JUIN 2020
FILM DU MOIS:
L'année des 13 lunes, de Rainer Werner Fassbinder (1978) 9/10 - D'un pessimisme profond, hanté par la peur de vieillir et de la solitude, ce film à fleur de peau, écrit et tourné en quelques semaines, m'a donné l'impression d'un coup à l'estomac.
FILMS DECOUVERTS:
La rivière, de Tsai Ming-Liang (1997) 8/10 - Difficile de noter ce film passablement dérangeant dans sa thématique, d'autant plus que je ne suis pas certain d'avoir compris de quoi le film parlait...
King of Beggars, de Gordon Chan (1992) 7,5/10 - Stephen Chow trouve ici le style et le ton de ses films ultérieurs, tout en restant dans un film de kung-fu qui respecte beaucoup des codes du genre.
Sallah Shabati, d'Ephraim Kishon (1964) 4/10 - Classique de la comédie israélienne, qui a sans doute un intérêt historique et social, par sa critique mordante et plutôt fine des kibboutz. Néanmoins, j'ai surtout vu une comédie sans humour, sans personnage attachant, et à la mise en scène anonyme...
Le Diable et les dix commandements, de Julien Duvivier (1962) 7/10 - Certes, le film est un exercice de style, mais il a le mérite de réunir une palanquée de stars pour de petites apparitions, de Jean Carmet à Alain Delon, en passant par Fernandel ou Michel Simon. Et si le résultat est inégal, certains sketches sont de vrais petits bijoux d'écriture.
Parking, de Mong-Hong Chung (2008) 7,5/10 - Sorte de
After Hours à la taiwanese, où un homme ne peut prendre sa voiture, il y a toujours une voiture en double-file qui le bloque. Sur ce concept un peu capillotracté, le cinéaste parvient à broder une intrigue solide, assez émouvante, avec des personnages qui fonctionnent bien. Très intéressant.
Zama, de Lucretia Martel (2017) 8/10 - Superbe récit d'exil, à la fois exotique et teinté d'aventure. Probablement mon film préféré de cette réalisatrice.
Forte, de Katia Lewkowicz (2020) 7,5/10 - Une comédie romantique assez classique sur le fond, mais bien écrite et qui doit beaucoup à son trio au casting, notamment Melha Bedia, qui porte le film sur les épaules sans faillir.
Vivre, de Zhang Yimou (1994) 8/10 - L'histoire d'une famille des années 40 aux eighties, dans un récit très humain, fort, et souvent émouvant. Un grand film.
David Holzman's Diary, by Jim McBride (1967) 7/10 - Sorte de faux documentaire en mode d'auto-fiction, plutôt malaisant par moments, drôles par d'autres, mais intéressant dans son questionnement de l'image. Le film pourrait préfigurer certains journaux sur youtube...
La vie aquatique, de Wes Anderson (2004) 7,5/10 - Trop ambitieux, peut-être, le film mélange covers brésiliens de David Bowie, animations faites par Henry Selick, et file la métaphore de l'océanographie comme équivalent de la mise en scène d'un film. L'ensemble reste bourré de fantaisie et de comédiens qui s'amusent beaucoup.
L'assassin, d'Elio Petri (1961) 7,5/10 - Petri, dans ce film-enquête, nous fait le portrait d'un individu arriviste, égoïste, cynique. Mastroianni le campe à la perfection.
City of Life and Death, de Lu chuan (2009) 8/10 - Dans un magnifique travail de reconstitution, Chuan évoque les massacres de Nanjing en 1938 sous l'occupation japonaise. Très rude et remarquablement filmé.
Daughters of the dust, de Julie Dash (1991) 6/10 - Un joli projet sur une culture afro-américaine, les Gullahs. La photo est assez belle, mais l'ensemble est un peu figé, et le récit reste un prétexte à un discours militant, certes juste, mais un peu trop didactique.
Brahms: The Boy II, de William Brent Bell (2020) 3/10 - Bell parvient à tomber dans tous les pièges que le premier film avait réussi à éviter, c'est un véritable tour de force. Mention spécial à l'aboiement de Katy Holmes, qui m'a fait pleurer de rire...
Alice dans les villes, de Wim Wenders (1974) 8/10 - La sècheresse de ton de Wenders s'accorde parfaitement à ce récit de rencontre improbable entre une enfant au bagout formidable et cet auteur narcissique en manque d'inspiration. La photo est superbe, le film prend son temps, mais tout est juste ici.
La malédiction de la mouche, de Don Sharp (1965) 4/10 - Suite peu inspirée, inutilement étirée et souvent ridicule (les personnages chinois, les maquillages paresseux)...
Le moulin des supplices, de Giorgio Ferroni (1960) 7,5/10 - Une ambiance gothique très réussie, une intrigue certes convenue, mais toujours réjouissante et bien menée. Un classique de l'horreur transalpine.
Night of the Eagle, de Sidney Hayers (1962) 8/10 - Un excellent petit film fantastique, sur la sorcellerie "domestique", bourré d'idées visuelles et tiré d'un roman de Fritz Leiber (Richard Matheson est d'ailleurs au script...).
Boat People, de Ann Hui (1982) 9/10 - Un film majeur sur le journalisme et l'engagement, et un chef d'oeuvre, qui plus est. Mon admiration pour Ann Hui s'accroit de film en film.
Black Magic 2, de Meng Hua Ho (1976) 6,5/10 - Film d'exploitation ludique, qui joue sur les codes des films d'envoutement, avec un poil d'érotisme de bon aloi.
Le lac aux oies sauvages, de Yi'nan Diao (2019) 7,5/10 - Un polar atypique, assez lent, mais au coeur de la Chine contemporaine. Très beau travail sur l'éclairage de nuit.
Filles de joie, de Frédéric Fonteyne & Anne Paulicevich 7,5/10 - Entre drame social et récits humains du quotidien d'un groupe de femmes qui se prostituent, un film assez touchant.
L'amour à la ville, de Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Carlo Lizzani, Francesco Maselli, Dino Risi, & Cesare Zavattini (1953) 7/10 - Film à sketches, au croisement du néo-réalisme et de la comédie italienne à venir. Le commencement d'une nouvelle ère du cinéma italien, aux récits sympathiques et variés.
L'ombre de Staline /
Mr. Jones, de Agnieszka Holland (2019) 7/10 - Intéressante reconstitution historique, assez rigoureuse, pour un film au sujet de la famine ukrainienne, parfois un peu trop hiératique.
La communion /
Boze Cialo, de Jan Komasa (2019) 8/10 - Profitant d'un quiproquo, un jeune délinquant se fait passer pour un prêtre. Sur cette base qui a nourrit plus d'une comédie, Jan Komasa propose, lui, un récit social et nourri de spiritualité, tout à fait intéressant et souvent fort bien filmé. Coup de coeur...
The Demon Inside, de Joey Moran (2017) 3/10 - Cumulant les clichés sans mesure, le film devient vite une vaste blague, mal jouée (Hilarant Joseph Rene), mal écrite (certains dialogues sont dignes d'un pastiche, assez drôle), et bourrée de jumpscare mal inspirants. En revanche, le production design et la photo sont intéressants, les intérieurs et les décors sont très réussis pour un film de cet acabit... Ca ne sauve pas le film.
The Last Waltz, de Martin Scorsese (1978) 8/10 - Concert culte aux guests innombrables, qui m'intéresse particulièrement dans la façon dont Scorsese monte en structurant sa séquences par la musique. Très chouette.
Billy le menteur, de John Schlesinger (1963) 6/10 - Sorte de portrait de caractère, tournant autour d'un jeune garçon oscillant entre imagination débordante et mythomanie... J'avoue avoir trouvé ce personnage assez peu attachant, voire limite agaçant.
Paris is burning, de Jennie Livinsgton (1990) 8,5/10 - Documentaire sur une sous-culture gay, noire et hispanique new-yorkaise, où l'on pratique des bals comme des défilés de mode, et où l'on s'affronte par des danses inspirées des magazines. Le documentaire entremêle portraits intimes et pédagogie éclairante, et reste comme un vibrant témoignage d'une période. Il aura contribué à l'extension de cette sous-culture dans de nombreuses communautés, et l'on comprend pourquoi tant son approche est humaine, inspirante, et vibrante.
First Reformed, de Paul Schrader (2017) 9/10 - Schrader revient sur ses interrogations spirituelles, et propose un film qui offre une reflexion profonde sur le monde, en même temps qu'un portrait de prêtre saisissant et très prenant. La parenté avec Taxi Driver saute aux yeux...
Prima della rivoluzione, de Bernardo Bertolucci (1964) 7/10 - Photo superbe, montage godardien avec faux raccords en rafales, préoccupations politiques et surtout sociales... J'aime bien le film, mais je reste un peu au dehors quand même.
Dalu /
La grande route, de Yu Sun (1935) 7,5/10 - Film oscillant entre muet et périodes sonores, façon jazz singer. Ce récit patriotique sur des héros de la route a le mérite de se concentrer sur l'humanité de ses personnages, grandes gueules, entre le gourmand et le bagarreur, ce qui rend la partie où les japonais débarquent poignante, et très émouvante.
Devil Hunters, de Tony Liu (Chin-Ku Lu) 7,5/10 - Beaucoup d'action, un montage peut-être un peu trop hystérique à mon gout, d'ailleurs, mais les séquences sont rythmées et soutenues, et surtout assez variées. La séquence de la fin s'achève par une spectaculaire explosion qui, lors du tournage, a blessé les acteurs. Le cinéma de l'époque ne ménageait pas son casting.
After Midnight, de Jeremy Gardner & Christian Stella (2019) 6/10 - Intéressant dans sa mise en place, le film reste axé sur les dialogues, mais peine à donner de l'intérêt son élément fantastique, qui revient à la fin comme un pétard mouillé.
Hagazussa, de Lukas Feigelfeld (2017) 3/10 - Lent, le film interpelle surtout pour son absence d'histoire et laissera perplexe les rares spectateurs qui seront restés éveillés à la fin. La photo est magnifique, en revanche, la BO est assez réussie aussi. La mise en scène, elle, n'existe pas.
Silent Night, deadly night, de Charles E. Sellier Jr. (1984) 6/10 - Un slasher old-school, dont le ressort majeur est son utilisation de Noël pour cadre.
Monsieur, de Jean-Paul Le Chanois (1964) 7/10 - Du Gabin généreux, dans une comédie de moeurs le roi des banquiers se refait une vie en maître d'hotel. Mots d'auteur, comique de situation, pastille temporelle, ce petit film est très plaisant.
Mercy Black, de Owen Egerton (2019) 6/10 - Si le film n'évite pas certains clichés, son scénario est une reflexion intéressante sur le stress post-traumatique et offre quelques pistes originales. Dommage que les passages imposés du genre freinent le film...
Le rideau déchiré, d'Alfred Hitchcock (1966) 7/10 - Dans ce film d'espionnage un peu longuet, Hitch montre quelques moments virtuoses de suspense (le bus, le meurtre...), mais le déroulé est trop distendu, et Julie Andrews n'ajoute pas grand chose...
FILMS REVUS:
Ragtime, de Milos Forman (1981) 8/10 - Le grand spectacle de la reconstitution s'offre, magnifiquement, sur un grand écran. Je ne dirais pas que revoir ce film au cinéma est une redécouverte, mais que c'est un immense plaisir tout de même.
Odd Thomas, de Stephen Sommers (2013) 8/10 - Révision très plaisante, mais la personne à qui j'ai fait découvrir le film l'a détesté, rejetant en bloque l'ensemble des sous-intrigues autour du personnage de Thomas. Je persiste à trouver cette comédie d'aventures fantastique drôle et enlevée...
Films des mois précédent
- Spoiler (cliquez pour afficher)
- janvier 2011=Incendies (Villeneuve)
février 2011=Portrait of Jennie (Dieterle)
mars 2011=Orgueil et préjugés (Wright)
avril 2011=Murder by Contract (Lerner)
mai 2011=Vincent, François, Paul, et les autres (Sautet)
juin 2011=Les contes cruels du Bushido (Imai)
juillet 2011=Underworld (Von Sternberg)
aout 2011=L'heure suprême (Borzage)
septembre 2011=L'Apollonide, souvenirs de la /maison close (Bonello)
octobre 2011=The ox-bow incident (Wellman)
novembre 2011=The Movie Orgy (Dante)
décembre 2011=Mission Impossible : le protocole fantôme (Bird)
janvier 2012=Take Shelter (Nichols)
février 2012=Gentleman Jim (Walsh)
mars 2012=Le miroir (Tarkovski)
avril 2012=Divorce à l'italienne (Germi)
) mai 2012=La cabane dans les bois (Goddard)
juin 2012=Les meilleures années de notre vie (Wyler)
juillet 2012=Feux dans la plaine (Ichikawa)
aout 2012=Wichita (Tourneur)
septembre 2012=Baraka (Fricke)
octobre 2012=Les grandes espérances (Lean)
novembre 2012=Man Hunt (Lang)
décembre 2012=Wings (Shepitko)
janvier 2013=Les dimanches de Ville d'Avray (Bourguignon)
février 2013=Wings (Wellman)
mars 2013=Le bossu de Notre-Dame (Wise & Trousdale)
avril 2013=Comme des frères (Gélin)
mai 2013=Walkabout (Roeg)
juin 2013=Kekexili (Chuan)
juillet 2013=Doro no kawa (Oguri)
aout 2013=My Childhood (Douglas)
septembre 2013=Hoop Dreams (James)
octobre 2013=Pique-nique à Hanging Rock (Weir)
novembre 2013=Du rififi chez les hommes (Dassin)
decembre 2013=Heimat, chronique d'un rêve (Reitz)
janvier 2014=Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse (Bahr & Hickenlooper)
fevrier 2014=The Grand Budapest Hotel (Anderson)
mars 2014=Voyage à Tokyo (Ozu)
avril 2014=Untel père et fils (Duvivier)
mai 2014=Seuls sont les indomptés (Miller)
juin 2014=Les harmonies Werckmeister (Tarr)
juillet 2014=La maison des geishas (Fukasaku)
aout 2014=The Act of Killing (Oppenheimer)
septembre 2014=White God (Mundruczó)
octobre 2014=Gone Girl (Fincher)
novembre 2014=Odd Man Out (Reed)
decembre 2014=Le retour (Zvyagintsev)
janvier 2015=Le Soleil brille pour tout le monde (Ford)
février 2015=Le vent (Sjostrom)
mars 2015=Eté précoce (Ozu)
avril 2015=The taking of Tiger Mountain (Hark)
mai 2015=Mad Max: Fury Road (Miller)
juin 2015=Vice versa (Docter)
juillet 2016=Johnny BelindaN(Negulesco)
aout 2015=Selon la loi (Koulechov)
septembre 2015=Gosses de Tokyo (Ozu)
octobre 2015=La baie sanglante (Bava)
novembre 2015=La vie passionnée de Vincent van Gogh (Minelli)
decembre 2015=La chanteuse de Pansori (Kwon-Taek)
janvier 2016=L'ange exterminateur (Bunuel)
février 2016=Le vieux Manoir (Stiller)
mars 2016=Un temps pour vivre, un temps pour mourir (Hsiao Hsien)
avril 2016=Vivre sa vie (Godard)
mai 2016=Nazarin (Bunuel)
juin 2016=Voyage à travers le cinéma français (Tavernier)
juillet 2016=Et tournent les chevaux de bois (Montgomery)
août 2016=Le festin de Babette (Axel)
septembre 2016=La region salvaje (Escalante)
octobre 2016=The Deep Blue Sea (Davies)
novembre 2016=La fille de Brest (Bercot)
decembre 2016=The Mermaid (Chow)
janvier 2017=Le cheval de Turin (Tarr)
fevrier 2017=Loving (Nichols)
mars 2017=The Lost City of Z (Gray)
avril 2017=Saving Sally (Liongoren)
mai 2017=The Tin Star (Mann)
juin 2017=Comme un torrent (Minnelli)
juillet 2017=Le monde lui appartient (Walsh)
aout 2017=Taking off (Forman)
septembre 2017=Trois pages d'un journal (Pabst)
octobre 2017=Long Weekend (Eggleston)
novembre 2017=Chasse au gang (de Toth)
decembre 2017=The Florida Project (Baker)
janvier 2018=Coco (Unkrich & Molina)
fevrier 2018=la forme de l'eau (del Toro)
mars 2018=L'arche russe (Sokourov)
avril 2018=Ready Player One (Spielberg)
mai 2018=Plaire, aimer et courir vite (Honoré)
juin 2018=Chambre avec vue (Ivory)
juillet 2018=Dragon Inn (Hu)
aout 2018=Green Fish (Lee Chang-Dong)
septembre 2018=Fanny et Alexandre (Bergman)
octobre 2018=Deux mains, la nuit (Siodmak)
novembre 2018=Paper Moon (Bogdanovitch)
decembre 2018=Next of Kin (Williams)
janvier 2019=Leto (Serebrennikov)
février 2019=Roma (Cuaron)
mars 2019=La symphonie nuptiale (Stroheim)
avril 2019=Little Monsters (Forsythe)
mai 2019=Sang et or (Panahi)
juin 2019=Le Mont Fuji et la lance ensanglantée (Uchida)
juillet 2019=Toy Story 4 (Cooley)
aout 2019=Midsommar (Aster)
septembre 2019=Adoration (du Welz)
octobre 2019=Seance on a wet afternoon (Forbes)
novembre 2019=Les vikings (Fleischer)
décembre 2019=Jallikattu (Lijo Jose Pellissery)
janvier 2020=1917 (Mendes)
février 2020=Elmer Gantry (Brooks)
mars 2020=Il était une fois en Anatolie (Ceylan)
avril 2020=Céline (Brisseau)
mai 2020=La residencia (Serrador)