semble plus réfléchie, plus cohérente. La suite apparait, oserais-je le dire, un peu facile. La conclusion n'est pas franchement à la hauteur du reste. Qu'importe, Die Hard 3, c'est tout de même un beau panard.
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Ecrit sur du vent (Douglas Sirk, 1956)
Un beau film, presque "trop" beau. Pour la première fois avec Sirk, le magnifique technicolor, les cadrages à tomber par terre, la justesse de la partition de Frank Skinner, l'exécution admirable du scénario (quoiqu'un peu convenu)... tout cela m'est apparu un poil excessif, voire même théâtral (je pense particulièrement aux deux actrices principales, dont le surjeu est flagrant dès le générique). Mais ça ne doit pas occulter l'excellent travail du réalisateur qui oppose le drame intime aux distances complètement annihilées par le fric (on fait 2000 bornes pour manger un sandwich, on prend l'avion pour aller au bord de la mer en claquant des doigts...). Ce fric qui, s'il ne corrompt pas toutes les âmes, n'en demeure pas moins inutile face aux tourments de la vie. A revoir.
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Magic Mike (Steven Soderbergh, 2012)
J'étais un peu inquiet à l'idée de m'infliger (comme Jack Carter en son temps) une heure cinquante en compagnie de culs masculins, fussent-ils musclés. Et bien non, le film est une bien belle surprise. Par le biais de Magic Mike, ouvrier et entrepreneur le jour, strip-teaseur la nuit, c'est toute une Amérique vouée au culte du beau dont Soderbergh dresse le portrait, non sans ironie ni cruauté. La réalisation est quant à elle d'un détachement assez jubilatoire et d'une fluidité si exemplaire qu'on se surprend à prendre son pied durant les scènes terriblement hot de strip-tease. Et ça, c'est fort.
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Contagion (Steven Soderbergh, 2011)
Je poursuis ma découverte de Soderbergh avec cet opus qui ne m'a pas forcément emballé. Si le propos est passionnant, j'ai de sérieuses réserves sur la forme choisie par le réalisateur qui semble lui-même avoir du mal à s'en dépatouiller. Le concept du film-choral ne me semble pas le plus approprié ici, et c'est peu dire que l'ensemble manque de cohérence et d'unité. Si bien que l'émotion première (suscitée par la mort du petit garçon) s'estompe à mesure que l'hécatombe s'amplifie. Triste paradoxe. Bref, en d'autres termes, Contagion est un film intéressant mais maladroit.
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Piégée (Steven Soderbergh, 2011)
Plié en 90 minutes, Haywire se distingue d'abord et avant tout par sa confusion. Si Soderbergh continue d'expérimenter, on y perd un peu en termes de lisibilité. Si l'idée du flash-back racontée par l'héroïne à son jeune "sauveur" est intéressante, tout cela demeure embrouillé avec une profusion de personnages dont on perçoit difficilement leurs relations. Dommage car c'est évidemment très efficace niveau réalisation et les quelques scènes de baston mettant aux prises la jolie Gina Carano et ses poursuivants sont des plus plaisantes.
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Alien (Ridley Scott, 1979)
Un de ces films que je vois au moins un fois par an. Un bijou terrifiant, d'une rigueur formelle incroyable et d'un remarquable sens du suspense. Même après une quinzaine de visionnage, je suis toujours complètement renversé par trois séquences: la découverte de l'épave, la scène du repas une fois Kane réveillé (et sa digestion difficile) et la rencontre de Brett avec l'alien qui vient de faire sa mue. Trente ans et des brouettes au compteur et inoxydable. Définitivement le meilleur opus de la série.
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Hors d'atteinte (Steven Soderbergh, 1998)
Effectivement, il est sympa comme tout ce film. Décontracté, rythmé, pas dénué de charme (Jennifer Lopez, qui se révèle bien meilleure actrice que chanteuse, n'y est pas étrangère) et même marrant à bien des égards. La narration est un peu éclatée (Soderbergh's Touch oblige) mais ça ne nuit en aucun cas à l'ensemble bien au contraire. Petit clin d'œil à Tarantino au passage, que ce soit avec certains acteurs mais aussi dans les dialogues et les situations (je pense à toute la séquence dans la propriété d'Albert Brooks) sans que ça soit pour autant aussi complaisant. Très bon moment.
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Aliens (James Cameron, 1986)
J'avais quitté ce film un peu fâché la dernière fois mais, à ma décharge, j'avais eu la mauvaise idée de regarder la version longue. La version ciné passe évidemment beaucoup mieux même si Cameron n'a pas sont pareil pour en rajouter des tonnes. Je crois bien que c'est dans le Tulard que j'avais lu un truc du style ''le S à Alien est révélateur car là om Scott était dans l'économie, Cameron est dans la surenchère". C'est a peu de choses près ce que je pense même si résultat reste de très bonne facture.
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L'homme de Berlin (Carol Reed, 1953)
Un récit intriguant qui peine, il me semble, à trouver son rythme mais qui devient franchement magnifique dans sa seconde moitié (à partir de la séquence de l'opéra donc). A ce moment-là on retrouve le Carol Reed du Troisième homme avec une succession de cadrages hallucinants de beauté et à l'ambiance quasi surréaliste et hors du temps (bien aidée en cela par une très belle photographie en noir et blanc, les paysages enneigés et un Berlin encore en ruines et coupé en deux). Pour ne rien gâcher, il y a le très grand James Mason (probablement la voix qui m'obsède le plus au ciné) et un travail notable sur les personnages. Très beau.
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Divorce à l'italienne (Pietro Germi, 1961)
Deux constats s'imposent d'emblée à la sortie du film: le scénario est en béton armé (ça faisait des lustres que je n'avais pas vu quelque chose d'aussi bien écrit et d'original) et Mastroianni est grandiose. Une très belle découverte pour ce qui apparait indiscutablement être l'un des fleurons de la comédie italienne (avec ce ton si particulier qui est un bonheur constant). Comment ai-je pu m'en passer jusqu'ici ?
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Martin (George A. Romero, 1976)
J'ai un peu de mal à me faire une opinion tranchée sur ce film. Du coup, j'ai lu chronique du site et je suis moyennement convaincu en particulier par cette affirmation: "Martin est en parfait équilibre entre ses deux rivages, les scènes réellement tétanisantes, effrayantes ponctuent une narration qui s'écoule au rythme mélancolique d’un quotidien saisi dans sa simplicité". S'il est vrai que le film est absolument glaçant par moment (la séquence pré-générique dans le train et l'attaque du couple notamment), j'ai beaucoup plus de problème avec la fameuse narration, quasi soporifique, qui annihile un peu l'efficacité des séquences "gores". Finalement, ma seule certitude, c'est que je préfère Romero lorsqu'il s'occupe de morts-vivants.
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Viens chez moi, j'habite chez une copine (Patrice Leconte, 1981)
C'est loin d'être du grand cinéma, c'est peu inspiré techniquement parlant, mais c'est du bon ciné populaire français, une comédie bien calibrée et dialoguée, portée par le physique improbable et la gouaille de Michel Blanc. Bref, ça fonctionne et c'est le principal.
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Tendre poulet (Philippe de Broca, 1978)
Voilà un bel exemple du talent de Philippe de Broca pour les comédies sophistiquées (tout en restant profondément accessibles), enjouées et pleines de charme. Tendre poulet est un savant et pétillant mélange d'humour et de film policier soutenu par les divines interprétations d'Annie Girardot et Philippe Noiret dont le couple fonctionne à merveille. Un petit film réjouissant et éminemment sympathique.
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Insignificance (Nicolas Roeg, 1985)
Mon premier Roeg. Je m'attendais à quelque chose d'original mais certainement pas d'aussi déroutant. Un professeur, une actrice, un sénateur, un sportif, prenant respectivement les traits d'Einstein, de Marilyn, de McCarthy et de DiMaggio, vont et viennent et s'interrogent sur les notions de couple, de savoir, de pouvoir, de culpabilité, de délation. Formellement, le film est un objet surprenant, expérimental, mais indéniablement rempli de qualités comme en témoignent les six ou sept dernières minutes, "explosives".
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L'honneur d'un capitaine (Pierre Schoendoerffer, 1982)
Vingt ans après la fin de la Guerre d'Algérie, Schoendoerffer signe ce film-enquête témoignant de l'horreur des "événements", revenant sur l'âpreté des combats, discutant de la "morale". Pas totalement convaincu par la structure du récit, par la conclusion du film et encore moins par l'aspect "pédagogie de comptoir" mais L'honneur d'un capitaine recèle ça et là de quelques éléments dignes d'intérêt. Un échec cependant.
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Alien 3 (David Fincher, 1992)
La franchise commence vraiment à battre de l'aile. En regardant pour la première fois la version longue, je ne change pas d'avis. Les nouveaux éléments n'apportent pas grand chose. Au lieu de plus de cohérence, on obtient moins de maîtrise (pour un film déjà bancal, c'est ennuyeux). Il faut dire que le scénario est d'une telle indigence et les effets ont pris un tel coup de vieux que les motifs de satisfaction sont rares. Mais il y a Ripley...
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L'incorrigible (Philippe de Broca, 1975)
Elégance, légèreté, séduction... Un cocktail efficace en diable pour un petit bijou de comédie, supporté par un duo Belmondo/Bujold en parfaite symbiose et des seconds couteaux éminemment sympathiques : Julien Guiomar, Charles Gérard, Daniel Ceccaldi. Les dialogues signés Audiard apportant eux leur lot de répliques savoureuses, fantaisistes et sophistiquées. En somme, c'est à l'image du cinéma de Philippe de Broca dont je découvre un peu en retard les films (comme j'aurais adoré les voir et revoir adolescent). Superbe !
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Tandem (Patrice Leconte, 1987)
Après Ridicule il y a un paquet d'années et Monsieur Hire plus récemment, j'ai découvert avec grand plaisir ce qui me semble être la troisième véritable réussite de Patrice Leconte. Tandem est un "road-movie" remarquable, sensible, humain, mettant en scène une star de la radio (Jean Rochefort) et son technicien (Gérard Jugnot, sans la moustache) arpentant les routes de France et de Navarre pour l'émission "La langue au chat" (sorte de "Jeux des mille francs"). Un film drôle et poignant pour une découverte aussi inattendue qu'appréciée.
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Le mari de la coiffeuse (Patrice Leconte, 1990)
Très beau film teinté de nostalgie, de mélancolie et d'une pointe d'érotisme. Bercé par l'élégante musique de Michael Nyman (pas un manchot le gars), Le mari de la coiffeuse offre un aperçu assez net du talent bien réel de Patrice Leconte. C'est réfléchi, excellemment bien écrit, la direction d'acteurs est superbe (Rochefort bien entendu, beaucoup plus en retenu que dans Tandem mais profondément émouvant, mais aussi Maurice Chevit, excellent en coiffeur homo retraité qui se fait un malin plaisir à pisser dans son lit pour emmerder les gens de l'hospice) et très bien filmé. Un des très beaux films français des 25 dernières années sans le moindre doute.
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Le cambrioleur (Paul Wendkos, 1957)
En mettant en images le seul scénario écrit pour le cinéma par David Goodis, Paul Wendkos signe un premier film absolument épatant, un petit joyau de série B qui mérite tous les éloges et les superlatifs. Empruntant avec une égale inspiration au drame et au film noir, Wendkos situe l'action dans sa Pennsylvanie natale, à Philadelphie où un cambrioleur professionnel (l'impressionnant Dan Duryea, habituel second couteau dans les années 40 et 50 qui trouve enfin là un rôle à la mesure de son talent) manifestement fatigué entreprend le vole d'un collier estimé à près de 150 000 $. L'occasion pour le réalisateur de déployer une incroyable inventivité dans la mise en scène (l'ouverture avec les informations au cinéma, le "casse" avec la pause en plein milieu pour discuter avec les flics, le rêve en flash-back du personnage principal, le montage d'une grande fluidité...) ainsi que la relation ambigüe qui unie Dan Duryea et Jane Mansfield (aussi étonnante que désirable). Et il trouve même le moyen d'y ajouter une savante dose de suspense avec l'apparition d'un personnage trouble dont on ne découvre l'identité que tardivement. Bref, c'est tout à fait excellent et hautement recommandable.
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Psy (Philippe de Broca, 1981)
Une déception. En isolant son film dans une propriété reculée, de Broca souhaitait sans doute renouer avec la liberté du Diable par la queue, mais l'affaire s'avère extrêmement poussive et empesée. La faute en premier lieu à un traitement peu inspiré et à des interprètes assez mauvais. Dewaere, grand acteur au demeurant, ne me semble pas fait pour le cinéma de de Broca.
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On a volé la cuisse de Jupiter (Philippe de Broca, 1980)
La suite de Tendre poulet est un effort médiocre de la part de Philippe de Broca. Si l'évidente complicité existante entre Annie Girardot et Philippe Noiret fait encore plaisir à voir, la délocalisation de leurs amours en Grèce et le développement d'une intrigue aussi inintéressante qu'improbable plombent un film qui ne décolle vraiment jamais. Ponctué de séquences remuantes, de Broca cède (par fainéantise ?) au sensationnalisme avec son lot de coups de feu, d'égorgement, de courses poursuites et pugilats sans pour autant capter l'attention du spectateur. La faute probablement à un humour faiblard et à un Francis Perrin pénible. Quoique d'un genre totalement différent, ce film est comme Psy: poussif
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Les hommes contre (Francesco Rosi, 1970)
Le frère transalpin des Sentiers de la gloire. Dénonçant la même absurdité, les mêmes ordres insensés pour des résultats dérisoires, le même aveuglement des hauts gradés que le film de Kubrick, Les hommes contre est une œuvre d'une redoutable et d'une pathétique efficacité. Moins portée sur l'esthétisme que son prédécesseur, elle n'en développe pas moins une imagerie excessivement réussie et propose des séquences mémorables, suffocantes de brutalité et de réalisme. Très grand film.
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Sans soleil (Chris Marker, 1983)
Pas touché le moins du monde par ce documentaire dont j'attendais beaucoup. Le long monologue du vidéaste fictif (dit par une femme) a quelque chose de terriblement artificiel et le montage, fait d'allées et venues entre Japon, Cap Vert, Guinée-Bissau, San Francisco et Islande, manque d'unité (en dépit d'images souvent cocasses et pas inintéressantes). Probablement pas in the mood pour ce type de film, je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir et me suis, en définitive, fait chier comme un rat mort.
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Le lauréat (Mike Nichols, 1967)
Témoignage d'une époque où la société (et donc le cinéma) prend de plus en plus ses aises avec la bienséance. Cela dit, la virulence de Mike Nichols envers l'hypocrisie de ladite société semble un peu passée de mode aujourd'hui. Le film reste cependant intéressant à bien des égards révélant notamment Dustin Hoffman (jamais meilleur que lorsqu'il est puceau) et nous offrant une bande originale maintes fois célébrée. Et pour finir, comme dit Major Tom, "Katharine Ross est bandante".
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Les bonnes femmes (Claude Chabrol, 1960)
Poursuivant ma découverte mi-figue mi-raisin de l'œuvre de Chabrol, je tombe sur ce film de début de carrière au pitch pas inintéressant. Et bien on se contentera du pitch. Hormis les sept ou huit minutes finales, d'une beauté indéniable, et Albert Dinan à la piscine, le reste est d'un ennui constant. Impossible de m'intéresser à la vie, aux sentiments, de ces "bonnes femmes". Mention spéciale à Bernadette Lafont, d'ores et déjà élue "tête à claques" du mois. Au suivant...
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Kuroneko (Kaneto Shindo, 1968)
Après le magnifique L'île nue et l'extraordinaire Onibaba, je découvrais ici mon troisième film de Shindo. L'impression générale est très bonne. Le noir et blanc est sublime, l'ambiance inimitable et le scénario remarquablement inquiétant. Reste cependant une théâtralité dans l'interprétation un peu trop pesante, surtout chez les personnages féminins (pas de pot, ce sont les principaux). Très bon.
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Le chaud lapin (Pascal Thomas, 1974)
Je ne change pas une virgule à mon avis lors de sa découverte: "C'est un régal de tous les instants, Bernard Ménez est absolument irrésistible (les autres acteurs sont également parfaits), c'est tout à la fois léger, acerbe, spontané et parfois délirant. C'est un film à double effet Kiss Cool. Le premier effet, c'est une patate d'enfer et le regret éternel de ne pas être né à l'époque de ses parents. Le second effet, lui est un peu moins cool. Il arrive à la fin, quand le film se termine et lorsque nous prend la désagréable sensation de vide. Comme lorsque se termine les vacances et qu'il faut reprendre le chemin de l'école. C'est ça qui est vraiment formidable avec les films de Pascal Thomas que j'ai pu voir, être touché en plein cœur par des situations d'une affligeante banalité mais résolument humains. Thomas aime ses personnages, ça transpire à chaque plan. Il aime aussi la province, celle des vacances, celle dont on garde, pour peu qu'on ait eu la chance d'avoir une maison de famille à la campagne, à jamais des souvenirs d'enfance. Mention très très bien."
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Coup de cœur (Francis Ford Coppola, 1982)
Je suis sorti totalement subjugué par ce film d'une tendresse et d'une sensibilité incroyables. Coppola nous offre une oeuvre extrêmement fragile dont on sent qu'elle peut à tout moment vaciller et sombrer dans le kitsch mais qui, par un petit miracle de justesse, parvient à maintenir son équilibre sur le fil ténu de l'émotion. En cela il doit beaucoup à son quatuor d'acteurs, totalement investis et dotés par le réalisateur d'une "très belle humanité". Et que dire de l'audace stylistique de l'ensemble, d'une beauté incroyable (la photographie de Storaro est juste à tomber à la renverse avec des plans remarquablement travaillés, éclairés, colorés et inventifs), et de la reconstitution ahurissante de Vegas ? Un film de studio absolument fascinant qui est parti pour m'obséder un bout de temps. Cinq étoiles, évidemment.
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Le prince du New York (Sidney Lumet, 1981)
Vu pour la deuxième fois après une première approche très prometteuse. Cette fois-ci, c'est certain, il va venir s'installer confortablement dans mon top 100. Film-fleuve, Prince of the City nous offre une vision extrêmement pessimiste des rapports humains, du pouvoir, de l'argent et des rapports ambigus entretenus par les flics de terrain avec la pègre et le trafic de drogue. Porté par un Treat Williams dans le rôle de sa vie, le film est une leçon de mise en scène et d'écriture. Passionnant de bout en bout, et qui gagne à être revu plusieurs fois, il s'agit là sans aucun doute DU chef-d'œuvre de Lumet.
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Mud (Jeff Nichols, 2012)
Après deux films très réussis, Jeff Nichols revient avec un film du même acabit mêlant adroitement émouvante histoire sur l'adolescence et récit d'une fuite aux accents de polar, le tout sur les rives humides et poisseuses du Mississippi. Malgré l'effroi au moment de payer (putain de sa race 22,40 euros pour deux !), l'agacement avec les deux vioques à côté qui commentaient tout et la connasse de devant qui regardait son iPhone toutes les cinq minutes, le propos de Nichols est tellement limpide, tellement sincère qu'il emporte nécessairement l'adhésion. D'autant que les acteurs sont tous excellents (j'aime de plus en plus Matthew McConaughey après l'avoir vu dans Killer Joe et Magic Mike) et que le finale est aussi beau qu'attendu (après cinq ou six minutes terriblement angoissantes). Déjà l'un des très bon crus de 2013.
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Le conformiste (Bernardo Bertolucci, 1970)
Une découverte estomaquante à bien des égards, à la fois flamboyante et glaçante. Le conformiste est une œuvre visuellement exceptionnelle, dotée par Bertolucci de cadres millimétrés, d'une audace remarquable, et par Storara d'une photographie aux petits oignons. Le tout traversé par des scènes incroyables -et assez inoubliables je dois dire- (la visite de Trintignant au ministère, sa confession, le flash-back avec Pierre Clémenti, Trintignant allant voir Dominique Sanda à son cours de danse, la fête chez les aveugles, la séquence du bois...). Pour le reste, j'ai été absolument retourné par ce récit ambigu, dont la narration demeure à la fois mystérieuse et fascinante dans sa construction, et son propos beaucoup plus subtil et nuancé qu'il n'y parait. Trintignant y trouve probablement son meilleur rôle et la musique de Delerue est absolument merveilleuse. D'ores et déjà en course pour le titre de film de l'année.
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La loi du milieu (Mike Hodges, 1971)
Un peu déçu. D'un côté il y a le Newcastle grisâtre et pluvieux, avec un Michael Caine qui porte le film sur ses épaules, et de l'autre une sordide histoire dont les tenants et les aboutissants sont un peu confus, des personnages secondaires trop peu caractérisés pour apprécier comme il le faudrait une intrigue qui a du mal à passionner. En cela, c'est certain le film doit nécessairement gagner à être revu. D'autant que la séquence finale est remarquable d'intensité et de maîtrise.
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Le bateau d'Emile (Denys de La Patellière, 1962)
Un cinéma à la papa honnête dominé essentiellement par ses acteurs (Ventura, Brasseur père et Michel Simon, c'est pas rien) et les dialogues d'Audiard. Pour le reste ce n'est pas franchement brillant, ni infamant. Les situations sont relativement convenues, la réalisation assez banale quoique servie par un assez beau noir et blanc. Un film du dimanche soir sympathique.
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Tenue de soirée (Bertrand Blier, 1986)
Quand à l'heure de regarder un film, le choix se fait cornélien, je me rabats souvent sur un Blier ou Le nom de la rose (rien à voir). J'adore sans retenue cet humour gras et absurde, ce don remarquable de Blier pour les situations improbables et les dialogues assassins et définitifs. Parmi les répliques les plus savoureuses et qui ne manquent pas j'en suis certain de combler Miss Nobody, comment ne pas citer "Une serrure, il faut que ça mouille, c'est comme tous les orifices ! Tu la démarres à la salive et t'attends qu'elle se donne" et "Une maison dans la nuit, c'est comme une femme au lit. Ça a des abandons, ça se retourne, ça gémit. Et quand ça gémit, moi, je m'introduis" ou bien encore "Quand j'pense à tous les mecs que je me suis tapée uniquement pour pas casser l'ambiance". Génial.
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Le ruban blanc (Michel Haneke, 2009)
A mesure que je découvre (en retard évidemment) des films de la décennie écoulée je mesure combien je suis passé à côté de grands films. Le ruban blanc est l'un d'eux. Dans la veine d'un Béla Tarr, Haneke dresse un portrait sans concession de l'humanité, de son penchant inné pour les bassesses, la violence, la médiocrité. Etude de mœurs, Le ruban blanc impose un regard aussi lucide que sévère sur ces hommes, ces femmes et ces enfants qui peuplent ce bourg sans nom corseté par la morale protestante et étouffé par l'ordre établi. Et lorsque le village s'est suffisamment déchiré, s'est rendu suffisamment coupable de mesquineries, d'actes irréparables (le petit handicapé), voilà que la Guerre de 14 éclate, comme une fatalité. Une œuvre cruelle mais probablement nécessaire. Une œuvre virtuose en tout cas.
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Les assassins de l'ordre (Marcel Carné, 1971)
Un film "à la Cayatte" qui a pris un coup de vieux certain. Les intentions sont sans doute louables mais le trait bien trop appuyé pour convaincre totalement le spectateur. Certes, nous ne sommes pas dans les bouses démago du père Boisset, mais la dignité et l'honnêteté ne font pas nécessairement un bon film. Si Carné a la bonne idée (ou plutôt le bon goût) de tourner quelque peu en dérision une opposition CRS SS/gauchos bobos qui a depuis fait long feu, il ne nous épargne pas pour autant les caricatures. Par ailleurs, à l'exception de Brel et de Denner, les acteurs sont tous affreusement mauvais. Très moyen.
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Le sang du châtiment (William Friedkin, 1987)
Le film est aussi plombant que réussi, c'est dire. Après vingt premières minutes assez suffocantes, Friedkin installe un rythme qui procède à la fois du thriller et du "film de procès" avec au centre des débats une thématique passionnante: la peine de mort. Le film est brillamment écrit, suffisamment en tout cas pour ne pas verser dans le bête film à thèse. Les arguments sont également répartis, le spectateur est laissé, comme les jurés, à sa conscience. Néanmoins, le film comporte non pas des longueurs mais des explications peut-être (je dis bien "peut-être) un peu fumeuses. Je pense au recours aux scanners du cerveau pour déceler ou non un cas de folie. La mise en scène de ces séquences me parait aussi facile techniquement que discutable d'un point de vue strictement scientifique. Il n'empêche, le film est à ranger du côté des réussites de Friedkin. Glaçant.
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Le loup-garou de Londres (John Landis, 1981)
Depuis le temps que j'en lisais le plus grand bien, il fallait que je saute le pas. Premier constat: le film est à la hauteur de sa réputation. Mise en scène enlevée, humour, suspense... rien ne manque (mention spéciale à Griffin Dune et son pote dans la lande au début du film, ou comment faire l'équilibriste entre légèreté presque et ambiance inquiétante: un petit modèle du genre). Pour le reste, c'est peut-être un peu daté esthétiquement mais c'est justement ce qui fait le prix du Loup-garou de Londres, film au charme véritable.
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L'argent de poche (François Truffaut, 1976)
La purge du mois. Insupportable de bout en bout, des acteurs qui jouent comme des patates, gnan-gnan comme pas permis, un film dont on fini par ne même plus compter les moments de ridicule achevé. Un véritable calvaire. Aux oubliettes !
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Le flambeur (Karel Reisz, 1974)
La très belle découverte que voilà ! Mon premier Reisz et déjà de l'engouement. Rick l'a déjà souligné, c'est un modèle d'écriture avec des enjeux narratifs clairement définis et surtout, des seconds rôles consistants (et même une petite apparition de James Woods) qui apporte une vraie plus-value à l'histoire. La performance de James Caan (absolument épatant) s'en trouve nettement grandie. Il est génial dans le rôle de ce prof de littérature (qui évoque Dostoïevski et donc, indirectement, son roman Le joueur dont le film est inspiré) criblé de dettes et flambeur compulsif. De la bien belle ouvrage pour un film constamment passionnant dont la tension culmine au cours d'un finale particulièrement anxiogène.
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Les félins (René Clément, 1964)
Après Plein soleil, voilà un film qui justifie amplement que l'on considère René Clément comme beaucoup plus qu'un honnête faiseur. Si le film doit énormément au charme indiscutable de ses trois acteurs principaux, il faut lui reconnaître d'abord et avant tout sa sublime photographie noir et blanc (Henri Decae rules !) et son scénario d'une implacable efficacité qui va crescendo dans le suspense et la tension. Avec un Delon qui savait encore choisir ses rôles. Très bon !
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Judex (Georges Franju, 1963)
Quel dommage que le film pâtisse ainsi d'un net flanchissement les trois premiers quart d'heures passés ! Grossièrement on peut considérer que Franju peine énormément dès qu'il s'agit d'instiller à son film du rythme et de l'action (c'était déjà le cas avec La tête contre les murs). Autrement, la première partie est un petit bijou de mise en scène, un jeu admirable sur les silences et la musique sublime de Maurice Jarre, culminant lors de la séquence sublime du bal costumé. Pour le reste, on repassera pour le suspense haletant. Pour peu qu'on ait un minimum de sens de l'observation, l'identité du mystérieux Judex se voit comme le nez au milieu de la figure.
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Barry Lyndon (Stanley Kubrick, 1975)
Une fresque toujours aussi impressionnante de maîtrise, un récit captivant, une reconstitution méticuleuse et une interprétation épatante de Ryan O'Neal. S'il s'agit à n'en point douter d'un très grand film, traversé ça et là de séquences mémorables (le duel face au Capitaine Quin, le baptême du feu face aux troupes françaises, la fuite de Prusse, la sortie de Lord Bullingdon avouant son dégoût pour Barry, le duel final...), j'avais le souvenir d'un film qui m'avait beaucoup plus fasciné que cela. En l'état, sans altérer les qualités exceptionnelles du film, c'est donc une (très) légère réévaluation à la baisse.
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Tout feu tout flamme (Jean-Paul Rappeneau, 1982)
Le film se voudrait sans doute plus élégant, plus léger, plus mélancolique, plus réussi en somme. En vérité, Rappeneau nous livre un Tout feu tout flamme décevant qui n'est pas parvenu à m'intéresser ou à m'émouvoir une seconde et qui ne fonctionne que pour une chose: la présence d'Yves Montand (oui parce que je ne suis pas amoureux d'Adjani comme Demi-Lune). L'acteur y cabotine un max (voir sa première apparition, sa rencontre avec une délégation chinois...) et réjouit le spectateur. Presque de l'auto-parodie. Pour le reste, c'est tout à fait oubliable.
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Effets secondaires (Steven Soderbergh, 2013)
Le meilleur des quatre derniers films de Soderbergh. Mise en scène, écriture, interprétation, tout concourt à faire d'Effets secondaires un "thriller médical" tout a fait réussi (nettement plus que Contagion, intéressant mais maladroit et assez inabouti). Mention spéciale à Jude Law, qui offre sans aucun doute une de ses meilleures prestations.
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L'amour est une grande aventure (Blake Edwards, 1989)
Parvenu depuis le premier visionnage à faire totalement abstraction des horreurs vestimentaires, capillaires et musicales des années 80, je place désormais très très haut ce Skin Deep. Dans mon top 100 tout simplement (coucou ACR). Petit frère du George Webber (Dudley Moore) de Elle tourné dix ans plus tôt, Zachary Hutton (John Ritter, absolument irrésistible) est un écrivain à succès, victime de l'angoisse de la page blanche, passablement alcoolique et notoirement infidèle. Edwards nous livre une étude drôle, émouvante, élégante (quoique ne renonçant pas à la vulgarité dans ses dialogues et dans certaines situations - les capotes phosphorescentes, au hasard), de la crise de la quarantaine. Génial.
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Explorers (Joe Dante, 1985)
Un de ces films qu'on ne peut pleinement apprécier que si on l'a découvert gamin. Ce n'est pas mon cas. Si Joe Dante est d'une sincérité qui ne fait aucun doute, Explorers a pris une sacrée claque visuellement. C'est assez moche pour tout dire. Reste que le trio de gamins (avec Ethan Hawke dans le rôle de Demi-Lune) fonctionne parfaitement, que la musique de Jerry Goldsmith est très classe et que cette ode aux rêves de jeunesse s'avère au final assez touchante.
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Dans la ligne de mire (Wolfgang Petersen, 1993)
Thriller politique bien ficelé qui mêle habilement valeurs reaganiennes et fragilité physique et morale du protagoniste principale. Belle construction, mise en scène carrée, Clint Eastwood dégage comme d'habitude un charisme dingue... Après, ce n'est pas forcément le film le plus passionnant du monde, loin de là. Sympa.
Mes films du mois
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- Avril 2013: Plein soleil (René Clément, 1960)
Mars 2013: La balade sauvage (Terrence Malick, 1973)
Février 2013: Micki & Maude (Blake Edwards, 1984)
Janvier 2013: Chut, chut, chère Charlotte (Robert Aldrich, 1964)
Décembre 2012: Qu'est-ce que maman comprend à l'amour ? (Vincente Minnelli, 1958)
Novembre 2012: Deux filles au tapis (Robert Aldrich, 1981)
Octobre 2012: Fureur apache (Robert Aldrich, 1972)
Septembre 2012: La fugue (Arthur Penn, 1975)
Août 2012: Ascenseur pour l'échafaud (Louis Malle, 1958)
Juillet 2012: S.O.B. (Blake Edwards, 1981)
Juin 2012: Coup de torchon (Bertrand Tavernier, 1981)
Mai 2012: L.627 (Bertrand Tavernier, 1992)
Avril 2012: A vingt-trois pas du mystère (Henry Hathaway, 1956)
Mars 2012: Guêpier pour trois abeilles (Joseph L. Mankiewicz, 1967)
Février 2012: Fat City (John Huston, 1972)
Janvier 2012: Macbeth (Roman Polanski, 1971)
Décembre 2011: Deep End (Jerzy Skolimowski, 1970)
Novembre 2011: Les chaussons rouges (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1948)
Octobre 2011: Sous le soleil de Satan (Maurice Pialat, 1987)
Septembre 2011: Antoine et Antoinette (Jacques Becker, 1947)
Août 2011: Sherlock Jr. (Buster Keaton, 1924)
Juillet 2011: Le couteau dans l'eau (Roman Polanski, 1962)